Les Lundis de l’Histoire: Il était une fois, le Consulat d’Espagne à SIDI-BEL-ABBES

L’Histoire de SIDI-BEL-ABBES reste la première préoccupation de notre rubrique. Les sujets choisis se justifient d’eux-mêmes. Je tiens à signaler qu’un sujet d’Histoire reste tributaire de ses sources. Et quel que soit le but qui n’est forcément pas sous-jacent, je m’oblige à entreprendre un récit résumé pour revivre un temps révolu inscrit dans l’époque où il est écrit. J’essaye aussi de décrire et surtout d’expliquer un peu ce sujet choisi. Une abondante documentation conservée en Espagne et à Madrid en particulier nous prouve finalement que la monographie de notre région au temps colonial tout au moins, n’intéresse pas seulement l’Algérie et la France … mais aussi l’Espagne.
L’Espagne entretenait au temps colonial un consulat (Sinon un vice consulat) dans la sous-préfecture de SIDI BEL-ABBES et cela depuis le début du XX° siècle à partir de 1908, administré par un consul de carrière, assisté par un vice consul pris sur place. Cependant, on n’a pas encore réussi à situer l’emplacement exact du bâtiment du consulat dans la ville de SIDI-BEL-ABBES. Une question qui devrait sûrement intéresser nos amis de l’association de la protection du patrimoine à SIDI BEL-ABBES.
Pour l’anecdote, il est tout de même curieux de savoir que le deuxième et dernier exemplaire avec 74 numéros de la revue africaine (et de surcroît édité par l’ENAL Algérie) disponible à l’OPU SBA a été acheté en 1998 par le consulat d’Espagne à Oran. N’est-ce pas regrettable de savoir que cette collection incontournable n’est pas disponible dans toutes les bibliothèques de notre ville et même à l’université! A part celle d’un modeste CEM de la banlieue de la ville ou dort l’autre exemplaire !
L’Espagne a parait-il, été l’alliée stratégique des Beni-Ameurs dans un temps un peu lointain, mais, là c’est une autre histoire puisque lors de la dernière visite du Consul général d’Espagne , José Manuel Rodriguez Martinez, à Sidi-Bel-Abbès le 16 Février 2011,dans l’ordre du jour, on avait privilégié la coopération économique notamment les créneaux d’investissements avec le groupe HASNAOUI, mais la visite à tout de même conduit le Consul à la bibliothèque «Paroles et écritures», au centre-ville. Voilà qui est rare ! « Es poco frecuente que es raro », diraient nos amis espagnols de l’institut Cervantes.

I – Les enjeux politico-démographiques à SIDI-BEL-ABBES.

L’émigration des Espagnols (d’Alicante et d’Andalousie principalement) vers l’Algérie a été enclenchée dès les premières années de l’invasion Française. Les Espagnols ont constitué en Algérie le groupe étranger le plus nombreux et aussi le plus compact. À partir du XIXe siècle, une importante émigration a quitté l’Espagne pour l’Algérie notamment l’Oranie.
En 1833 déjà, on comptait 6 300 Espagnols environ pour 3 700 Français. En 1886 : 92 000 Espagnols pour 80 000 Français (Juifs naturalisés depuis le Decret Crémieux 1870 compris !). Le nombre d’Espagnols est affecté après 1886 sous l’effet des lois de naturalisation automatique de 1889 et 1893. Lors du recensement de 1859, sur 5259 h 2157 étaient français ,2046 étaient Espagnols(ADOUE, 1927). Le nom de certaine rues (calle de sol), de certains quartier (Barrio-Alto) … El-Bança et autres est bien la preuve de leur impact sur la vie quotidienne de la ville. Le poids des Français d’origine espagnole (dits «néos »)s’est accru par répercussion.
C’est dans les premières décennies du XXème siècle que les préoccupations politiques et culturelles sont apparues chez les immigrés espagnols, jusqu’alors accaparés par les problèmes de «survie» ce qui explique l’ouverture du consulat à SIDI BEL ABBES en 1908. Mais, il faudra préciser qu’au début ,l’action politique en faveur des événements s’est articulée autour des maires comme celui d’Oran Gabriel Lambert et de Sidi-bel-Abbès, Lucien Bellat.
Des courants nationalistes espagnols ont exploité cette présence hispanique en Oranie, provoquant des tensions avec la France. En Espagne, tout un courant dit «africaniste» a, depuis le 19ème siècle, avancé la thèse de l’appartenance historique de l’Oranie à l’Espagne. A la fin des années 1930, les Phalangistes soutiennent cette revendication. En 1940, le gouvernement de Franco, divisé sur la question, a néanmoins tenté d’utiliser cette question. Il s’appuyait sur un assez fort courant pro-nationaliste espagnol en Oranie, attisé justement par les consulat d’Oran et celui de SIDI-BEL-ABBES.Un retour sur les crimes de l’O.A.S à SIDI-BEL-ABBES est plus qu’un devoir de mémoire.On ne le répétera jamais assez .

