Pour Naam, critiquer Bilal et tant d’autres est une manière de les rappeler à l’ordre. A travers son langage direct l’artiste tend à dénoncer ce qu’il qualifie de frivolités

«Je suis très connu pour mes critiques acerbes». Cette déclaration vient du célèbre chanteur compositeur cheikh Naam. Ce dernier, en rimant ses mots, peut se rebeller même contre ses pairs.
Le cas de cheb Bilal est un exemple concret quoique ce dernier a, lui aussi, une langue fourchue. Pour Naam, critiquer Bilal et tant d’autres est une manière de les rappeler à l’ordre. Naam, à travers son langage cru, tend à dénoncer ce qu’il qualifie de frivolités. En vrac, l’enfant de Sidi Bel Abbès s’est confié à L’Expression. «J’ai critiqué Khaled et Mami pour leur oeuvre intitulée 100% Arabica et Bilal pour sa chanson Une Nuit à Paris», a affirmé Cheikh Naam ajoutant qu’«en dépit de sa langue, j’ai tout de même écrit pour Mami la chanson Bladi El Djazaïr». À travers ces déclarations, l’enfant de la capitale de la Mekerra a reconnu avoir dépassé quelque peu les limites quant à ses critiques. Il avouera qu’ «il est du devoir de chaque artiste de savoir parler». cheb Bilal est de ceux-là, notamment lorsqu’il a eu à produire toute une longue chanson qu’il a intitulée Rak Mrid Anta. Une chanson par qui le malheur est arrivé. cheb Bilal n’y a pas échappé lors de l’édition de l’année dernière.
Les présents à son spectacle l’ont longuement hué lorsqu’il a eu l’audace d’interpréter la chanson «maudite» devant un public acquis à cheikh Naam.
Le coup d’envoi de la 4e édition du festival n’a pas encore été donné que Bilal a, encore une fois, déterré la hache de guerre en déclarant, samedi, qu’il ne se produira plus jamais dans la wilaya de Sidi Bel Abbès. Pour cheikh Naam «la polémique ne pouvait avoir lieu si cheb Bilal n’avait pas remué le couteau dans la plaie». Et sur un ton diplomatique, plutôt apaisant, tout en minimisant les dégâts, il a déclaré qu’ «il n’y a aucun conflit qui oppose cheikh Naam et cheb Bilal, le bras de fer qui a opposé les deux hommes relève de l’ancienne histoire». Et d’ajouter: «J’invite Bilal à se produire à Sidi Bel Abbès car ce dernier y a son public». En clair, ces déclarations faites par les deux chanteurs en l’espace d’un temps très court, renseignent que le bras de fer qui a opposé les deux chanteurs, est latent quoique cheikh Naam a préféré tempérer, pour des desseins inavoués, les ardeurs. Sur un autre registre, l’enfant de Sidi Bel Abbès a appelé les Belabésiens à dépasser cette polémique. «Que les Belabésiens accueillent chaleureusement Bilal, il ne faut pas lui tenir rancune», a-t-il plaidé ajoutant: «Je ferai monter sur scène Bilal». Là encore, une condition a été posée par Naam. «cheb Bilal doit renoncer à interpreter la chanson qui irrite les Belabésiens», a-t-il averti. Le Raï a déraillé. A l’exception de Hasni, Nasro et Houari Benchenet, le «roi de la critique» a estimé que la chanson au verbe cru est en déclin. «Hasni, Nasro et Houari Benchenet sont mes élèves», a-t-il affirmé. Sur le plan professionnel, Naam est en hibernation depuis son dernier tube produit en 2003. Les raisons sont connues du commun des mortels.
Le piratage continue de frustrer tous les artistes tandis que le marché national n’arrive plus à juguler le phénomène.

Wahib AÏT OUAKLI

L’EXPRESSION