La Lente agonie de l’oued Mekerra

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Le taux de pollution est tel que toute trace de vie, faune ou flore, tend à disparaître

En dépit de l’extension du réseau d’assainissement de la ville, les eaux usées continuent toujours de se déverser le long de l’oued Mekerra. Le taux de pollution atteint aujourd’hui est tel que toute trace de vie, faune ou flore, tend à disparaître de ce magnifique cours d’eau qui attirait jadis,durant les grandes chaleurs de l’été belabbésien, tous les enfants du Plat pays.  Les herbes envahissantes, les essaims de moustiques et les déchets déposés sur les berges sont venus en rajouter à la lente agonie de l’imprévisible rivière,«l’oued secco» comme l’appellent de nos jours encore, avec une pointe de nostalgie, les alter
ego hispanophones de cet incomparable nageur que fut Bahlat, son maître de céans, aujourd’hui grabataire. Les citoyens de passage sur le pont de la mythique Graba ne cessent de s’interroger sur ce pourquoi et comment l’oued Mekerra est devenu, ces dernières années, un véritable égout à ciel ouvert où toutes sortes de déchets urbains (domestiques, industriels, agricoles ou hospitaliers) s’y déversent quotidiennement et sont pour la plupart à l’origine de tous les cas de pollutions constatées dans les eaux de surface et les nappes phréatiques de son bassin versant.Pourtant, citoyens et spécialistes étaient persuadés que les responsables du secteur, au vu des fonds considérables affectés par l’Etat dans le cadre du plan d’aménagement hydraulique de la ville, allaient finir par trouver la meilleure formule pour faire de la Mekerra ce «cours d’eau propre et sans danger» auquel rêvent plusieurs générations d’habitants. La plus importante décision prise dans le sillage du plan d’aménagement en question reste sans conteste le  marché contracté il y a plus d’année avec l’Office national de l’assainissement (ONA) sur la gestion d’un certain nombre d’ouvrages composant le système actuel de protection de la ville de Sidi Bel-Abbès contre les inondations, à savoir le barrage écrêteur de Tabia ainsi que l’oued Mekerra et ses canaux de dérivation sur toute la partie du cours traversant l’intérieur de la ville. L’ONA s’est vu ainsi doté d’un important matériel (pelles mécaniques, bulls, dumpers, camions…) pour lui permettre de mener à bien cette harassante tâche d’assainissement.Malgré la bonne volonté des responsables, le bilan se révèle des plus déplorables puisque après chaque opération, le lit de la rivière revient à sa situation initiale de réceptacle d’eaux usées et de déchets. Sur un autre plan, il faut dire aussi que la réhabilitation, à coups de milliards, de la station de traitement et d’épuration des eaux usées du Rocher n’aura pas également  servi à grand-chose, puisque le même désolant spectacle qui s’offre à la vue en aval se retrouve en amont. Le pire dans tout cela est l’utilisation, par des maraîchers sans scrupules, de cette eau de rivière très sale peu ou pas traitée pour l’irrigation de leurs cultures… Et dire qu’un cadre de réflexion  était engagé avec la direction des Services agricoles en vue d’étudier la possibilité de la réutilisation in situ d’une partie du volume des eaux recyclées pour la création d’un périmètre agricole en aval!

A.ABBAD  la V.O.

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