Le lièvre et la tortue.

Teboune est, comme disent les juristes, un ayant cause à titre universel de Bouteflika. C’est à dire un des héritiers légataires à qui est dévolue une partie indivisée de sa succession, en ce qu’elle comprend d’éléments actifs et passifs. Il était dans le giron familial presque jusqu’au bout de la vie de la famille. C’est vrai, qu’il a connu un petit conflit quand il a fauté mais c’était sans gravité. Il n’a pas rouspété et, sage, il n’a été ni renié ni déshérité.
Voyant que l’héritage devient encombrant, il tente de s’en débarrasser. Mais en vain. Le droit étant ce qu’il est, il peut délaisser sa part d’héritage mais jamais sa qualité d’héritier, celle-ci dépendant de la génétique plutôt que de sa volonté, elle lui restera toujours collée à la peau.

Benflis lui aussi faisait parti de la famille. Il prétendait même à la primogéniture, au droit d’aînesse et, conséquemment, à la chefferie de famille. Sauf que sitôt devenu adulte, il tenta de tuer le père. Celui-ci, plus coriace, déjoua la tentative. L’enfant maudit, fut chassé et déshérité. Ou plutôt de la succession du père, il n’a hérité que des éléments passifs.

Comme le père, le fils aîné Benflis a fait sa longue traversée du désert. Pendant toute cette période, il en voulait au géniteur et à toute la famille. Il attendait sa revanche. Et quand l’occasion fut venue, il fut le premier à accourir, il ne peut plus attendre, l’age n’est plus à son grand avantage. C’est, pour lui, l’occasion ou jamais. Et il court, il court, il court tout le temps.

Pendant que Benflis court, Teboune prend son temps. Il ne se déclare que plus tard. Il va lentement, flegmatique, la démarche sure, l’esprit rassuré. Pourquoi se hâter puisque lui, il a le soutien de la famille.

Le lièvre aura beau courir dans tous les sens, mais au final ce n’est pas lui qui arrivera le premier, ça se sera la tortue et il verra que tous “les élans qu’il fit, furent vains”.