« Pour sortir du cercle vicieux, on recommande l’acte gratuit ». (Nicanor PARRA, poète chilien, in Vers le Salon – 1962-).
« Ceux qui savent ne parlent pas. Ceux qui parlent ne savent pas. Le sage enseigne par ses actes, non par ses paroles ». (Pensée chinoise. Traduction de Wieger, in « La Chine ». Mazenod. 1970).
Au risque de heurter ceux qui se considèrent comme des bonnes volontés et suite aux brouhahas provoqués par le Séminaire des 23 et 24 novembre 2011 autour du terme récurrent de l’Emir Abd-El-Kader, l’heure est maintenant au bilan. Qu’a-t-on tiré comme bénéfice de l’organisation de ce séminaire ? Le battage médiatique autour de cet événement n’a rien laissé transparaître qui puisse être noté, sinon on l’aurait appris et apprécié dans le contexte qui lui siérait. Nous avons toujours proposé une conduite sereine des affaires de la Fondation autour de sa vocation essentielle : celle qui correspond aux traits de caractère de l’Emir, en l’occurrence la discrétion, l’humilité et le savoir pour ne citer que ceux-là. Pour toute réponse on multiplie des séminaires et des conférences improvisées à l’effet très certainement d’afficher les bilans dont la signification n’est admise que par ceux qui versent dans l’autoglorification.
Que se sont fixé l’Université et la Fondation comme objectifs ? Si c’est toujours des séminaires ou des conférences, comme cela semble être le cas, on aurait opté pour la facilité, le thème de la recherche ne devenant qu’un leurre pour perpétuer leur présence dans le haut de l’affiche ; nous le déclarons sans complaisance.
Il faut faire cesser cette mascarade qui sous-tend trop de non-dits, continuer à voguer au gré des vents et aller de caprices en fantasmes pour afficher un patriotisme à peu de frais, c’est s’engager dans une voie sans issue.
Disposer de locaux aussi imposants que ceux de la Section de Sidi-Bel-Abbès est une chance inespérée. Mais personne ne songe actuellement à les fructifier dans une perspective qui n’aurait pas dû échapper aux « Historiens universitaires » : susciter des vocations par la création d’une bibliothèque spécialisée sur « le destin de l’Emir » et leur permettre ainsi de s’exprimer. Pour ce faire, des bourses seraient proposées à des étudiants préalablement sélectionnés par une commission autonome et impartiale à mettre en place.
Bibliothèque avec salle de lecture, bourses, contacts avec d’autres intervenants à l’échelle nationale et internationale, tels sont les objectifs que la Fondation doit s’imposer pour se donner la crédibilité qu’elle est en droit d’assurer à ses adhérents. Une Fondation c’est du sérieux ; sa gestion doit être rigoureuse, ses objectifs clairs et ses responsables dévoués à la noble cause de l’Emir : l’Algérie dans son idéal de justice et d’acquisition d’un savoir universel au service du progrès civilisationnel.
Si je m’indigne, c’est parce que je veux que ça aille mieux ; je veux plus de place pour la sincérité et ne pas chercher à plaire au présent en omettant de servir dans la durée. Je sais que c’est très dur d’accepter de se faire avec l’adversité et pourtant, cela a bien été le lot de l’Emir devant se faire rallier les nombreuses tribus récalcitrantes ou félonnes telles les Douaïers, les Zmalla et autres potentats de Aïn Madhi. Du reste, je me suis toujours dit qu’avoir foule derrière soi dans des circonstances publiques n’est pas forcément signe de réussite. Les lambris et les lampions ne sont recherchés que par les gens du spectacle et ce n’est point ma tasse de thé. Je ne pense pas que la posture de l’Emir siérait à de tels écarts dans l’approche du sujet que nous nous devons de traiter avec sérieux et don de soi. C’est mon opinion, elle est peut-être exigeante, elle a au moins l’avantage d’être clamée tout haut en toute clarté et sans complaisance, la liberté de ton qui la caractérise devrait être celle exprimée par la Fondation.
Au même titre qu’un thermomètre la « Société civile », celle que je me représente doit indiquer à tout le monde et principalement au convalescent, la juste température, celle que le mercure dégage sans tenter d’esquiver ne serait-ce que d’un gradient. Ca vaut pour l’un comme à tout autre. Plût à Dieu que la Fondation fasse une lecture de la graduation. S’il s’agit d’accompagner le malade dans ses délires, je n’aurai pas satisfait à l’idéal d’Hippocrate dans son Sermon qui est de dire une vérité même amère.