II – Repères et dérives d’un temps révolu.

La ville a vécu du reste plusieurs événements qui se sont déroulés du fait de la présence de cette communauté espagnole.
Les arènes de SIDI BEL-ABBES, juste pour avoir une idée de l’engouement de la population locale pour ces spectacles de TOROS (Elle se situait entre la rue Richelieu et la rue Champollion au quartier Eugène Etienne – Mamelon). Cette belle arène constituée en Société anonyme fut dissoute puis détruite après la promulgation d’une loi très sévère en 1900 interdisant l’organisation des jeux et courses de taureaux.
La démolition vers l’année 1902 était «inévitable». Dommage pour le patrimoine de la ville. Notant, que les Espagnols Oranais, plus malins et plus puissants ont d’abord contournés la loi avec simulacre de mise à mort (avec épée creuse) et l’implication d’acrobates et de clowns de cirque tout en obligeant le nouveau ministre Louis BARTHOU à laisser la décision d’interdiction au préfet du département. Et voilà pourquoi Oran garde jalousement son arène d’Eckmühl comme patrimoine historique.
Le «Kidnapping» et donc la grave tentative d’enlèvement du consul «républicain» durant la guerre civil d’Espagne. C’était un événement extrêmement grave . Auparavant,le conflit se manifestait entre antagonistes à travers diverses manières comme les graffitis sur les murs et les violentes polémiques médiatiques par presse locale notamment les deux journaux «Le Progrès de Bel-Abbès – L’Avenir de Bel-Abbès ».

III – La Guerre civil en Espagne marque la fin du consulat.

Des dizaines de milliers d’Espagnols ont fui la guerre civile entre républicains et nationalistes totalitaires qui s’installaientt pour plusieurs décennies, si ce n’était la défaite des républicains en Avril 1939 et le déclenchement de la deuxième guerre mondiale. Des milliers d’entre eux ont débarqué en Algérie entre mars et juin 1939. D’ailleurs, au début de la guerre civile espagnole, un grand trafic aérien d’un niveau assez intense a été révélé entre Sidi-bel-Abbès (Lalat) et Melilla.Et heureusement qu’il a pu être entravé dès le début par le contrôle intense des aérodromes.
Dès le déclenchement de cette guerre civile en Espagne, les complications à résonance locale se font sentir. Parmi elles, justement cette question de consulat. En effet, les consuls d’Alger et d’Oran, MM. Cortes et Rizo, ont quitté leur fonction. Les consuls généraux en poste ont été destitués et remplacés en septembre 1936 : Jerónimo Gómariz Latorre, député aux Cortès, d’abord du parti radical-socialiste puis de l’Union républicaine, et récent sous-secrétaire d’État à la Justice, s’installa à Oran.
A SIDI BEL-ABBES , c’est José Alonso Mallol qui fut chargé de la gestion du consulat de la ville en 1936. Pourtant, son véritable poste était inspecteur contrôleur des consulats de l’Espagne en Afrique du nord. Notons qu’ avant, il faisait fonction de directeur général de la Sûreté (police). Ainsi,on peut comprendre pourquoi la presse oranaise s’est déchainée sur lui. Notamment le journal Le Petit Oranais, dont on cite l’article virulent du mois de juillet 1936 parmi d’autres ,sous le titre ; «L’assassin de Calvo Sotelo s’est réfugié à Sidi-Bel-Abbès». Et depuis, il a été décidé de mettre en place une garde du consulat et une surveillance personnelle du consul à Sidi-Bel-Abbès.Toutefois,cela n’a pas empêché , ce même consul ,c’est à dire José Alonso Mallol d’être victime d’une véritable tentative d’enlèvement en pleine journée qui a faillit lui coûter la vie.
Apparemment, depuis cet événement, et compte tenu de sa fonction d’inspecteur contrôleur, puisqu’il se déplaçait sans cesse à travers les villes d’Afrique du nord,  les rapports se multiplièrent pour finalement annoncer son départ ! Rapport de l’inspecteur de l’administration française Mr Gravereaux a bien résume le problème en mentionnant noir sur blanc : «Mr José Alonso Mallol était plus un représentant politique du gouvernement espagnol qu’un représentant consulaire de l’Espagne ». D’autres rapports du gouverneur général  GGA et du   ministère de l’Intérieur se sont rebattus pour finalement suggérer en 1937 la fermeture pure et simple du consulat de Sidi-Bel-Abbès . Disons,donc que certes, les gouvernements du Front populaire ont soutenu les républicains et le gouvernement légal de l’Espagne. Mais ce soutien s’effectuait plus en paroles qu’en actes. La preuve du « pis-aller » de Léon Blum ! Faute de mieux !
Ce qui devait arriver… arriva en début de l’année 1938, le gouverneur ordonna la fermeture du consulat d’Espagne, officiellement pour des raisons économiques. Ainsi , se termina la brève histoire de consulat d’Espagne à Sidi-Bel-Abbès.

