Ils n’avaient tous deux que 26 ans (l’âge de fleur)

27 mars 1960- 27 mars 2012

Il Y A 52 ANS, TOMBAIENT AU CHAMP D’HONNEUR LE COLONEL LOTFI ET LE COMMANDANT FERRADJ, La révolution Algérienne a singulièrement marqué le siècle passé et son dénouement a revêtu un caractère tragique ayant impliqué des milliers d’hommes. Ainsi, au coté des révolutions Russe, Chinoise, Vietnamienne, Cubaine et autres , la notre occupa une place centrale d faite qu’elle a été la plus Longue. En son sein, des centaines d’acteurs courageux y figurent dont deux emblématiques en l’occurrence le colonel Lotfi et le commandant Ferradj, tous deux tombés au champ d’honneur, il y a de cela 52 ans d’où notre modeste évocation.

La wilaya V s’est distinguée par sa position frontalière stratégique et l’étendue géographique du territoire qu’elle recouvrait. Elle eut de grands chefs parmi lesquels Ben Mhidi, Boussouf, Abdelmalek Ramdane, Houari Boumediene et le colonel LOTFI ,objet lui et son compagnon d’arme le commandant Ferradj de notre contribution.Durant la Révolution, les batailles et les embuscades n’ont jamais cessé parmi lesquelles, figure la bataille de Djebel Amour qui a eu lieu le 02 octobre 1956 dans cette wilaya qui s’est également distinguée par la création en août 1957 de la première école de transmissions qui était à cette époque, une arme à double tranchant, qui fut à la base de la création du Ministère des Liaisons Générales et des Renseignements.

ITINÉRAIRE

Fils d’une famille de 7 enfants, le Colonel Lotfi dont le père était un simple agent à la mairie, fut l’un des dirigeants les plus éminents de la wilaya de Tlemcen. Il s’st distingué par un rôle prépondérant lors des opérations militaires de Challe. De son vrai nom,Benali Boudghène, dit Colonel Lotfi, Il est né le 5 mai 1934 à Tlemcen. Sa famille s’installa durant deux années entre 1945 et 1947 à Alger où il continua sa scolarité.En 1948, il décroche son certificat d’études primaires et rejoint la ville d’Oujda au Maroc pour poursuivre ses études secondaires, mais fini par revenir un an après et s’inscrit à la medersa dans sa ville natale, cette structure dormait des juristes sur le droit Musulman (Cadis, Bach-Ade).Il est signalé comme un féru du poète El Mounfalouti. C’est dans cette école et dans l’environnement ambiant de l’époque qu’il commença à s’imprégner du nationalisme, ainsi naitra en lui la prise de conscience politique. Le 27 octobre 1955, il montra son patriotisme d’une manière exemplaire : il abandonna ses études pour rejoindre un groupe de moudjahidine de l’ALN qui opérait dans la région de Tlemcen y compris le chef lieu et participa à plusieurs attaques, couronnées de succès, contre des postes militaires à Tlemcen et ses environs. Il fut ensuite chargé de diriger la section de Tlemcen et Sebdou et mit en place les cellules secrètes du FLN. Il adopta le surnom révolutionnaire de “Si Brahim” et parvint, grâce à son intelligence et à son sens de l’organisation, à structurer l’activité Fidaï (commando) dans la wilaya V où l’année 1956 fut marqué par l’intensification de ce type d’opérations contre les objectifs Français. Cette même année, fut d’ailleurs par l’assassinat d’un autre patriote feu Dr BENZERDJEB Benaouda qui marqua intensément la mémoire collective.

