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Chronique du jeudi : «SI NOVEMBRE M’ÉTAIT CONTÉ….. »

ByDjillali C.

Oct 30, 2014

Quand on pense à Novembre, on pense à son premier. Inévitablement. On devient patriote à outrance. On fait semblant de le fêter, tout comme on ne fête plus le cinq juillet. On organise des manifestations, des colloques, des rencontres et même des reportages photos sous l’égide d’un Ministre. Constantine est proclamée capitale de la Culture Arabe.
Mais on se refuse de faire un bilan. On refuse de se voir 60 ans après. Qu’est-on devenu, qu’est-ce qu’on a fait !
Quand je me souviens de cette bande de jeunes intrépides qui décidèrent d’un coup de mener la guerre contre l’une des plus puissantes armées du Monde et qui ont fait l’objet d’une «risée» y compris de leurs compagnons de militantisme. Quoi, vous pensez combattre la France ? Mais avec quoi ? Arrêtez la plaisanterie ! Et pourtant. De la lutte armée, jaillit un Peuple. Un Peuple qui ne mérite pas tout ce qu’il lui arrive. Un Peuple qui aurait tant aimé être, ce que ces aînés voulurent qu’il soit. Comme eux : intrépide, courageux et aimant sa Patrie.

La réalité est foudroyante : Une Histoire tronquée qui a fait que les jeunes ne connaissent rien à la Révolution, rien à Novembre en dehors des opérettes et des chorales chantant sous un faux air, des chants patriotiques, réchauffés. On leur apprend durant des années sur les bancs de l’école que Abbane Ramdane est tombé au Champ d’Honneur, pour qu’adultes, ils apprennent par d’autres canaux qu’il a été liquidé par ses Compagnons d’armes. Comment voulez-vous que ces jeunes croient encore à ce qu’on pourrait leur raconter ? Ils adorent leur Pays quand il s’agit de supporter l’équipe Nationale, mais ils ne ratent aucune occasion « d’une harga» salutaire pour aller vivre en Europe. Ils sont devenus les plus patriotes sur Terre en exhibitionnisme, le drapeau vert-blanc-rouge, flottant au gré des vents dans toutes les arènes du monde, y compris au pole nord et à quelques lieues sous la mer.

Depuis le 1er Novembre 54 jusqu’au 19 mars 1962, l’Algérie aura vécu l’une de ses périodes les plus cruelles, les plus atroces, mais paradoxalement, les plus belles! Les plus belles, parce qu’il y avait un Peuple uni contre le colonialisme. Il n’y avait ni corruption, ni rente, ni népotisme. Il n’y avait ni vol, ni viol (en dehors de celui des légionnaires) ni harga, ni drogue, ni ANSEJ. Il n’y avait ni Islamisme, ni salafisme, ni fondamentalisme, parce que le Peuple était génétiquement Musulman. La question ne se posait même pas. Évidemment, il y avait des Harkis. Mais quelle révolution n’a pas compté ses traîtres? Mais tout ce Peuple uni, n’avait point d’idées sur ce qui se passait au sommet des hiérarchies militaire et politique. Les règlements de compte, les liquidations sommaires, les chasses aux sorcières…. Mais il y avait l’équipe du FLN dont les joueurs ont abandonné le faste et le luxe pour venir jouer juste pour l’Algérie.

De 62 à 78, l’Algérie aura vécu la période la plus ferme sur le plan policier et une expérience inédite d’une industrie supposée industrialisante mais qui a généré plutôt, un bradage en bonne et due forme du patrimoine du secteur public, hormis celui qui a été transformé en cimetière d’acier.
À partir de 78 jusqu’au début de la décennie noire, c’est l’ère de la gabegie, de l’importation des bananes et de la naissance de la corruption, sans compter la déconfiture due à l’effondrement du prix du baril du pétrole qui entraîna le Pays dans une situation d’insolvabilité qui générera en partie, le « chahut de gamins » d’octobre 1988. Mais il y avait une équipe nationale composée de joueurs du cru qui a accomplie des miracles, même si les joueurs achetaient eux-mêmes leurs chaussures. C’est elle qui obtint la première et la seule coupe d’Afrique des Nations.
Au-delà, s’ensuivit un simulacre de démocratie, de pouvoir militaire indispensable, et des cruautés jamais égalées dans l’histoire de l’humanité.

De 99 à aujourd’hui, le simulacre démocratique s’enracine, l’inquisition revient au galop, la corruption s’institutionnalise. On continue à dépendre du prix du pétrole fixé à Riad sur injonction de Tel-Aviv via Washington. Et l’équipe nationale est composée dans sa quasi-totalité de joueurs formés chez l’ex-colonisateur, alors que ceux payés 200 fois le SNMG, n’arrivent pas à avoir le niveau d’un championnat amateur d’ailleurs.

Alors, quid du 1er novembre ? Quid des Héros morts pour que vive la Patrie ?

Doit-on continuer à exhiber notre nationalisme en étalant le drapeau national et refuser de construire son Pays en se contentant de vivre de la rente et en contemplant sa déstructuration par une bandes de vampires ?

