Comme,« El Waada »,la « Fantasia »,et «El Alaoui », sont des pratiques qui ressuscitent en moi le bédouin que je fus dans mon enfance.

Cet été, j’ai eu le bonheur d’assister à deux « Waadates » de la région d’Ain-Temouchent, l’une à Sidi-Ben-Adda et l’autre à Ain Tolba, et je l’avoue mon déplacement en réponse à une invitation qui m’a été faite, n’a point été regrettable. L’ambiance, que j’ai découverte et l’hospitalité qui m’a été offerte dans ces deux localités, me rendent d’ores-déjà, un fervent admirateur et disciples de ces moussems.
A l’instar du paysage de fête que procure chacune des localité à sa manière, avec différents stand de ventes de produit, alimentaire et ménager(pour le bonheur des femmes), nougat, barbe à papa et petit stand de jeux(pour le raffolement des enfants), rappelant les kermesse d’entant. Des différents groupe de danse de Alaoui par-ci et par-là, des exibitions de jeux martiaux de la canne(propre à Mascara), mon attention fut particulièrement concentré sur la beauté que procuraient plusieurs groupe de cavaliers représentant chacun une localité qui s’apprêtaient dans cet immense terrain conçu pour eux, à faire « El Goum » ou « Fantasia »
Qu’es-ce-que la Fantasia, c’est un Sport arabe qui réunit l’équitation, la chasse et la guerre. Ce divertissement au cours duquel des cavaliers venus de toutes les régions du pays, se regroupent en une période bien particulière de l’année et en des endroits tout désignés, ou les cavaliers viennent pour disputer la première place en faveur de la tribu qu’ils représentent,
En lançant au galop, leurs monture, tout en déchargent leurs armes et en poussant des cris qui se confondent avec le galop de leurs chevaux-
Elle est un extraordinaire exercice guerrier où des hommes à cheval se livrent à d’incroyables acrobaties et déchargent leurs «moukhala» (vieux fusil à poudre) lors d’un galop effrune parfaite synchronisation
L’histoire de la fantasia est celle de la rencontre en terre nord-africaine de l’Homme et du cheval. Les restes osseux d’Equus Caballus algericus datant d’il y a 40 000 ans, aux temps préhistoriques, ou plus récemment, les dessins rupestres de l’Atlas saharien datant de 9 000 ans av. J.-C., attestent de la présence du cheval au Maghreb, un ancêtre de l’actuelle race chevaline indigène, le barbe .Docile, rustique, endurant, mais surtout rapide,

La fantasia de groupe et de tirs à distance serait « une stratégie militaire arabe trouvant son fondement dans « le Coran ».
Ils semblerait que les armes des fantasias ont suivi une extraordinaire évolution .De l’arc à, arbalète au XIVème siècle et ensuite apparurent des fusils :au début du XIXème :que le surnomme les mokahlates, qui de génération en génération furent transmissent.

