« LES RACINES DU MAL »

Djillali Cherrid
1951 – 2018

 

Les Racines du mal par Djillali Cherrid

 

 

 

 

Durant le XI° Siècle, l’Empire Ottoman dominait l’ensemble du Moyen Orient, Une grande partie de l’Asie et de L’Europe. L’injustice qui prévalait, ainsi que les “Fitnat” entre Chiites, Sunnites et ISmaelites engendrait…. L’Hydre !

«  Face à l’Empire des Seldjoukides se dressera bientôt la Nouvelle Prédication, minutieusement organisée, puissante, redoutable. Elle fera trembler Sultans et Vizirs »

« Il n’y a pas longtemps, Ispahan appartenait à une dynastie Persane et Chiite qui imposait sa Loi au Calife de Baghdad. Aujourd’hui, les Persans ne sont que les serviteurs des Turcs et Nazim El Molk est le plus vil. »

« Nous ne sommes qu’une poignée aujourd’hui, demain nous serons des milliers, une armée nombreuse, décidée, invincible. Je suis l’apôtre de la Nouvelle Prédication ; je parcourrai le Pays sans relâche, j’userais de la persuasion comme de la force et avec l’aide du Très Haut, j’abattrai le pouvoir corrompu. »

« Je viens d’une famille Chiite traditionnelle. On m’a toujours appris que les « Ismaéliens » n’étaient que des hérétiques ; jusqu’au moment où j’ai rencontré un missionnaire qui, pour avoir longuement discuté avec moi, a ébranlé ma Foi. Quand de peur de lui céder, j’ai décidé de ne plus lui adresser la parole, je tombais malade. Si gravement. Je me suis donc converti à la Foi des Ismaéliens. J’ai été en Alexandrie, j’ai été reçu comme un Emir avec un comité d’accueil présidé par Abou Daoud lui-même, Chef Suprême des Missionnaires. »

« Au Caire, j’ai passé 2 ans à l’école. Nous étions plusieurs dizaines dont une poignée seulement était destinée à agir en dehors du territoire Fatimide. »

« Les principes de la Foi étaient exposés par des Ulémas dans la Medersa d’El Azhar, les moyens de les propager étaient enseignés dans l’enceinte du palais Califal. On nous enseignait les méthodes de persuasion, l’art de développer une argumentation, de parler à la raison autant qu’au cœur. Il fallait mémoriser les codes secrets qui devaient être utilisés dans les communications. »

« Nous, les Chiites, pensons que le Messager de Dieu a nommé un successeur, un dépositaire de ses secrets : l’Imam Ali, son cousin et gendre. À son tour Ali a désigné un successeur. La lignée des Imams légitimes c’est ainsi perpétuée. »

«  La différence est grande entre ma Foi et celle de mes parents. Ils m’ont toujours appris que nous les Chiites devrions subir patiemment le pouvoir de nos ennemis en attendant que revienne l’Imam El Mehdi El Mountadher, qui rétablira la justice sur terre. »

« Ma propre conviction c’est qu’il faut agir dès à présent, préparer par tous les moyens l’avènement de notre Imam. Je suis le précurseur, celui qui aplanit la terre ! »

Ainsi, en l’An 1082, s’exprimait HASSAN Fils d’ALI ESSABBAH, Chiite natif de QOM en Perse.

HASSAN ESSABBAH, yeux exorbités, a pris sa vie d’errance. Infatigable missionnaire, il parcourt l’Orient Musulman, Balkh(Afghanistan) Merv, Kashgar (Chine) Samarkand (Russie) Partout, il prêche, il argumente, il convertit, il organise. Il ne quitte pas une ville ou un village sans y avoir laissé un représentant entouré de cercles d’adeptes : Chiites lassés d’attendre, Sunnites persans ou arabes excédés par la domination des Turcs, jeunes en mal de remous, croyants en quête de rigueur. L’armée d’HASSAN ESSABBAH grossit de jour en jour. On les appelle les « BATINIS » (les Gens du Secret, les Clandestins.)

Puis, les choses sérieuses commencent. Une caravane arrivait de Kirman, convoyant plus de 600 marchands et pèlerins. Des hommes armés et masqués leur barrent la route. Le vieux de la caravane pensa qu’il s’agissait de brigands et voulait négocier une rançon comme d’habitude. Mais ce n’est pas de cela qu’il s’agissait. Les voyageurs furent conduits dans un village fortifié où on les retint plusieurs jours, où on les sermonna en les invitant à se convertir. Certains acceptèrent, d’autres furent relâchés, la grande majorité furent massacrés et …..décapités.

