Clôture du Festival international de danses populaires de Sidi Bel Abbès: Sur un air de déjà-vu

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La 9e édition du Festival international de danse populaire a pris fin, hier, au théâtre de verdure Saïm Lakhdar, de Sidi Bel Abbès.

Ce festival n’a pas suscité un grand enthousiasme du public, comme cela avait été le cas lors des précédentes éditions. Excepté la prestation de la troupe espagnole, El Djazaïria, largement applaudie par les spectateurs, cette édition donne une impression de déjà- vu. Dirigée par Mme Rabéa Ghozali, professeure de danse folklorique, la troupe madrilène s’est, en effet, distinguée, en ouverture, par une parfaite  maîtrise des différentes danses locales (staïfi, kabyle, oranais…), interprétées sur fond de musiques puisées du répertoire national. Une fusion entre le style flamenco et les danses du terroir parfaitement réussie. «C’est avec l’aide d’une collègue espagnole que j’ai monté cette formation, composée entièrement de jeunes danseuses espagnoles en plus de ma fille. Nous travaillons depuis quatre années», a-t-elle expliqué à l’APS. Fusion chorégraphique.

Ce mariage, entre la danse algérienne et le flamenco est «tout à fait naturel» et «s’impose de lui-même», ajoutera-t-elle, avant de souligner que des similitudes existent entre la danse algérienne et le flamenco. «Il est important pour moi de transmettre, par la danse, des messages de paix, de fraternité et de dialogue avec les autres cultures.» Le musicien-compositeur, Abdelghani Mahmoudi, a également apporté sa touche  personnelle, en signant la chorégraphie et la musique du spectacle  inaugural exécuté par un ensemble de danseurs issus des formations participantes. Cette édition a aussi été mise à profit pour rendre hommage à l’un des plus actifs animateurs du mouvement culturel local, Kazouz Mohamed, président de la troupe folklorique de Beni Ameur. «Je suis très honoré et ému aujourd’hui, après tant d’années au service de la culture», nous a-t-il déclaré, en marge de la cérémonie  d’ouverture.

Présentée comme un «événement culturel majeur» par la commissaire du festival, M. Hankour, lors de son allocution d’ouverture, cette manifestation, regroupant treize troupes étrangères, dont la Colombie, les Emirats arabes unis, la Turquie, le Liban, l’Ukraine, la Biélorussie, la Serbie, l’Albanie, l’Espagne et la France, est cependant différemment  perçue par de nombreux citoyens et élus de la ville. Sans compter la polémique suscitée par la désignation de la commissaire du festival, alors qu’elle se trouve être la directrice de la culture de la wilaya de Mostaganem, depuis plus de deux ans. Budget de plus de 8 milliards de centimes. «Comment peut-on parler de festival international, alors que les rues et ruelles du centre-ville sont encombrées de détritus et que les magasins  ferment la nuit tombée», s’interroge un sexagénaire ayant assisté, mercredi, à la parade marquant le début des festivités, qui s’est ébranlée le long du boulevard de la République.

Affichant un certain scepticisme quant aux retombées économiques de cet événement, un élu de la ville regrette le fait que le festival n’arrive toujours pas à attirer les foules de touristes, ne fasse pas tourner les commerces de la ville et ne génère aucune plus-value. «Donc, au lieu de construire des écoles d’art (théâtre, musique, arts plastiques, cinéma…), destinées à dispenser un enseignement académique à de jeunes talents, on continue à débourser de l’argent pour des manifestations de pacotille et exagérément budgétivores», estime-t-il. En effet le Festival est doté d’un budget de plus de 8 milliards de centimes et ses bénéfices sur le plan artistique, la formation, les échanges internationaux et ses répercussions sur les associations locales s’avèrent, selon lui, très en deçà des espérances. «Qu’a produit tout cet investissement  faramineux ? Il y a eu un abaissement du niveau culturel, doublé d’un affaissement des capacités créatives de l’artiste», abondent dans le même sens un bon nombre d’artistes locaux. Précisons que cette 9e édition s’inscrit dans le cadre des festivités célébrant le cinquantenaire de l’indépendance et est dédiée, cette année, à la Palestine.     

Abdelkrim Mammeri

One Reply to “Clôture du Festival international de danses populaires de Sidi Bel Abbès: Sur un air de déjà-vu”

  1. Bonjour.

    J’ai été surpris ce matin en parcourant la presse écrite de lire un article signé par un correspondant local faisant les éloges du commissaire du festival et s’attaquant à ses “dépréciateurs” comme il le pense. Un parti pris qui n’honore pas la personne en question. Peut-être que sa participation aux différentes revues de ce “festival” lui donne le droit de s’insurger comme défenseur sans goût et sans saveur. Devant sa réaction subjective, je persiste pour affirmer à notre ami correspondant de presse que le dit “festival” est un véritable folklore. Je souhaite la réaction du responsable de la communication pour nous étaler le bilan de la semaine touristique des délégations étrangères.

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