La Fantasia est la mémoire et l’histoire des cavaliers invincibles , qui possède son encrage dans une tradition millénaire, qui marque notre pays et particulièrement dans des contrés, ou celle-ci fut transmise de père en fils s’en jamais se défaire, malgré les difficultés de la vie et celles des différents colonialismes:
Nous tiendrons en compte, que Le terme « fantasia » serait soit d’origine latine signifiant divertissement, soit hispano-italien voulant dire fantaisie. Dans le langage qui nous est propre, ce mot devient « El-Goum » et prend le sens d’ostension car les tribus selon leur région rajoutent des jeux avec le fusil, des acrobaties, des tenues de couleurs et de magnifiques harnais de parade.
L’épopée du cheval et du cavalier algérien c’est l’intimité des compagnons des conquêtes des valeureux almoravides et surtout des almohades et des tribus pastorales évoluant dans la région
Nous rappelleront qu’en d’autres circonstances et avant la mécanisation des armées, le cheval était par excellence le meilleur moyen de défense. Et également un facteur de brassage et d’ouverture des populations à travers le mouvement permanent des Forces armée de certaines contrées du pays
Cet aspect des choses créa une dynamique socio économique et culturelle de citoyenneté et de patriotisme pour défendre l’intégrité territoriale de la patrie.
La Fantasia, peut être exécutée pour entretenir le folklore et dans un but touristique. Ces dernières années, les autorités culturelles ont compris l’importance que revêt une telle pratique, qui fut depuis de longues année mis en oubliette, et non seulement permettre la généralisation de sa pratique et pourquoi pas de son enseignement et pour cela, elle devrait organiser des concours de fantasia entre les différentes localités du pays, au même titre que certain de nos voisins l’effectuent.
En Algérie, comme dans d’autres pays du Maghreb, elle fait partie du patrimoine culturel. Cette pratique équestre est une tradition tribale, rurale et religieuse. Depuis toujours, elle est pratiquée pour fêter divers « moussems » , au cours de l’année, tel que les fêtes des semailles, de la moisson et celles de célébrer un saint. Ou un marabout d’une localité. en outre chez nous, cette activité socioculturelle a été structurée en fédération A Titre de rappel, nous citerons feu Hadj Khettab, qui fut à l’origine de la création de la fédération de l’équitation traditionnelle, et qui malheureusement a perdu son ultime bataille contre la maladie. Le monde de l’équitation lui doit beaucoup. Aussi dynamique que discret, ce fils des Souaflias, l’un des berceaux des Médjahers, n’avait pas son pareil pour rassembler plusieurs centaines de cavaliers à l’occasion des festivités nationales ou locales. Lui seul parvenait à réunir les plus grands rassemblements de chevaux du pays. Que ce soit à l’occasion des visites présidentielles, des salons spécialisés, des campagnes électorales, des concours de sport équestre comme le printemps équestre du Dahra dont il était l’un des piliers, La fantasia, servait l’utile et l’agréable de nos populations pastorale bédouines, et celle de certaine région
A Titre indicatif, je voudrais rappeler que cette pratique avait également son règlement
REGLEMENTS DE LA FANTASIA
La Fantasia Collective sera régie par le présent règlement qui a pour but de juger l’adresse, le courage, la résistance, la vitesse, la maniabilité, le baroud, la valeur des chevaux, la tenue traditionnelle et l’arrachement des chevaux.
Les épreuves de Fantasia sont classées en deux catégories de Jeux:
-**TEMERAD
-**GUELBA
1-TEMERAD
L’épreuve de Fantasia TEMERAD est un jeu collectif qui se joue de la manière suivante:
a)-Le groupe de cavaliers se présente au pas à l’extrémité du parcours fait un demi tour sur place, présenté les chevaux au départ lentement, et donne le temps au chef de groupe d’observer les préparatifs avant de lancer le cri de départ.
Ce jeu est de loin le plus répandu et dans lequel il y a moins de risques d’accidents.
b)- Au cri de départ les cavaliers lancent leurs chevaux au galop en maintenant un alignement obligatoire qui fait le charme du jeu sur environ 50 m
c)-Au deuxième cri d’arme les cavaliers se lèvent au coude à coude en tenant les fusils en joue et c’est la plus belle phase du méchouar avec un déclic des armes où est mélé le bruit des armes et des coudes. et où tous les cavaliers doivent se lever comme un seul homme, aligné au coude à coude bien, serrés .
d) -Le troisième cri d’arme donne le signal de tir qui doit simuler une seule déflagration; la salve doit être unie sans être entrecoupée ni avant ni après le cri..
e)-La fin de la course des cavaliers doit être ordonnée et lente sans quitter le parcours avec un retour au calme.
f)-Le retour du groupe doit se faire très rapidement en allant s’aligner sur les autres groupes en attente afin de libérer le passage aux cavaliers suivants.
EL GUELBA
L’épreuve de Fantasia EL GUELBA est un jeu collectif qui se joue de la manière suivante:
** les cavaliers se présentent au trot et non au pas comme au TEMERAD et font un demi-tour sur place extrêmement rapide.
**Au cri de départ qui est donné au moment où les chevaux arrivent au trot au bout du parcours, les chevaux font un demi-tour rapide et se lancent au galop sans attendre personne, ce qui rend les chevaux très nerveux avant le départ et se surveillent pour éviter d’être pris au dépourvu par le groupe.
** Une fois le groupe lancé au galop, la vitesse est toujours plus rapide qu’au TEMERAD car les cavaliers retardataires rattrapent le retard sur 30 m environ;
il fait attendre au moins 100 m pour voir le groupe aligné au complet.
**Au deuxième cri d’arme du chef de groupe, les cavaliers se lèvent mettant les fusils en joue et gardent cette position alignée et bien serrée jusqu’au troisième cri du baroud.
**Le retour au calme en fin de parcours aura lieu comme au TEMERAD
Les concours de Fantasia doivent porter sur les jugements suivants:
1)-Phase :Jugement à l’arrêt du groupe .

-Le nombre de cavaliers composants le groupe
-L’état généraux des chevaux.
-L’harnachement
-La tenue des cavaliers
-L’allure des Goums.
-Le NEGADI ou TEHOUINE
2)-Phase:Jugement durant le parcours de Fantasia portera sur:

-Le départ au galop au premier cri du chef de groupe
-L’alignement des cavaliers durant le départ.
-La vitesse des chevaux
-Le dressage des chevaux à courir ensemble en ordre serré
-La levée des cavaliers durant le deuxième cri au coude à coude
-La mise en joue d’une manière parfaite,le fusil au milieu de la poitrine
-La durée de la course
-Le baroud
-Le jet du fusil
La passion du cheval me ramène à penser au Cheval de Troie qui a inversé le rapport de force entre troyens et grecs, ou que l’on pense au rôle stratégique que joue un Cheval sur un échiquier, ou que l’on admire les détachements d’apparat de la garde présidentielle, l’hommage que rend la fantasia au cheval et au cavalier Algérien est un moment d’émotion et de fierté pour tous les citoyens, qui se rappellent la grandeur et le courage légendaire de leurs aïeuls.

