LE BONHEUR À PORTÉE DE MAIN…ADROITE

Ce qui peut arriver de mal à l’homme, c’est de voir le bonheur où il n’est pas, ou de le voir où il est en effet, mais se trompe sur le moyen de l’obtenir.” Écrivent Diderot et d’Alembert dans leur Encyclopédie.

Mais qu’est-ce que le bonheur ?

Pour résumer ce qu’en disent les anciens, c’est l’absence de douleur et la satisfaction des désirs.*

Quelle douleur alors et quels désirs ?

Les douleurs du corps et celles de l’âme.

Et les désirs simples: naturels et nécessaires, disent les mêmes, ceux qui ne coûtent rien.

Voir le bonheur où il n’est pas ou le voir où il est mais se tromper sur le moyen de l’obtenir, cela arrive tout le temps et cela arrive à tout le monde.

Sauf qu’il y a ceux qui, le voyant là où il n’est pas, s’en aperçoivent et vont le chercher la où il est. Et il y a ceux qui ne s’en aperçoivent jamais et qui arrivent au terme d’une vie dans le malheur.

Quant à ceux qui le voient là où il est mais se trompent sur le moyen de l’obtenir, soit ils ont l’intelligence de troquer le mauvais moyen contre le bon, soit ils persistent dans le mauvais choix jusqu’à arriver à terme dans le malheur.

Le bonheur, comme le malheur, relèvent-ils du destin? Autrement dit: y a-t-il des personnes pour qui le malheur est écrit dans leur logiciel comme pour d’autres le bonheur ?

Un jour, un ami qui sait distinguer le temps long d’avec l’instant court, me demanda si je crois au destin.

J’ai alors cherché dans mes souvenirs la remarque d’un autre ami, et je n’ai fais que croiser la question de l’un avec la réflexion de l’autre pour confectionner une réponse.

Sais-tu, a dit le second, comment les savants et les ingénieurs de la NASA font atterrir un engin sur la planète Mars? De la base Canaveral où ils sont, ils corrigent sans cesse les erreurs de trajectoire de la fusée. Car plus la distance à parcourir est longue, plus une erreur de pilotage, aussi minime soit-elle, peut conduire à des éloignements catastrophiques de l’objectif.

Il en va ainsi du bonheur. Il s’inscrit dans le temps long, à la différence du plaisir qui relève de l’instant immédiat. Le bonheur est une construction de chaque jour faite souvent de don de soi. Il est une correction permanente de la longue trajectoire de la vie. Il suffit d’une erreur non corrigée pour que sa navette mène aux abysses des âmes damnées.

*Épicure, Lettre à Menécée.