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« La majorité des Harkis est restée en Algérie »

ByRedaction

Fév 29, 2016

Telle est la conclusion de Pierre Daum auteur de l’ouvrage controversé «Les Harkis: Le Dernier Tabou» au journaliste du quotidien national à grand tirage « El Khabar » qui y en a fait le grand titre dans sa livraison d’aujourd’hui le 29 février 2016 suite à l’entretien que lui a accordé l’auteur écrivain du livre en question. Nous avons essayé de traduire de l’arabe, l’article en question.

En effet, dans cet entretien, l’auteur M. Pierre Daum répond aux nombreuses questions du journaliste d’El Khabar.

Dans son introduction, « El Khabar », signale que l’auteur Pierre Daum, parle ou dénonce les manipulations sur le nombre des Harkis restés en Algérie après l’indépendance et souligne qu’un homme catholique, un chrétien de l’extrême droite,dirigée par Marine le Pen, a tout fait pour interdire ses conférences et autre contacts avec la société Française,  tout ceci demeure des prétentions d’hommes politiques favorables à « l’Algérie Française » alors que les citoyens Français souhaitent réellement que la France reconnait officiellement les crimes de la colonisation.

  • A été soumis à la censure en France par un pasteur catholique de l’extrême droite.
  • Il est faux de dire que tous les Harkis restés en Algérie sont au pouvoir
  • Le Ministre Zitouni avait déclaré que mes chiffres sont incorrects, alors je pense qu’il n’a pas lu mon livre.
  • Mon livre a été lu aux affaires étrangères , il y a eu des réactions positives.
  • Nous observons un nouvel esprit de « l’Algérie Française » incarnée par Robert Menard.
  • La guerre d’Algérie est toujours brandie après 50 ans,comme arme pour les besoins de la politique Française.

Ce sont là, les quelques grandes lignes retenues par l’auteur de l’entretien qui débute ses questions avec Pierre Daum :

« L’annonce d’une conférence de presse qui se tiendra le mercredi prochain à Toulon , concerne votre ouvrage écrit  après de longues enquêtes et recherches sur le nombre de Harkis restés en Algérie après l’indépendance, mais il y a quelques mois ,vous avez fait l’objet d’une censure à Toulon, es-ce que vous pouvez nous éclaircir sur ce qui s’est passé « ?

En décembre dernier, j’ai été invité par le Groupe d’amitié islamo-Chrétien de Toulon, au sud de la France, afin de parler de l’enquête que j’avais effectué sur les Harkis qui sont restés en Algérie et sont encore en vie à ce jour. Ce groupe est présidé par le prêtre catholique de Toulon Dominique Rey. Subitement et à quelques semaines de la tenue de la conférence, on m’a informé qu’elle a été annulée sans explication.
Mes amis à Toulon étaient formels , le prêtre est intervenu pour empêcher la lecture. Ce prêtre connu pour être proche de l’extrême droite en France, en particulier de Marion Marechal Le Pen, petite-fille de Jean-Marie Le Pen. La réalité montre que des liens étroits ont toujours existé entre l’extrême droite et les héritiers extrémistes de « l’Algérie Française » , je veux dire les héritiers de l’organisation de l’armée secrète et les militaires putschistes ainsi que tous ceux qui ont refusé l’Algérie Algérienne. Ceux là , ces extrémistes n’aiment pas mon livre « Le Dernier Tabou ».

Depuis 50 ans , ces derniers ne cessent de répéter que « tous les Harkis ont été anéantis par le Front de libération nationale en 1962 alors que l’enquête que j’ai parachevé montre que cela est faux ».
En l’espace de trois années, j’ai parcouru des milliers de kilomètres en Algérie à la recherche d’anciens Harkis parmi lesquels sont en vie et en conclusion  , je dis que la majorité des Harkis est restée en Algérie et n’a pas été exposée au massacre comme on le prétend.

Après la publication de votre livre en France en Avril 2015, il était prévu sa publication en Algérie par la maison d’édition SEDIA mais à la dernière minute, la maison a refusé prétextant que sa ligne éditoriale ne correspondait pas au sujet parlant des Harkis. Que signifie cela? Qui es-ce qui a vous a été reproché plus précisément? Sachant que les responsables de « SEDIA » rejettent les rumeurs selon lesquelles ,ils vous ont censuré.
En Algérie, un autre problème est posé. « Depuis 50 ans ,l’histoire officielle informe que «tout le peuple s’est révolté contre le colonialisme oppresseur en 1954″, et que les harkis , dont le nombre était certainement moindre , ont rejoint la France en 1962, à l’exception d’un petit nombre  qui ont été tués par des citoyens dans un état de «revanche légitime. »

Bien que mon livre parle de deux choses. Tout d’abord, les Harkis étaient très nombreux , environ 400 milles personnes, peut-être plus que le nombre réel de Moudjahidines, et d’autre part, que quelques-uns d’entre eux, environ 25 mille hommes ont émigré vers la France. Plusieurs milliers ont été effectivement tués en 1962, mais la majorité est restée en vie. Ce sont des faits historiques qui ont été clarifiés dans mon livre et qui ne correspondent pas à la ligne officielle enseignée dans l’histoire en Algérie. En ce qui concerne , la maison d’édition « SEDIA », je considère que leur « ligne éditoriale  »  particulièrement ne doit pas irriter  certaines personnes qui occupent des hauts rangs,dont ceux qui ne veulent pas une relecture de l’histoire officielle.