Nous sommes à la fin du XIème siècle, très exactement le 06 septembre 1090, HASSAN ESSABBAH, génial fondateur de « L’Ordre des Assassins » est sur le point de s’emparer de la forteresse d’Alamout (Azerbaïdjan) qui sera pendant 166 ans, Le fief de la secte la plus redoutable de l’Histoire !

Dans les années et décennies suivantes, d’innombrables messagers d’Alamout connaîtront la mort, avec cette différence qu’ils ne chercheront plus à fuir : « Il ne suffit pas de tuer nos ennemis » leur enseigna HASSAN ESSABBAH, « nous ne sommes pas des meurtriers, mais des exécuteurs ; nous devons agir en public, pour l’exemple. Nous tuons un homme, nous en terrorisons 100 000.

Cependant, il ne suffit pas d’exécuter et de terroriser ; il faut aussi savoir mourir ; car, si en tuant nous décourageons nos ennemis d’entreprendre quoi que ce soit contre nous ; en mourant de la façon la plus courageuse, nous forçons l’admiration de la foule. Et de cette foule, des hommes sortiront pour se joindre à nous. Mourir est plus important que tuer. Nous tuons pour nous défendre, nous mourons pour convertir, pour conquérir. Conquérir est un but, se défendre n’est qu’un moyen »

Ainsi, HASSAN ESSABBAH formait ses hommes, ses exécuteurs.

« Désormais, les assassinats auront lieu de préférence le vendredi, dans les mosquées et à l’heure de la prière solennelle, devant le peuple réuni. La victime, Vizir, grand dignitaire politique ou religieux,arrive entouré d’une garde imposante, la foule est impressionnée, soumise et admirative. L’envoyé d’Alamout est là, quelque part. À l’heure où tous les regards sont assemblés, il frappe. La victime s’écroule, le bourreau ne bouge pas. Il hurle une formule apprise, affecte un sourire de défi. Le message est arrivé. Le successeur du personnage assassiné se montrera plus conciliant avec Alamout. Dans l’assistance, il y aura 10, 20, 40 conversions !

HASSAN ESSABBAH aimait appeler ses adeptes « ASSASSIYOUN » ceux qui sont fidèles au « ASSASS » le fondement. C’est donc des « Fondamentalistes. » « ASSASSIYOUN » a donné « ASSASSINS »
L’organisation de la secte est pyramidale : Au sommet le Grand Maître, le Prédicateur Suprême et Détenteur de tous les Secrets, HASSAN ESSABBAH. Il est entouré d’une poignée de Missionnaires propagandistes : Les « DAÏ » Juste au dessous, se trouvent les Compagnons les « RAFIKS », cadres du mouvement.

Plus bas dans la hiérarchie, sont les « LESSAKS » littéralement ceux qui sont rattachés à l’organisation, ceux sont les croyants de base, assurant notamment la logistique ; puis viennent les « MOUJIBS » les répondants, en fait, les novices. Ils reçoivent un premier enseignement et selon leurs capacités, sont orientés soit vers des études plus poussées pour devenir « RAFIK » soit vers la catégorie qui symbolise au yeux des Musulmans de l’époque la vraie puissance de HASSAN ESSABBAH : La classe des « FIDAÏ » (ceux qui se sacrifient ; les Kamikazes). Le chef les choisit parmi ceux qui ont d’immenses réserves de Foi, d’habileté et d’endurance, mais peu d’aptitude à l’enseignement.

L’entraînement des « FIDAÏ » est une tâche délicate à laquelle HASSAN ESSABBAH s’adonne avec passion : apprendre à dissimuler son poignard, à trancher une gorge d’un seul geste, mémoriser les alphabets codés, savoir suivre sa proie, étudier avec précision sa démarche, ses vêtements, ses habitudes, ses heures de sortie…

Plus important que tout, l’adepte doit acquérir la Foi nécessaire pour affronter la mort, la Foi en ce Paradis que le martyre lui vaudra.

Nul ne pourra le contester, HASSAN ESSABBAH a réussi à bâtir la machine à tuer la plus redoutable de l’Histoire ; à ébranler l’Empire le plus solide ; l’Empire OTTOMAN qui s’étalait de la Mer Rouge jusqu’en Chine et L’Empire Russe !

Cela se passait au XIème Siècle, soit un Millénaire avant aujourd’hui. L’Ex-Egypte formait. Elle continue à former aujourd’hui.

Toute ressemblance ou similitude avec des évènements ou personnages actuels, n’est que pure coïncidence !

Source : In « Samarcande » d’Amin MAALOUF.

Chronique publiée le 19 Août 2010 par Djillali Cherrid
Reproduite post-mortem jeudi 10/01/2019