FESTIVAL NATIONAL DU THÉÂTRE PROFESSIONNEL : Une ouverture majestueuse

Un programme des plus riches sera présenté jusqu’au 6 juin et ce, en différents lieux.

La 6e édition du Festival national du théâtre professionnel (Fntp), a été ouverte avant-hier, au Théâtre national algérien Mahieddine-Bachtarzi. dans une ambiance bon enfant et en présence d’une assistance fort nombreuse. Le coup d’envoi a été donné par M’hamed Benguettaf, commissaire du festival et aussi directeur du TNA. Dans son allocution de bienvenue, le commissaire a indiqué que le festival tient à « offrir gratuitement les expériences, tout comme il s’assigne comme mission de donner la parole à ceux ou à celles qui le souhaitent ». Il n’omettra pas de mettre en exergue le mérite qui revient à la nouvelle génération symbole de la relève de demain pour que vive le 4e art et se poursuive la pratique théâtrale, avec autant de volonté et de créativité. C’est une pièce théâtrale, extraite d’un poème populaire qui inaugurera cette soirée. Mise en scène par Ahmed Laggoun La Danse des palmiers était soutenue par un ensemble de musiciens jouant du luth afin de donner plus de relief à la dramaturgie de la pièce. L’ouverture du 6e Fntp a été l’occasion d’abord de rendre hommage à plusieurs personnalités du théâtre, d’ici et d’ailleurs. On citera les noms de Lynda Selam, Ramdane Tayeb, Chadha Salem, Kamar Anwar Assafdi, Mohamed Bouzit, Djamel Marir etc. C’est au Théâtre régional de Sidi Bel-Abbès qu’est revenu l’honneur d’ouvrir les festivités, avec le spectacle Les Nuits d’Alamut.Mise en scène par Azeddine Abbar et écrite par Hmida Layachi, la pièce a pour ancrage historique un passé épique avec comme décor la confrontation entre Nizam Al-Mulk et le grand poète du vin et de l’amour, Omar Khayyam. La pièce met en exergue la force des bons sentiments contre l’orgueil du pouvoir et la peur de le perdre. Plusieurs personnages cohabitent dans cette pièce noire. Safia et sa fille Rabeb, Hassan Es-Sabbah qui se fait appeler « Cheikh el-Djabel » tout en terrorisant les populations. Cette pièce évoque la tension née entre le bien et le mal et décrit les travers des monarques sur fond de bassesse humaine.Sur une superbe scénographie signée Abderrahmane Zaâboubi, les comédiens déclamaient un arabe classique au firmament qui peut sembler désuet mais qui sied pour une fois à cette belle épopée. On peut dire que le Festival national du théâtre professionnel commence bien. La compétition promet d’être rude entre les quatorze troupes en lice pour décrocher l’un des dix prix du festival qui seront remis lors de la cérémonie de clôture prévue le 7 juin. Le programme hors compétition prévoit la participation de neuf troupes algériennes et de dix troupes étrangères, dont huit troupes arabes, une troupe d’Afrique centrale et une autre française. Ce programme prévoit aussi d’autres espaces à Alger (salle Hadj-Ameur, salle El-Mougar, Palais de la culture Moufdi-Zakaria) et dans certaines wilayas limitrophes, alors que les planches du Théâtre national algérien (TNA) sont réservées aux pièces théâtrales en compétition. L’Egypte sera présente avec El-brova el-akhira (l’ultime répétition) de la troupe Maison artistique du théâtre et la Tunisie avec Zeriaât Ibliss (la race de Satan) de la troupe « Art des deux rives ». Des troupes du Maroc, d’Irak, de Jordanie, de Syrie et de Palestine participent également à cette manifestation. Le festival sera aussi marqué par l’organisation d’une rencontre sur la critique théâtrale du 28 au 30 mai et de onze ateliers sur l’art théâtral, outre la consécration d’un espace aux arts plastiques et d’un autre à l’art oratoire. La manifestation créative. « La poésie s’invite au théâtre » est la nouveauté de ce festival. « Trois nuits de la poésie » seront ainsi dédiées à la mémoire de Abou El-Kassem Echabi, de Abdallah Rekibi et de Abdallah Benkerriou. Ces soirées seront animées par de grands noms algériens et arabes, dont Azradj Omar et Tayeb Leslous (Algérie), Hiyam Yared (Liban) et Idris Allouche (Maroc). Institué en 2005 en vertu d’un arrêté du ministère de la Culture, le Festival national du théâtre professionnel s’attache à développer les arts du théâtre national, à encourager les expériences pionnières et les recherches en matière de théâtre, notamment à travers l’organisation de rencontres, et à encourager l’émulation créative dans le domaine théâtral. Aujourd’hui, il jouit d’une bonne assisse qui crée assurément l’émulation au sein des théâtres régionaux. Se voulant être un moment de rencontre, d’échanges et de partage, le Festival national du théâtre professionnel est bien parti pour durer. Si le commissaire du festival a tenu à rappeler que « le théâtre algérien a produit, ces derniers temps, une centaine de pièces théâtrales », il reste néanmoins, un point crucial sur lequel il faudra mettre l’accent. C’est la qualité des textes et la profondeur de la dramaturgie qui viennent souvent à manquer dans nos pièces. Car il ne suffit pas de faire dans la quantité et dans l’humour pour donner l’impression que le théâtre revit en Algérie. Multiplier ce genre d’actions comme ce festival est un fait artistique et culturel éminemment important pour l’amélioration de notre théâtre qui tombe parfois dans la facilité de l’interprétation et la légèreté scénique. Mais là, il appartient au public de trancher réellement. Alors le Fntp, c’est surtout à ne pas rater !

O. HIND
L’expression