ACTIVITES POLITICO-MILITAIRES

Peu de temps après, il se voit confier des responsabilités dans le sud du pays, Lotfi se montra à la hauteur de sa mission, gagna en popularité : il fut nommé responsable de la zone 8 et élevé au grade de capitaine. En ces moments où l’application des pouvoirs spéciaux obtenus par le gouvernement du front républicain était appliqués sur le terrain par l’autorité militaire de la soldatesque coloniale.Noton que la wilaya historique V était géographiquement la plus grande et ceci était une décision du congrés de la Soumam qui a permis ce découpage. Celle-ci était composé de 8 zones . Notre héros est signalé en qualité de secrétaire particulier de Si Jaber au même titre que son épouse qui l’a rejoint au maquis. Il est désigné à la tête de la section de Tlemcen et Sebdou et constitue les cellules secrètes du FLN. La wilaya V s’est distinguée par sa position frontalière stratégique et l’étendue géographique du territoire qu’elle recouvrait.Comme on vient de l’abordait ,elle eut de grands chefs parmi lesquels Ben Mhidi, Boussouf, Abdelmalek Ramdane, Houari Boumediene et bien sur Lotfi. Grâce à son sens d’organisation et l’intelligence de ce dernier, est entamée la structuration de l’activité « commando » dans la wilaya V sous la houlette de Si Brahim un de ses nom de guerre. L’année 56, toujours mentionnera –t-on a été caractérisé par une intensification d’opérations visant les objectifs Français. Si Brahim dirigea plusieurs batailles contre l’ennemi Français dans le sud Algérien où notamment après la découverte du pétrole dans le sud Algérien l’on signala un regain d’intérêt de la France pour le Sahara, Si Brahim se porta volontaire durant l’été de cette année charnière 1956 pour diriger les opérations militaires dans le Sud et mena plusieurs batailles décisives qui se soldèrent par de lourdes pertes dans les rangs de l’ennemi. Cette période fut marquée par une lutte Française féroce surtout après l’arrivée de De Gaulle et l’édification des lignes Challe et Morrice aux frontières Est et Ouest. En 1957, Il est nommé chef de la zone huit de la wilaya V sous le nom de Lotfi en tant que capitaine, il accéda au grade de commandant, et devint membre du commandement de la wilaya dans la région d’Aflou. Ainsi l’on avait commencé à l’appeler Lotfi, au lieu de Si-Brahim, qui fut son premier nom de guerre. Il est promu colonel pour diriger la wilaya V en mai 1958 et accentue l’effort de la résistance contre l’armée Française sur le plan militaire et organisationnel qui ont induit une limitation de l’effort de guerre Français. Il fit le voyage en Yougoslavie avec Ferhat Abbès pour ramener un appui militaire à la guerre de Révolution. Au début de l’année 1960, il assista au Conseil National de la Révolution Algérienne à Tripoli et à la fin des travaux du Conseil National qui se sont déroulés du 22 au 27 février 1960, il choisit de revenir avec une troupe réduite afin de ne pas attirer l’attention de l’ennemi qui avait encerclé la Wilaya V. Il est à noter que notre héros élabora une étude socio-économique de 199 pages, où il fit preuve d’un génie visionnaire et futuriste. Il devançait son temps. Lotfi ce n’st pas uniquement le chef militaire c’est un intellectuel organique engagé, des témoignages recueillis ici et la , tel ce lui de Dahou Ould Kablia qui évoque ceci : « Lotfi marquait, à chaque visite ou réunion de travail (au Service de renseignement et de liaisons à Oujda), un intérêt évident à s’informer, à partir de nos études et synthèses, sur la situation politique générale du pays et ne manquait pas de nous interroger sur les aspects militaires liés au renforcement du potentiel de défense ennemi. » Une curiosité qui s’accompagne d’une disponibilité presque innée pour le débat. Ainsi, chaque fois que l’occasion lui était donnée de se rendre au SRL (Service de renseignement et de liaisons), structure détachée de la Wilaya 5 au profit du MALG, vivier de véritables capacités intellectuelles, le colonel Lotfi aimait à engager des débats de substance sur les sujets d’actualité et d’importance « Il affectionnait, rapporte le même Dahou Ould Kablia. Boualem Bessaïh, pour sa part, il avait souligné au soir d’Algérie concernant toujours notre héros : « dans ses moments de détente, il (Lotfi) déployait une curiosité intellectuelle et une capacité d’analyse remarquable ». De manière plus élaborée, indique la même source à propos des aptitudes intellectuelles du colonel Lotfi : « Au Conseil national de la Révolution algérienne à Tripoli (…) je me souviens de ses interventions courtes, précises et pertinentes. Il exécrait les verbiages inutiles et désordonnés (…) il était le seul à consigner l’essentiel de toutes les interventions de ses pairs (…) ainsi Lotfi s’écartait de l’oralité. »

