POUR TOI, DJAMILA.

La Semaine dernière, j’ai eu grand plaisir de voir un téléfilm intitulé «Pour toi, Djamila» sur la chaîne France3, suivi d’un débat, à l’occasion du 19 Mars.

Ce film, racontait l’histoire de Djamila BOUPACHA, authentique militante de la Guerre de libération, faisant partie du réseau de «poseuses de bombes» dans la bataille d’Alger.

Dans ce film, j’ai appris beaucoup de choses sur l’Histoire de l’Algérie que je ne connaissais pas :

Djamila BOUPACHA est une jeune fille algérienne qui, à l’âge de 20 ans décida de rejoindre la résistance après qu’on ait refusé de lui permettre de poursuivre ses études d’infirmière pour la seule raison d’être une « indigène » Après avoir commencé par voler des médicaments pour les remettre à un agent du FLN, elle devint elle-même un agent de liaison. Elle a été arrêtée par les services de l’armée coloniale et accusée d’avoir posé une bombe dans le café des facultés à Alger.  Elle risquait la guillotine. Clamant son innocence, elle dut avouer le crime sous la torture. Le film raconte le détail des sévices que la jeune fille de 21 ans a subi, y compris l’introduction d’une bouteille de bière dans son ventre.

Son frère, saisit Giselle HALIMA par un courrier qu’il lui fait transmettre via le Maroc, pour lui demander de défendre sa sœur. Giselle HALIMI qui était avocate au barreau de Paris accepta.

Comme il était extrêmement complexe de défendre «une terroriste» passant de surcroît devant un tribunal militaire, la guillotine était inévitable. Le combat que Giselle HALIMI engagea mérite de l’admiration. Elle tente avec succès, le report du procès, fait rarissime, dans pareils cas. Ensuite, elle engagea une procédure de dénonciation de la torture, en impliquant également André MALRAUX qui avait attesté formellement que «la torture n’existait plus en Algérie»

Se fixant comme objectif de transférer le procès de DJAMILA à Paris, devant une juridiction civile, l’avocate juive Tunisienne, arrive à créer un comité de soutien pour Djamila, présidé par…. Simone DE BEAUVOIR. Ce comité fit un travail qui s’avéra très fructueux pour la diplomatie Algérienne en voie d’indépendance. L’affaire de la torture de Djamila fit le  tour du Monde, le Comité recevait du courrier de toute la planète. Simone de Bauvoir rédigea un article sur le Monde qui eut l’effet d’une bombe dans l’opinion publique française. Françoise SAGAN en fit fe même sur l’express. Simone DE BEAUVOIR et Gisele HALIMI publièrent un livre sur elle, alors que l’envergure que prit cette héroïne fut couronnée par un portrait peint par ….Pablo PICASSO.(voir ci-contre)

Désormais, le cas DJAMILA est devenu un lourd fardeau pour l’Armée Française et le pouvoir colonial d’Alger.

Finalement Giselle HALIMI eut gain de cause. Elle transféra DJAMILA en métropole où elle dut subir des expertises médicales. Mais, le grand rôle fut joué par le juge de Caen désigné pour instruire l’enquête sur la torture et entendre les prévenus. Mais l’Armée résista et refusa de mettre à sa disposition les responsables de torture et de viol sur la jeune Algérienne. Des photos furent transmises au juge, qui après les avoir mêlées à d’autres photos d’anonymes, les présenta à DJAMILA qui reconnut formellement ses bourreaux.

Elle reconnut également la «gegenne» qui lui présenta le juge et fit pour lui une reconstitution des faits pour lui montrer le fonctionnement du sinistre appareil et comment il a été appliqué sur elle par les soldats tortionnaires. Le juge était convaincu que la victime disait vrai. Mais il ne put rien faire contre les tortionnaires qui demeuraient protégés par l’Armée. DJAMILA restera en prison jusqu’au 19 mars où elle fut libérée grâce aux Accords d’Evian. Elle fut accueillie à sa sortie par Giselle HALIMI, Françoise SAGAN ainsi que sa famille.

Elle avait pour objectif de rester en France pour poursuivre ses études d’infirmière qui lui ont été refusés en Algérie du fait qu’elle soit …Arabe. Un des éléments qui l’a poussé au militantisme. Mais elle dut se résigner devant le FLN qui exigea qu’elle rentre au Pays, car on ne pouvait admettre qu’une icône de son envergure, puisse s’établir dans la Pays qui a colonisé son Pays, pour lequel elle a risqué sa vie jusqu’au bout, gardant des traces indélébiles pour l’éternité.

Il était un grand plaisir de suivre le débat où la grande avocate âgée aujourd’hui de plus de 80 ans, continue de défendre avec la même abnégation DJAMILA.  Celle-ci manquait au débat malgré  un accord préalable selon l’animateur. Dommage. Cela aurait été la cerise sur le gâteau.

  

djillali@bel-abbes.info