LA MÉTAMORPHOSE DE MÉLANCHON

À une semaine du premier tour d’un scrutin indécis, le Parti de l’Insoumission,placé à l’extrême gauche et son grand timonier jean Luc Mélanchon,vieux briscard de la politique peuvent créer la surprise. Le tribun de 65 ans, Jupétérien vociférant de la campagne de 2012 dans laquelle il recueillera 11% des suffrages, et qui promettait “Le bruit et la fureur”, faisait chanter l’Internationale à poings fermés, s’est métamorphosé en Père républicain de la gauche en déshérence.

Cette dernière lassée de la langue de bois du Parti communiste et ulcérée par les trahisons du Parti socialiste, s’est précipitée nombreuse, enrichie de nouveaux contingents, de jeunes dans ce qui ressemble à une arche de NÖE politique.

Derrière cette métamorphose, une franco-algérienne, qui se définissait prioritairement comme une Kabyle viscéralement laïque,Sophia Chikirou. En rupture de ban avec le Parti socialiste depuis 2006, car sacrifiée par Bertrand Delanöe au profit de l’Antillaise Langevin, propulsée députée de la 21ème circonscription largement labourée par Sophia Chikirou, elle vivra cela comme une trahison et un révélateur.

Le Parti socialiste tentera de justifier cette cuisine électorale par un souci de discrimination positive qui offrirait plus de représentation aux noirs. Dans ce parti qui godille à gauche pour faire une politique de droite, et qui prenait le vote d’enfants de l’immigration comme acquis et captif ad eternaem, il n’y a jamais examen de conscience pour se pencher sur la sur-représentation d’une certaine communauté.

De vagues arguties pour invoquer l’interdiction de statistiques ethniques serviront d’écran de fumée. Fakou et refakou!!!

Sophia, quoique née en haute Savoie, mais fille racinaire de Imasmouden dont Nazir Ouanis de TSA rappelle la réputation: “Ismamouden bla cheikh bla l’mouden”, refusera le diktat et sera exclue du PS. Un soutien prophétique d’un Algéro-canadien, lui rappellera que parfois malheur est bon et écrira ces quelques lignes, qui aujourd’hui relèvent de l’oracle: ” Vous êtes belle, dynamique et intelligente sans aucun doute; vous
allez faire votre apprentissage et on en parlera dans dix ans”. Dix ans plus tard, Shopia est âgée de 37 ans et les média médusés la découvrent en Spin doctoresse et architecte de la campagne de Mélanchon.

Diplômée en communication politique et à la tête d’une florissante société  “Médiascop”, elle prend aujourd’hui une revanche éclatante. Dans les coulisses du débat à 11 candidats, organisé et qui s’est éternisé jusqu’à 3 heures et demie du matin, elle lance un missile sous forme de tweet rageur pour dénoncer le ‘cirque’ de TF1. Clivante et assumée elle tiendra tête au responsable de l’information politique de TF1 Christophe Jakubyszyn, hors de lui et qui lui intime de retirer son tweet.

Des témoins parlent de sa rage et des trois personnes qu’il a fallu pour le contenir ce soir là. Il présentera des excuses à minima, mettant ce comportement sur le compte de la tension et de la fatigue liées à la préparation d’une formule inédite de débat.

Sophia et jean Luc sont tellement en osmose qu’il accepte toutes ses suggestions et tiendra meeting avec son hologramme, et marginalisera sur les conseil de sa conseillère les média classiques où les éternels stipendiés tiennent vigile pour sauver la classe dirigeante qui se perpétue à travers une fausse alternance.

Quand , chez nous, un article de loi, voté par des parlementaires déphasés, exclut toute contribution des compétences au motif d’une double nationalité, Mélanchon et son parti sont allés dénicher cette perle rare qui a adouci l’image du candidat et mis dans sa bouche les mots de “droit au bonheur” et de “communion civique”.

Oui, je suis jaloux de voir toutes ces énergies dont notre pays aurait pu disposer être valorisées ailleurs, mais je n’aurais pas la candeur de prétendre ne pas comprendre les motifs. Beaucoup de gens feront semblant de ne pas comprendre quand leur salaire ou leur rente dépendent du fait de ne pas comprendre.

À l’heure de Podemos et de la participation citoyenne, en Espagne, de Bernie Sanders dont les campagnes furent prises en charge par des militants bénévoles qui apportent temps, énergie, idées nouvelles et compétences numériques; et qui pratiquent le culte de l’horizontalité et rêvent de rendre le peuple réellement souverain,
on ne peut que se désoler de ce champ de ruines.

Il y dix ans, Sophia se disait encore Kabyle. Aujourd’hui, elle se revendique française et qui peut l’en blâmer? Elle s’est placée au cœur de la campagne électorale française et laissera une trace dans l’histoire de la communication politique.

Si Mélanchon est au deuxième tour, celle qui a modernisé son image, adouci ses angles sans compromettre son programme révolutionnaire aura fait la nique à l’imaginaire colonial qui ne voulait en faire qu’une petite “beurette” aux ordres.

L’angle éditorial de la presse people ou classique, s’engouffre loin dans les recoins sombres pour sonder les cœurs et les âmes en ignorant son apport à la campagne, et en la reléguant au rôle de la maghrébine qui aura chassé une autre maghrébine dans le cœur de Mélanchon. Et d’en tirer argument pour déclarer Mélanchon ennemi de la religion catholique car sous influence, pour lui aliéner des voix et les reporter sur Marine Lepen et François Fillon.

Mélanchon émerge en lion et les hyènes médiatiques meurent de vieillesse intellectuelle et se contentent des bas reliefs du festin. Mis à distance par le duo Mélanchon-Sophia, ils ne doivent plus se contenter, perroquets médiatiques et parodiques que de faire des commentaires sur des commentaires.

Au championnat de la servilité et de l’hypocrisie, ils monteraient sur la plus haute marche du podium.

Au fait, en grec, Sophia signifie voix de la sagesse.

AL-HANIF