Doit-on continuer à fêter ce jour comme on veut le faire, au risque de détruire encore plus l’Algérie, au risque de tuer une seconde fois les Chouhadas ? Car, si le Colonisateur nous a imposé la peur et la menace pour nous faire taire, il a lamentablement échoué. Comble de l’ironie, ceux qui l’ont fait échouer veulent en faire de même, nous imposer la menace et la peur. Inéluctablement, ils échoueront.

Par respect pour les Chouhadas authentiques, par respect pour mon père, je le fêterais en silence, chez moi, avec ma famille, mais je n’oublierais pas d’accrocher l’emblème nationale au fronton de la maison, comme avait l’habitude de le faire ma mère, chaque 5 juillet.
djillali@bel-abbes.info

4 thoughts on “Chronique du jeudi : «SI NOVEMBRE M’ÉTAIT CONTÉ….. »”
  1. Sallamou Allaykum
    Compte tenu de la Rahma d’Allah et sa promesse, il n’est pas permis au Muslim de désespérer.
    Comparativement aux hommes, que dire alors des Nations Muslim ?
    Même brisées et partagées, elles peuvent tenir indéfiniment.

    La Nation est constituée par les morts, les vivants et ceux à naitre.
    Les générations se succèdent et doivent être les étapes d une même marche.
    Leurs efforts ne seront efficaces et bénéfiques que s ils s’additionnent.
    Que si les vivants se considèrent comme les usufruitiers entre leurs morts et leurs descendants.

    Avons-nous été à la hauteur du décret de Novembre, ou sommes nous complu dans le socialisme bolchevick ? Le bolchévisme disparu, nous l’avons remplacé par un autre avatar du sionisme.

    Continuer encore, même tous, avec nos drapeaux déployés dans le même chemin, ne fera accentuer davantage la dérive amorcée depuis 1962.

    Nous avons, parfois consciemment et lâchement, dévié du But pour lequel des millions d’algeriens de tout âge ont sacrifié leur vie pour que nous puissions vivre LIBRES !!!

    Seule, la reprise de la mission confiée par les Chouhada, abandonnée par nos soins, nous mènera, avec l’aide d’Allah, vers le but.
    Engageons dans son chemin :
    Sourate 31 Luqman /v.22 :
    ≈ Et quiconque s’en remet à Allah tout en étant bienfaisant, s’accroche à l’anse la plus ferme. La finalité de toute chose appartient à Allah.

    Par cette occasion, je me précipite pour prier et souhaiter à notre frère Djillali C un prompt rétablissement et retour auprès des siens, nous compris !
    Sallamou Allaykum
    DZiri

  2. Par ailleurs, je suis d’accord avec Mr AL MECHERFI sur le fait que la commémoration est surtout un acte de communication et une façon de conserver la conscience nationale surtout pour les générations qui n’ont pas vécu ces évènements….!!!! Mais cela doit être fait sans s’approprier l’histoire, ni la dénaturer pour servir des intérêts restreints, car avant tout, l’histoire est une science, et le rôle de l’historien est aussi de souligner les erreurs éventuelles et de combattre les idées reçues .

    Toutefois, la révolution du 1er Novembre reste une grande révolution où le peuple algérien a pris la décision irrévocable de changer son destin en mettant fin à la barbarie de la France coloniale. C’est aussi, une source d’inspiration aux peuples arabes et à tous les peuples opprimés dans le monde…!!!

    Cette date historique ne marque qu’une transition, d’une étape historique à une autre, car depuis 1830, le peuple algérien n’a pas cessé de lutter contre l’occupant colonial raciste…!!!

    Vive l’Algérie et Gloire à nos Chouhadas.

  3. Bonsoir,
    L’Histoire est certes une composante essentielle de notre mémoire collective. Mais une célébration reste une célébration (avec toutes ses limites). Elle est surtout un acte de communication. Elle va du présent au passé et non du passé au présent comme l’Histoire !

    Elle nous renvoie aux « souvenirs » partagés. Les gens ont tendance à oublier ! Voilà pourquoi il y’a les commémorations.
    Mon cher Djillali C . Je trouve que vous avez mille fois raison de mettre le doigt sur le risque d’un nivellement de sens dans l’esprit des Algériens ou plutôt d’un public peu averti.

    De loin & loin !!! Je salue ton patriotisme dans un contexte naturel en chiffre rond (60° Commémoration).
    Merci Djilali.

  4. Très beau récit de Mr Djillali C, dont je partage l’essentiel….!

    Mais moi, je crois que le pays a été miné dés le départ……!!! De Gaulle avant de partir a bien planifié son retrait, avec Foccard et toute la Smala…!!!!! Un retrait obligé, bien sûr, grâce aux sacrifices de nos vaillants combattants dont certains ont leurs crânes, jusqu’à ce jour, exposés au musée de Paris…..!!!! Où sont les parties concernées pour faire le nécessaire en vue de leur rapatriement en Algérie….??? N’ont-ils pas le droit d’être enterrés comme tout être humain et musulman…!

    Aussi, dois-je rappeler que la France est restée à Oued Namous jusqu’à 1978, pour tester ses bombes chimiques, dont les conséquences sanitaires et environnementales néfastes persistent jusqu’à ce jour, comme celles des nuisances nucléaires à Raggane…!!!

    Dommage, on aurait pu être un pays très développé, si ce n’est la connivence des orbitons de Hizb FaFa qui sévit à tous les niveaux….!!!!

    Merci !

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