Chronique du jeudi : «LE MOYEN-ORIENT DÉSORIENTÉ »

Deux faits méritent qu’on s’y attarde de par leur nature et leur simultanéité :
Le premier à avoir attiré mon attention est reflété par cette dépêche de la presse hexagonale.
«Après 45 jours en résidence à l’hôtel George-V, Son Altesse Royale Abdul Aziz Bin Fahd, 41 ans, un des fils du roi Fahd mort en 2005, a pris l’avion depuis l’aéroport du Bourget pour se rendre à Ibiza dès dimanche soir. Selon des témoins oculaires, le prince saoudien, connu pour ses frasques et à la réputation de play-boy, n’a montré aucun signe particulier malgré sa mésaventure : des braqueurs armés se sont emparés dimanche soir de 250 000 euros dans un des véhicules qui composaient son convoi à destination de l’aéroport. Les voleurs étaient particulièrement bien renseignés : toute la journée, la cinquantaine de personnes qui accompagnent le prince ont rejoint Le Bourget sans problème – pour certaines au volant du même type de véhicule que celui qui a été visé par les braqueurs le soir. Le Prince déchu de ses activités politiques n’en demeure pas moins être le fils préféré de Feu le Roi Fahd et neveu adoré de l’actuel puissant Ministre de la Défense qui doit arriver à Paris le 1er Septembre.
“250 000 euros après un mois et demi passé dans ce palace des Champs-Élysées, ça doit représenter à peine le tarif d’une semaine pour lui et sa grande famille”, ironise une source aéroportuaire. Celle-ci précise qu’un voyageur entrant en France avec plus de 4 700 euros en liquide doit faire une déclaration préalable aux douanes sous peine d’amende. Mais le premier aéroport d’affaires en Europe est connu pour son manque de rigueur en matière de contrôle, à l’exception de celui opéré par les douaniers.
Dimanche, vers 20 h 55, à hauteur de la porte de la Chapelle, en direction de l’autoroute A1, le monospace Mercedes de location, récupéré en Allemagne et conduit par un chauffeur français, a été délesté de 250 000 euros (selon les déclarations de l’intendant à la police), de bijoux et de documents par des braqueurs – entre cinq et huit selon les témoignages – roulant à bord de deux BMW et équipés d’armes de poing.
250 0000 Euros, c’est plus que trois Milliards de notre monnaie. Mais ils ne représentent que l’argent de poche d’une soirée pour le Prince. C’est pourquoi, il a réagi comme si cela était un non-évènement.
Le deuxième fait est relayé par la presse Belge :
« Jean-Marie Pire est le chef du protocole à Bruxelles. Sa mission : accueillir comme il se doit les invités de marque à l’hôtel de ville. Une fonction qui demande donc courtoisie et diplomatie. Oui, mais voilà. Comme le rapporte La Libre Belgique, l’homme a eu un accrochage la semaine dernière avec trois femmes qui se promenaient dans le centre de Bruxelles. L’une d’elles portait un niqab et lui a demandé en anglais le chemin de la Grand-Place. La suite, c’est Jean-Marie Pire qui la raconte : “J’ai répondu que je ne parlais pas aux gens dont je ne pouvais voir le visage. Par cette réponse, je voulais clairement leur faire comprendre que le port du niqab était interdit en Belgique. Comme mon interlocutrice ne semblait pas m’écouter, je lui ai retiré son voile intégral. Je n’aurais pas dû faire cela, je le reconnais, mais ce qu’elle faisait n’était pas légal non plus.”
Car ce que le chef du protocole ignore est que la jeune femme… est une princesse qatarie. Celle-ci a déposé une plainte et affirme avoir été violentée. Reste que la princesse a écopé d’une amende : le voile intégral est effectivement interdit en Belgique.
Les Princes et les Princesses des Pays des pétrodollars ne se reconnaissent qu’à travers leurs frasques dans les lieux bien huppés où tout ce qui est religieusement illicite, est permis. Peu importe le vin pourvu qu’il y ait l’ivresse. Grandis dans le faste et dans l’impunité la plus totale, ils se comportent ailleurs comme s’ils étaient en face d’esclaves Philippins. Mal leur en prend, dans ces démocraties occidentales, on respecte la loi et plus important ; la Loi est au-dessus de tous; même si parfois les intérêts économiques l’amadouent.
Et je me suis mis à penser à ces Pauvres Ghazaouis et ce qu’ils endurent quotidiennement. A ces pauvres Syriens dont les ravissantes filles sont contraintes de se prostituer dans les «Pays Frères» pour manger du pain. Au Peuple Irakien qui se démêle comme un diable pour savoir avec qui s’allier pour sauver le Pays, le choix étant complexe entre les Sunnites, les Chiites et les Kurdes, sans compter les minorités chrétiennes et autres ; au Peuple Libyen qui n’a plus de Pays, ni d’État, ni Nation. Alors que l’image de cette Princesse Saoudienne transformée en dévergondée dans les rues de Londres en tenue provocante mettant en exergue de manière outrageante et scandaleuse ses rondeurs, ne veut plus me quitter.
Ces deux faits ont côtoyé deux autres évènements que je considère comme le reflet parfait de l’hypocrisie.
D’abord, celle du grand mufti d’Arabie saoudite qui a violemment dénoncé ce mardi les jihadistes de l’État islamique (EI) et d’Al-Qaïda, les qualifiant d’«ennemi numéro un de l’islam»…
