Mots de bievenue prononcés à l’ouverture du forum du 11 mai 2013 organisé par BAI.
Mesdames, Messieurs.
Je commencerai par vous faire une confidence : j’éprouve une gêne indicible à prendre la parole en présence de personnes autrement plus qualifiées que moi mais je sais qu’elles savent que les maîtres les plus convaincus et les plus rompus à l’accomplissement de leur noble mission accordent toujours une chance à ceux qui pourraient être leurs élèves. S’il s’avère que ces quelques mots que je vais prononcer ne soient pas couronnés par ce que j’en escompte, je suis intimement convaincu que j’émargerai à leur indulgence ce pour quoi je les remercie par avance
Il m’arrive aujourd’hui une chose bien étrange en ce sens qu’à ma propre stupéfaction, je découvre que les deux langues que j’ai la prétention de maîtriser sont devenues subitement indigentes puisqu’ incapables de me permettre d’exprimer ce que la présence de toutes ces radieuses figures me fait ressentir. Je me contenterai de dire à toutes celles et ceux qui nous ont honorés de leur précieuse présence qu’ils sachent tous qu’ils sont ici chez eux. Assurément pour un bonheur partagé.
Pour entrer dans le vif du sujet je commencerai par dire qu’enfin ce qui ne devait pas arriver arriva et, avant d’aller plus loin, je tiens à exprimer mes sincères pensées à un homme sans qui nous ne serions jamais réunis ce jour. Il se nomme Monsieur Boilatabi Mohamed et exerce, à Alger, le métier d’éditeur et d’importateur de livres en français. Soyez témoins de l’expression totale de ma reconnaissance et de mon respect envers lui et ne saurais, de ce fait, assez le remercier d’avoir proposé ma modeste personne à Madame la Présidente du Cercle des Amis de Assia Djebar, Madame Amel Chaouati, pour organiser sa journée à Sidi-Bel-Abbès dans ma librairie. Mais celle-ci a des dimensions fort modestes et c’est alors, qu’avec le collectif de BAI, l’idée à germé, afin de partager ces instants avec le plus grand nombre, pour nous amener là où nous sommes aujourd’hui. Ce qui m’autorise à dire que l’exiguïté n’est pas toujours une si mauvaise chose telle que nous serions tentés de le penser. Un dernier mot sur ce bon Monsieur : de partenaires commerciaux que nous étions l’un pour l’autre, nos relations se sont mues d’elles-mêmes en rapports de qualité excluant tout esprit mercantile ou toutes approches de nature à les polluer et qui ne l’ont habité ni lui-et j’en suis sûr- ni moi et je parle en connaissance de cause.
Ceci étant, je me dois de vous dire que quand je reçus le deuxième mail de Madame Amel Chaouati me confirmant définitivement sa volonté d’organiser la présente journée dans notre ville, surgirent spontanément à mon esprit les deux derniers vers d’un poème qui en compte 103, écrit aux environs de l’an 570, donc quelque 50 ans avant l’avènement de l’Islam, par Tarafa Bnoul Abd, mort assassiné à sa demande à Bahreïn, alors qu’il avait à peine 20 ans.
Et, quand je fus enthousiasmé en parcourant leurs accords d’être parmi nous, exprimés par d’illustres invités que je ne remercierai jamais assez, quand j’ai imaginé l’arrivée des premiers d’entre eux ce matin, surgirent deux autres vers qui font partie d’un poème comptant lui 64, intitulé « Le Lac » écrit par l’enfant de Mâcon, et vous avez deviné que j’ai nommé Alphonse de Lamartine.
Tarafa a écrit : ستبدي لك الأيام ما كنت جاهلا ويأتيك بالأخبار من لم تزود
ويأتيك بالأخبار من لم تبع له بتاتا و لم تضرب له وقت موعد
J’ai eu à traduire, pour différents besoins et pour mon bon plaisir, beaucoup de poèmes et de textes dans les deux langues. Mais, aujourd’hui, je mets ma propre traduction en veilleuse, cède de bonne grâce la place à un géant né sur nos hauts plateaux et qui a eu Madame Assia Djebar comme élève à une étape de sa vie où la route qu’elle s’y était tracée était irréversiblement et rigoureusement balisée. Il s’agit de Jacques Berque qui, traduisant les dix grandes odes arabes de l’Anté-Islam nous a légué cette traduction pour les deux vers de Tarafa :
« Les jours te découvriront ce que tu ignores, ils t’apporteront des nouvelles dont tu n’étais pourvu
« Et te les apportera plus sûrement encore, celui auquel tu n’as, ni fourni manteau de voyage, ni fixé de rendez-vous ».
Quant à ceux de Lamartine :
« Ne pourrons-nous jamais sur l’océan des âges
« Jeter l’ancre un seul jour ? ».
Mais, me rendant à l’évidence, je sais que le temps ne nous fera pas l’impossible faveur et l’utopique plaisir d’arrêter son implacable écoulement spécialement aujourd’hui car un train sifflera cet après-midi à 15 heures emmenant nos gracieuses amies du Cercle avec leurs bâtons de pèlerines cheminant vers d’autres horizons tout assoiffés de connaissances comme l’est le nôtre ; alors il ne me reste qu’à souhaiter à toute l’assistance de partager avec nous les instants que nous allons vivre, et je le souhaite pour le moins, dans la meilleure des convivialités et que chacun puisse tirer le maximum de profit selon ses propres sensibilités.
Je vous remercie pour votre aimable attention.