ITINÉRAIRE DU COMMANDANT FERRADJ

Pour ce qui est de son compagnon d’armes, Le commandant Ferradj, l’on notera qu’il fut nommé commandant de la wilaya V dans la même période du colonel Lotfi. Qui est Le commandant Ferradj ? De son vrai nom Louedj Mohamed, Le commandant Ferradj est né en 1934 à Ouddana, commune de Ain Ghoraba, Tlemcen. C’est une période bien particulière sous le joug colonial entre les deux guerres mondiales, caractérisée par la montée du nationalisme où feu Messali hadj haranguait les masses populaires pour l’indépendance,rien que l’indépendance. Ferradj avait suivi ses études coraniques dès l’âge de cinq ans au niveau de son village. C’est dire que la révolution a vu l’implication de plusieurs couches sociales.Ainsi, de 1948 à 1950, il poursuivit ses études à la médersa Dar El Coran de la ville de Hennaya. En 1952, il approfondit son instruction sous la direction du « Cheikh Mesbah » dans une médersa nouvellement construite à cette époque. A l’âge de dix neuf ans, « Ferradj », était recherché par le Caid pour ses activités politiques,signale une autre source, a été contraint donc d’interrompre ses études et fini par abandonner le domicile familial pour se réfugier à Saida où il exerça le métier de tailleur. Il a été forcé pour sa sécurité, à plusieurs reprises de changer de pseudonymes de « si Tahar », puis « Abd El Ferradj » dit « Ferradj » et enfin « Si M’barek ». Ceci démontre bien la gravité de l’engagement politique auquel se prêtèrent nos héros. En 1954, connu sous le pseudonyme de « Si Abdelmoumène », il fut désigné chef de secteur. Il grimpa les échelons et devint chef de Mintaka ensuite responsable de la zone cinq et membre de la wilaya cinq avec le commandant Rachid et le colonel feu Othmane. L’armée coloniale, et en représailles à ses activités, fusillèrent son père devant sa maison en présence de ses enfants en 1956. Une année après,ce fut toute la dechra qui a été violemment rasée après un bombardement de l’aviation ennemie. Le commandant Ferradj se distingua par une hargne sans précédent contre l’occupant aux djebels Noufi, Sebdou, Merbah, Oued Tadjemout avant de rejoindre le Maroc en compagnie du colonel Lotfi qui venait de la réunion de tripoli en ce début de mars 1960.Quelques semaines après, le 25 mars précisément, le commandant Ferradj et le colonel Lotfi reçurent l’ordre de rejoindre avec leurs troupes les zones de combat en Algérie. Et deux jours après , le 27, pour contourner les lignes électrifiées de Challe, installées le long de la frontière Algéro-Marocaine, ils choisissaient de passer par le Sahara, mais les forces Françaises effectuaient de fréquentes reconnaissances dans ces régions de Bechar et ils se sont trouvés face à une unité ennemie dirigée par le général Challe, un convoi assisté par l’aviation et l’artillerie lourde, fut dépêché par le général. Encerclé et sur un terrain à découvert , il n’y avait aucune possibilité de repli sauf l’affrontement inévitable qui a eu lieu à Djebel Béchar où après avoir livré une bataille féroce contre l’armée Française, il tombèrent tous les deux au champ d’honneur à l’âge de fleur (26 ans) où il est très tôt pour mourir. Leurs corps furent exposés sur la place publique puis enterrés au cimetière de Béchar.

INJUSTICES RÉPARÉES

Nos héros, à l’instar d’autres figures ont vu pour la pérennité de nombreux édifices publiques porter leurs noms (Lycées, Artères, aéroports eetc ..) et le président Bouteflika lui même a, dès sa première investiture en 1999 emmargé trois décret présidentiels pour réparer certaines injustices en stipulant l’admission au sein de l’ordre du mérite national. Plusieurs personnalités ont été concernées. Quatre récipiendaires ayant exercé la présidence de l’état à la dignité de « Sadr », à savoir Benbella, Boumédiene à titre posthume, Rabah Bitat, Ali Kafi et ce outre 72 récipiendaires à titres posthumes à la dignité de « Athir » . Y figuraient Benali Dghin dit Lotfi ainsi que Mohamed Louedj Dit Ferradj.