«Les idées d’extrémisme, de radicalisme et de terrorisme (…) n’ont rien à voir avec l’islam et [leurs auteurs] sont l’ennemi numéro un de l’islam», a décrété le grand chef religieux saoudien Abdel Aziz Al-Cheikh, citant nommément l’Etat islamique en Irak et en Syrie, ainsi qu’Al-Qaïda, précisant que «Les musulmans sont les principales victimes de cet extrémisme, comme en témoignent les crimes perpétrés par le soi-disant EI, Al-Qaïda et les groupes qui leur sont liés»,
Cette prise de position du sommet de la hiérarchie religieuse saoudienne reflète l’hostilité tout à fait nouvelle des milieux religieux en Arabie saoudite envers les djihadistes de l’EI, connus pour leur brutalité. C’est pourtant l’Arabie Saoudite qui a été l’allié naturel de la CIA dans la création de ses groupes terroristes depuis les années 1980 lors de la Guerre d’Afghanistan, dont le but était la destruction du bloc Est communiste. Une fois la guerre finie grâce à des « Moudjahidines capables d’abattre un Mig avec une poignée de sable par la grâce divine » l’Arabie Saoudite a continué à financer et soutenir les Groupes terroristes d’El Qaida.
Plus près de nous, la position du Royaume Wahhabite est restée la même et les «armées islamiques» de la décennie noire ont été largement soutenues et financées par ces princes.
C’est parce que le mal est arrivé jusqu’en Arabie Saoudite, c’est parce que le virus s’est retourné contre son concepteur que l’Arabie Saoudite s’est reconvertie. Mais jusqu’où ira-t-elle? Pour le moment, elle continue à souffler le chaud et le froid tenant compte du degré ses intérêts et sa sécurité interne. C’est pourquoi, sa position sur la Syrie demeure toujours ambigüe. C’est pourquoi, on arrive à ce que des ignares considèrent qu’il faut détruire la Kaaba, assimilée à du Paganisme, allant jusqu’à vouloir décider de corriger le Coran. Da’ach n’ont-ils pas décidé du supprimer une « Aya » du Coran parce qu’elle est d’essence chiite et surtout prônant la tolérance? Il s’agit de « Vous avez votre religion et j’ai la mienne »
Mais il est des repentirs plus sincères. Un crime avoué est à demi pardonné. Dans le cas de Fayçal El Kacim célèbre animateur de la fameuse « d’Al-ittijâh al-mu’âkis » (sens contraire) d’El Jazeera vient de faire une déclaration où il remet en cause ses positions antérieures concernant les fameux printemps arabes
L’ancien journaliste et présentateur d’Al-Jazeera a complètement viré sur tribord. Défenseur acharné des soulèvements populaires dans les pays arabes en 2011, ce Syrien a fini par comprendre que le «printemps arabe» qu’il a défendu bec et ongles était une machination qui visait non pas à renverser les gouvernements despotiques, mais à démembrer les États. L’ancien journaliste d’Al-Jazeera exhorte les Syriens, «qu’ils soient pro-pouvoir ou dans l’opposition», à œuvrer à la «sauvegarde des institutions de l’Etat car elles n’appartiennent ni au pouvoir ni à l’opposition, mais à tous les Syriens». La destruction des institutions de l’Etat serait une perte pour tous les Syriens et leur reconstruction nécessiterait des décennies, avertit l’ancien animateur, tout en se défendant de nourrir quelque nostalgie envers les anciennes dictatures : «Je n’appelle en aucun, ici, au maintien des dictateurs qui ont poussé leur peuple à se soulever après des décennies d’oppression. Mais je me dois d’avertir quant aux conséquences du renversement des régimes d’une façon chaotique, ce qui conduit systématiquement à la chute des Etats, d’autant que la majorité des régimes dictatoriaux ont lié l’Etat et toutes ses institutions au dictateur.» Le journaliste syrien prend comme exemple le cas libyen : «Mouammar Kadhafi n’a pas bâti des institutions solides, mais des institutions sur mesure qui n’ont pas résisté à sa chute. Kadhafi n’a pas non plus construit une armée nationale, car il avait peur de l’institution militaire», Ce changement radical de cet ancien animateur zélé de la chaîne de télévision qatarie Al-Jazeera est certes tardif, mais il dénote d’une prise de conscience de nombreux journalistes et analystes qui avaient été pris dans le tourbillon de ce qu’ils croyaient être des «révolutions»,
Cette prise de conscience qui se généralise peu à peu arrivera-t-elle à sauver ce qui reste à sauver ? Arrivera-t-elle à empêcher le démembrement de l’Irak, la Syrie et la Libye en micro-états ethniques et religieux au plaisir du désidérata de l’Etat Sioniste? Arrivera-t-elle à mettre fin à l’instrumentalisation de la cause Palestinienne, instrumentalisation dont les effets néfastes ne sont subis que par les enfants et les femmes de Ghaza.
djillali@bel-abbes.info

One thought on “Chronique du jeudi : «LE MOYEN-ORIENT DÉSORIENTÉ »

  1. 1 ce n’est pas 250 000 EUROS mais 671 000 EUROS . 2 il a raison elle se trouve à bruxelles le port du voile est interdit dans les lieux publics elle met le voile chez elle dans son pays

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