D’où qu’il vienne, où qu’il aille, où qu’il soit, le cheval a dans le regard ce quelque chose de doux et de touchant, et dans le maintien ce quelque chose de noble et d’impétueux qui nous émeut. Comment ne pas être fasciné par sa beauté et sa liberté ?
« El Alaoui »
Puis, je m’écartais du terrain de la fantazia, parce que le rythme du Bendir et du Kalouz,, qui battaient leur plein, dans plusieurs endrois, m’attiraient, comme le chant d’une sirène, jusqu’à me planter, devant un cercle de spectateurs qui formait une scène et qui , comme moi, bougeaient inconsciemment de l’épaule, en frappant du pied, jusqu’à faire exploser de rire l’ami qui m’accompagnait. Cette traditionnelle danse «d’ El Alawi » , ramerait ,comme par un miroir magique, dans les plus belles années de mon enfance, en compagnie de mon père ou de mon grand père, tous deux passionnés de cette danse.
Oui au risque de paraitre ridicule, cette dance qui figurait parmi les meilleurs souvenirs culturel qui me ramenèrent à mon enfance, et me faisant revivre ces merveilleuses ambiances familiales de mariage, de fiançailles, de circoncision, de Waadates, etc c’est bien « El Alawi ». Il suffit que mon ouïe perçoive les vibrations du simple Bendir ou du Kalouz pour que la magie fasse revivre dans mon esprit ces pulsations que l’on affectionne comme lointain souvenirs.
Lorsque mes oreilles découvrait que le rythme ne leur est pas étranger, tout en revoyant ces danseurs exeptionnel « d’ El Alawi », ma mémoire d’étale, comme des épisodes se que représentent chacun des pas. Cette danse masculine qui se trouve à ce jour la plus connue dans la région de mes aïeuls et de mon enfance L’aachache (Commune de Bab-El-Assa W de Tlemcen) et Oujda, ainsi que dans tous l’Ouest Algérien. Cette danse lorsqu’elle nous envahi, devient, un réflexe à travers lequel, l’on exprime la joie, qui nous envoute.
Les instruments utilisés par certains joueurs ou musiciens qui animent cette danse, sont « le Bendir », « le Kalouz », « la flute » et éventuellement « le Hautbois » ou « L’ghaita ». Quand aux danseurs, ils tiennent dans leur main une canne lorsqu’ils ne possèdent pas de fusils. Les parties du corps qui sont les plus sollicitées dans cette danse rythmique sont les épaules et les pieds.

La particularité qui crée le charme de cette danse, c’est la synchronisation du jeux entre les manipulateurs du « Bendir » ou du « Kalouz » et les danseurs, qui s’accordent dès le départ, sur des combinaisons chiffrées du rythme a exécuter et que l’on appelle « L’Hasab », pour harmoniser parfaitement les coups à marquer sur terre avec les pieds, selon les intervalles, que les joueurs des moyens de percussion exécutent. Ces coups, sont des mesures, composées d’un nombre précis d’intervalles calculées entre les coups que les danseurs exécutent simultanément.
Chaque coup et chaque intervalle a un nom : « Bount » (un coup)- « Sbaysya »(trois coup)-« Eraychia » (coup dont le nombre dépend de la suite des deux premières mesures suspensifs et séparés , par un intervalle marqué par « un vide ». La simultanéité des coups sur les « bendirs et le Kalouz » et des mouvements des corps des danseurs, est la règle du jeu. Une discipline rigoureuse est observée dans ces rôles sans aucun droit à l’erreur de la part des danseurs. Des variantes de cette danse peuvent être exécutées selon des rythmes rapides tels que pour le Néhari et le Menghouchi.
Cette danse ramènerait en effet plus d’un dans leurs souvenirs d’enfance et de jeunesse, ou cette pratique était l’un des charmes des manifestations culturelles pour commémorer des festivités individuelles ou collectives qui parfois prenait une grande place dans les grands regroupements tels que les « Waadates ».
Comme je ne me réfère qu’à mes souvenirs, et que cette danse peut varier quelques peux d’une région à une autre, je serais heureux que les amateurs, me corrigent ou apportent se qu’il y a de mieux en elle que j’ai peut-être omis« loin dans le temps »