NICE, une lame, une larme, un bras d’honneur.

 À Nice, Paris, Bruxelles, Istanbul, New York, la guerre s’installe, le terrorisme frappe et fait des victimes innocentes.   À Bagdad, Falloujah, Alep, Homs, Sanaa, Benghazi, Bamako, la guerre s’éternise,  le terrorisme frappe plus fort et fait des victimes innocentes.

À Nice, à Paris, à Istanbul, à New York on compte les morts, on y organise des recueillements officiels, on déclare des deuils nationaux et on met les drapeaux en berne.

À Bagdad, Falloujah, Alep, Sanaa, Benghazi, Homs  on ne compte plus les morts, on les enterre à la hâte dans des fosses communes, on recreuse vite de nouvelles fausses communes, pour de nouveaux morts qui arriveront très vite, on est débordé, on a plus le temps de pleurer les morts, on se remet à dieu et on maudit tous les diables qui jouent sur des montagnes de cadavres.

Partout une lame de fond menace. En Europe, en Afrique, en Asie et en Amérique, elle fauche des vies, elle ruine des économies, elle désunie des états, elle menace des dogmes, elle perturbe des équilibres. Les USA n’est pas L’hyper puissance comme on l’a cru, simple théorie politique démentie. À ce jour, seule la nébuleuse, l’EI, peut à elle seule faire la guerre au monde. Elle le prouve. Elle le fait.  L’hyper puissance, c’est elle. La force n’est plus dans les chars, les avions, les drones, les ogives et les missiles. Tout cela c’est conventionnel, classique, révolu. La foudroyante force de frappe de ceux qui s’affranchissent de toutes les conventions et de toutes les normes, c’est : un hacker de génie à l’aise sur la toile, bon dans le prosélytisme numérique, c’est un pilote d’avion, un chauffeur de scooter, de camion, un voyageur lambda, c’est l’inépuisable stock de bombes humaines, couleur arc-en-ciel, transfuges de toutes les croyances, convertibles en référé,  dirigeables à distance, qui croient, qui ont la flemme de la foi, qui aiment la mort, qui n’exigent pas des budgets en milliards de dollars, qui se contentent de quelques prêches, quelques sourates, solubles dans la masse, invisibles,  imprévisibles, irrésistibles.  À Nice, un fou, une foule, quelques euros pour un camion. Et quatre vingt quatre morts. Et la défaite d’un pays, apeuré, qui doute de ses valeurs, qui ne maitrise plus ses déments. Et une fracture. Finalement les souris peuvent terrasser les mammouths!

Nice, Paris, Istanbul, New York, Bagdad, Benghazi, Bamako, Sanaa, Alep et même Cologne, ce nouveau, n’est que l’effet. La cause, elle est ailleurs, elle porte des noms différents: arrogance, injustice, invasion, spoliation, crimes contre l’humanité, crimes de guerre impunis. Elle a une terre natale : la terre sainte et la Mésopotamie. Elle a ses apôtres : Sharon, Netanyahou, BUSH, BLAIR, SARKOZY, AZENAR. Elle a ses mentors: Paul Wolfowitz, Abram Shulsky Bernard Henri Levi.

La bas on ferme les yeux sur la réalité et on colle la responsabilité aux tyrans autochtones; à Saddam, El Assad, Moubarak, Kadhafi et autres. Peut être. Sans doute. Mais, c’est sur,  pas seulement. Il suffit de constater que ceux là ont régné des décennies sans provoquer  le terrorisme dit islamique. Celui-ci est né en Afghanistan puis en Irak et en Syrie. Non pas contre le despotisme- il parait que certaines sociétés s’en soient culturellement résignée et avec le temps  génétiquement adaptées et ne peuvent s’en passer- mais contre l’invasion étrangère à laquelle aucune société ne s’adapte. Le colonialisme généra les guerres et les révolutions. Le néocolonialisme innove, il enfante le terrorisme. Et ce n’est que le début de l’histoire, pas sa fin ; Quand on lâche du haut du ciel une bombe de 500 kilos pour éliminer un « terroriste » on touche par fois la cible mais on tue toujours des innocents, en masse, et des survivants on fait fatalement des rancuniers, des désespérés, des djihadistes, des Kamikazes, des va-t-en-guerre sans casques et sans gilets pare- balles. Non pas qu’ils sont courageux mais, prédisposés au sacrifice, préposés de la mort, ils la chevauchent, ayant tout perdu ils n’ont plus rien à craindre.

Nice, c’est un délit, une blessure sur un corps sain, elle cicatrisera.  Bagdad, Falloujah, Alep, Homs, Sanaa, c’est un crime, un assassinat.  Mais, malgré tout, ne faisons pas dans la hiérarchie des drames et pleurons les morts, tous les morts, sans distinction car la compassion sélective est suspecte. Consciente, elle s’apparente au racisme.

Nice, Paris, Istanbul, New York, Bagdad, Benghazi, Bamako, Sanaa, Alep sont des victimes de la folie meurtrière des hommes. Alors un bras d’honneur pour tous les coupables, tous les terroristes, sans distinction ; auteurs et instigateurs, ceux de l’occident et ceux de l’orient, ceux qui habitent les châteaux et les palais et ceux qui se terrent dans leurs tanières car une condamnation sélective s’apparente à l’adhésion et à la compromission.

 

MEKIDECHE.A