En conclusion,on peut dire que si ce résume de cette histoire de consulat d’Espagne à SIDI BEL-ABBES n’a vécu qu’une trentaine d’années en temps réel ! Et que sa conservation reste dissimulé dans une mémoire « orale » de quelques Bel-Abbésiens .Maintenant,on dira d’un endroit à l’autre notamment nos bibliothèques Municipales Multimédias qu’il était une fois, SIDI BEL-ABBES abritait un consulat d’Espagne.

AL-MECHERFI .

 

3 thoughts on “Les Lundis de l’Histoire: Il était une fois, le Consulat d’Espagne à SIDI-BEL-ABBES

  1. l’histoire des espagnole est lié peut etre a la culture de la vigne..
    les espagnoles avaient une grande experience dans ce domaine
    c’est normal les nouveaux arrivants investisseurs voulaient lancer
    la vignoble qui a une tres forte valeurs rajoutés par rapport aux cereals
    Bien que la société colonial avait mis la mains sur la matière nobles et stragtegique en algerie asavoir ”la laine et le tapis” car l’europe ne pouvait pas se passer de cette fibre..le plus gros morceaux etait en algerie un peu le blé, un peu de viande et un peu de fibre vegetale l’alfa pour le papier le gros morceaux etait la maine et les peaux…
    reste le petit marché delaissé par la société celui du vignoble et de l’olive ..
    et puis les europeens ne voulait pas que les algeriens s’approche du vignoble pour ne pas voler le secret de fabrication car le vignoble etait une industrie..
    ils preferaient ramener des espagnoles a defaut de français qui ne voualaient pas produire le vin ailleurs de peur de perdre le marché europeen..