Comment les Algériens et Français voient votre proximité avec les Harkis sur le  » Dernier Tabou » après sa publication, il ya une année??
Mon livre a trouvé un écho favorable auprès des historiens sérieux et tous les citoyens qui étaient convaincus que l’Algérie devrait accéder à son indépendance.  Tous les harkis, selon leur point de vue , n’étaient pas forcément des traitres et des bandits. Ces gens là savent que la réalité est complexe et savent aussi qu’en fin de compte , les Harkis sont eux aussi des victimes de la colonisation.
Cependant,mon livre reste mal vu par les cercles de  « L’Algérie Française », ces cercles n’ont jamais rassemblé un grand nombre, mais font du bruit en se joignant aux manifestations et laissent les médias prendre le relais. Ces groupuscules sont orientés par des anciens de l’organisation de l’armée secrète et des anciens putschistes qui profitent des douleurs des Harkis et leur fils dont quelques uns n’arrivent pas à se libérer de cette occupation, et propagent des idées fausses concernant  des « massacres contre les Harkis » et quand on leur pose la question, ils répondent avoir des oncles, des fils en général qui sont restés en Algérie et n’ont pas été tués.
En Algérie, la discussion sur mon ouvrage a eu lieu même avant sa publication. Je pense que la majorité est fatiguée par l’histoire officielle et veut connaitre la réalité sur la guerre d’indépendance. Je reçois quotidiennement des messages d’Algériens par le biais de Facebook, qui cherchent à lire mon livre et j’ai toujours dis qu’il est faux de croire que « les  » Harkis qui sont restés, se trouvent tous au pouvoir en Algérie »!
Les Harkis qui sont restés de pauvres agriculteurs, sont retournés à leur vie quotidienne de villageois et qu’ils souffrent depuis 50 ans de l’exclusion sociale dans leurs villages. Ils ont été soumis à l’humiliation et la violence verbale, et leurs enfants, aussi. La description de «fils de Harkis » et «fille de Harkis, une insulte est malheureusement, toujours répétée en Algérie, comme si le fils et la fille sont responsables des actions de leur père.

Es-ce que vous avez eu des réactions de responsables Algériens après la publication de votre livre ?
Juste après la publication de mon livre en France, le ministre des Moudjahidines , M. Tayeb Zitouni, avait déclaré que les chiffres sont « complètement faux. » Je pense qu’il n’a pas lu mon livre,et s’il l’a fait, il aura noté que chaque chiffre indiqué est basé sur des recherches historiques et d’exposés très sérieux. Mais dans le même contexte, je comprend que mes statistiques le mettent dans une position inconfortable, car elles reconsidèrent l’histoire officielle que M. Zitouni s’y attache fortement. Cependant, je me rends compte que mon livre est très lu dans d’autres ministères, notamment le ministère des Affaires étrangères, et les réactions sont très positives.

« L’Algérie Française » .. Tient-elle réellement aujourd’hui au sein des Français , qu’ils soient politiques ou de simples citoyens?
Oui, malheureusement, nous assistons depuis quelques années à ce qui ressemble à un nouvel esprit de «l’Algérie française». Mon idée prend chemin par exemple, de la victoire de Robert Menard, maire de Bezier (sud de la France). Menard, ce proche de Marine Le Pen, incarne un nouvel esprit très dangereux pour l’harmonie de la société française. Dans tous ses discours, il évoque la guerre de l’armée secrète avec « les terroristes FLN » qui ont eu lieu en 1960 et la compare à celle d’aujourd’hui contre les immigrés du Maghreb et contre « tous les musulmans qui sont des terroristes. » c’est scandaleux!
C’est incroyable de constater que la guerre d’Algérie reste, après 50 ans, utilisée dans le discours politique français comme une arme pour faire de la politique aujourd’hui! Cette arme employée chez les résidents de Bézier, qui continuent de voter pour Robert Ménard.

Le mois dernier, le ministre algérien de Moudjahidines a effectué une visite en France et a rencontré son homologue Jean-Marc Todeschini et discuté avec lui sur les dossiers des essais nucléaires dans le désert, des disparus après l’indépendance ainsi que les archives de la guerre de la libération. Cependant, la question sur les Harkis a disparu de l’ordre du jour de la visite et des discussions, pensez-vous que les deux parties ne sont pas prêts actuellement à inclure de telles discussions dans ce dossier?

Oui, cela est vrai. La question des Harkis représente vraiment «le dernier tabou» pour les deux communautés algériennes et françaises, et donc agit dans les relations entre les deux pays. Et jusqu’à ce que tombe ce tabou, la France devrait reconnaître officiellement que toute colonisation est une honte, et le colonialisme français a été particulièrement terrible et meurtrier.
Une fois, cette reconnaissance prononcée , toutes les formes obstructives vont tomber rapidement, et la majorité des citoyens français est favorable à cette idée, mais ce sont les politiciens qui refusent d’y adhérer.

Gardez-vous espoir pour qu’un jour , »le dernier tabou » trouve sa voie pour sa publication en Algérie?
Oui, sans doute. Je suis conscient que beaucoup de gens veulent le consulter , et non seulement pas cela, mais d’autres agences plus audacieuses que « Sedia » m’ont contacté .. Je suis confiant dans la capacité merveilleuse de la société algérienne d’étendre le débat démocratique d’idées de la vie en dépit de tous les obstacles.

Traduit de l’article paru sur EL Khabar le 29/02/2016

 

 

 

Eh oui, tous les harkis restés en Algérie ne sont pas éliminés, tués, massacrés, trucidés. Les témoignages recueillis dans ce livre par Pierre Daum en sont les meilleures preuves. Les maquisards de l’ALN ne sont pas tous ces méchants égorgeurs, non. Le mensonge savamment entretenu par les porte-voix de la colonisation et leurs relais dans la presse a touché ses limites.(Matindz du 1/07/2015)