  2. Salam AL MECHERFI

    Très heureux de vous lire. Encore une fois un sujet sur l’histoire contemporaine de notre ville. Oui, l’histoire ne demeure fiable qu’à travers les sources évoquées. La présence des Espagnols dans notre région est identifiée à travers l’architecture du bâti, l’art culinaire et la langue maîtrisée par nos grands parents.
    Toutefois, et si vous me le permettez, j’ai quelques remarques à évoquer concernant votre texte dans lequel je n’arrive pas à saisir votre raisonnement:
    1-“L’Espagne a parait-il, été l’alliée stratégique des Beni-Ameurs dans un temps un peu lointain, mais, là c’est une autre histoire puisque lors de la dernière visite du Consul général d’Espagne , José Manuel Rodriguez Martinez, à Sidi-Bel-Abbès le 16 Février 2011,dans l’ordre du jour, on avait privilégié la coopération économique notamment les créneaux d’investissements avec le groupe HASNAOUI, mais la visite à tout de même conduit le Consul à la bibliothèque «Paroles et écritures», au centre-ville. Voilà qui est rare ! « Es poco frecuente que es raro », diraient nos amis espagnols de l’institut Cervantes.”
    Obs: Quelles relations existe-il entre les Beni-Ameurs, la visite de monsieur le consul général et la bibliothèque “Paroles et écritures”?
    2-“C’est dans les premières décennies du XXème siècle que les préoccupations politiques et culturelles sont apparues chez les immigrés espagnols, jusqu’alors accaparés par les problèmes de «survie» ce qui explique l’ouverture du consulat à SIDI BEL ABBES en 1908. Mais, il faudra préciser qu’au début ,l’action politique en faveur des événements s’est articulée autour des maires comme celui d’Oran Gabriel Lambert et de Sidi-bel-Abbès, Lucien Bellat.”Des courants nationalistes espagnols ont exploité cette présence hispanique en Oranie, provoquant des tensions avec la France. En Espagne, tout un courant dit «africaniste» a, depuis le 19ème siècle, avancé la thèse de l’appartenance historique de l’Oranie à l’Espagne. A la fin des années 1930, les Phalangistes soutiennent cette revendication. En 1940, le gouvernement de Franco, divisé sur la question, a néanmoins tenté d’utiliser cette question. Il s’appuyait sur un assez fort courant pro-nationaliste espagnol en Oranie, attisé justement par les consulat d’Oran et celui de SIDI-BEL-ABBES.Un retour sur les crimes de l’O.A.S à SIDI-BEL-ABBES est plus qu’un devoir de mémoire.On ne le répétera jamais assez .”
    Obs: Je n’arrive pas à saisir le fil de votre raisonnement sur l’aspect politique que vous insinuez sans pourtant le mettre en valeur. J’aimerai bien que vous me précisez l’aboutissement de votre raisonnement.
    3-“Apparemment, depuis cet événement, et compte tenu de sa fonction d’inspecteur contrôleur, puisqu’il se déplaçait sans cesse à travers les villes d’Afrique du nord, les rapports se multiplièrent pour finalement annoncer son départ ! Rapport de l’inspecteur de l’administration française Mr Gravereaux a bien résume le problème en mentionnant noir sur blanc : «Mr José Alonso Mallol était plus un représentant politique du gouvernement espagnol qu’un représentant consulaire de l’Espagne ».
    Obs: Si comme le représentant consulaire n’était pas un poste politique.
    Monsieur AL MACHERFI, j’arrête pour vous dire que l’incohérence disloque votre texte. C’est mon avis, et je reste convaincu de ce que j’avance non pas pour dévaloriser votre engagement vis à vis de l’histoire de la cité, mais pour vous approcher amicalement sur l’imbroglio qui phagocyte votre démarche narrative.
    Toujours heureux de vous lire.

    1. @Université 22.
      Très heureux aussi de lire votre commentaire ou disant vos deux obs puisque le reste est un placement ponctuel des paragraphes du texte sans toutefois placer le mot ‘résumé’qui à mon avis est essentiel puisque écrit 2 fois au début et à la fin.

      Obs1-La relation ! C’est tout simplement une introduction qui sert à amener l’annonce d’un sujet ordinaire.Elle n’est donc qu’une phrase d’accroche. C’est implicite c’est vrai,mais certains disent qu’une introduction, c’est comme la métaphore de l’entonnoir.
      N’oublions pas qu’il s’agit d’un journal électronique.

      Obs2- Absolument,vous avez amplement raison.C’est surement à cause de la contraction du texte.(découpage).J’ai dus dépasser la mesure en retirant plusieurs paragraphes. Il faudra préciser aussi que la « représentation politique » était justement le noyau central même de la guerre civil en Espagne. Quoi qu’il en soit ,le lecteur ne retiendra surement que le très narratif titre : il était une fois,le consulat Espagne à sba.
      Merci pour vos observations. Le résumé doit donc éviter les présupposées que ne comprendrait que le lecteur connaissant le texte initial.
      Salutations respectueuses.

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