Si Beni-Saf m’était romancée

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                    Hier, Aujourd’hui et Demain sont trois jours de l’Homme, mais également trois jours de ma ville de Beni-Saf ,et je ne sais pas si je suis sur et certain de dire, de conter, de narrer, ou  d’écrire, serait plus beau que le silence.

Les historiens, les économistes ,les philosophes, les politiciens, les sociologues, les anthropologues  qui connaissaient bien Beni-Saf ressentent les mêmes appréciations et pressentiments pour formuler selon le constat d’hier et celui d’aujourd’hui, que Beni-Saf s’inspire de  la légende propagée par un trèfle à quatre feuilles, qui selon cette légende chaque foliole du  trèfle représente  quelque chose de fabuleux et de merveilleux : la première feuille est pour l’espoir, la deuxième foliole, est pour la foi, la troisième feuille est pour l’ amour et la quatrième foliole est  naturellement pour la chance .

Le trèfle à quatre feuilles est  déjà rare comme une perle, elle est censée aussi porter parait-il, bonheur à celui qui la trouve selon la maxime légendaire et populaire.

Tout en faisant abstraction  de l’histoire de Beni-Saf que nous reviendront par la suite , et dont mes capacités ne me permettent pas de me troquer aux historiens, ni à d’autres érudits en la matière, je puis quand même  affirmer de façon très élémentaire et très Beni-Safien, que   Beni-Saf existait en tant que tel , depuis la colonisation, en 1870  mais ces  anciennes racines remontent  d’après les historiens, du temps des crétois, des mycéniens, des phéniciens, des berbères , des numides ,des carthaginois ,des romains et enfin les arabes  suivit par des ottomans , colonisée par  les français et enfin ,devenir  algériens .

Bref ! Beni-Saf  est un trèfle dont la première foliole  représente  la mine de fer ,  la seconde  la culture , la troisième  la pêche, et la quatrième   le sport ( basket Ball). Tout y est  dans cet trèfle à quatre feuilles  dont sa rareté  porte bonheur et   dont la légende de  chacune d’ elle a suscité  la grandeur , la notoriété , la réputation  et la gloire de Beni-Saf .La nature nous a aussi   offert   et gavé en plus de ces richesses ,se sont des ressources inépuisables qui font toute la beauté et la fortune   du site :  Ses plages, sa mer bleue, ses montagnes, ses forets, l’ile de Rachgoun pour que la ville devienne éternelle par le génie de ses enfants d’hier, qui mettaient d’abord les paroles en pratique, et ensuite savaient parler conformément à ses actions, c’était la meilleurs façon de combattre le mal qui est un progrès résolu dans le bien.

Beni-Saf, c’est déjà la synthèse des activités de l’homme, une preuve de son génie, on peut dire que c’est un acte de foi, la nature nous a fourni les matériaux et ses bonnes créatures les ont utilisés pour le bien être.

Hier ,La grandeur de  Beni-Saf se mesurait par l’exercice de ses marins ou plus exactement ses pécheurs  avec des moyens rudimentaires , n’ empêchaient pas pour autant que la sardine inonde le marché ,et submerge les quelques conserveries  qui faisaient la joie ,le bonheurs des travailleurs et travailleuses . Les Beni-Safiens se nourrissaient par appréciation   de toutes sortes de recettes faites à base de la sardine dont sa valeur d’usage est incommensurable et sa valeur d échange était quasi nulle, c’était  Al Baraka !! que le Bon Dieu nous a alloué. La vie était simple, l’odeur de la sardine exorcisait bien la fringale  des nécessiteux pour ne pas dire les pauvres  et avec du bon gout si ce n’est du délice !  Beni-Saf ne possédait pas dans son lexique le mot  «  faim »  tellement la quantité de la sardine  était abondante et le surplus  alimentait  bien d’autres horizons, les conserveries faisaient le trop plein de la main d’œuvres  et des revenus se distribuaient  pour le bien être de soi et pour  l’économie de la  ville. La sardine procurait  le travail,  le plaisir, le bonheur, la satisfaction, la volupté… à Beni-Saf et pour les Beni-Safiens.

La pêche et ses traditions se perpétuent de génération en génération offrant à la ville un rythme, une couleur et un tempérament particuliers et il est important de souligner que feu Président H.BOUMEDIENE avait en 1970 visité officiellement Beni-Saf pour donner un coup de pouce supplémentaire au développement de la ville et par la même occasion en 1972 lors d un séminaire sur la révolution agraire  cette fois ci à Alger, il  a jaspiné avec le feu Boucif  Belhachemi un cadre de Beni-Saf habitant le quartier du  plan 2 , il avait trouvé sa mort en Haïti lors du tremblement de terre  survenu le12 octobre2010. Belhachemi  était un expert consultant qui travaillait sur un projet de la Banque mondiale en Haïti.  Après avoir prit connaissance de son origine, le feu Président Boumediene lui confie en tête à tête  le secret de la légende : « que Beni-Saf ne peut vivre dans l’éternité qu’avec de la sardine » en terme politique et légendaire cela veut dire énormément de choses et seuls les érudits en politiques sont capables de saisir la teneur  de cette annonce et sont aussi seuls qui sont capables de la concrétiser.

Géographiquement ,en face du port que nous aborderons plus loin et plus en détail,  il y avait la mine de fer, une autre source de richesse  naturelle  de la ville dont, le minerai de fer s’exportait via le port vers la  fonderie française pour avoir de l’ acier ou du fer qui a en partie servie à Eiffel de réaliser sa tour de Paris, qui porte en eux des éléments constitutifs( matière et sueur) de  Beni-Saf ,nous pouvons dire que notre géni se trouve dans la sueur des mineurs  Beni-Safiens  qui sont devenus les premiers prolétaires  algériens après les Bolcheviques.

La pêche , la mine de fer sans oublier les ressources de l’ agriculture  qui sont des  gisements cléments et avantageux pour l’ économie locale de Beni-Saf , dont les bienfaits : la croissance , l’ expansion de la ville et de ses composantes avec en guise d’ embellissement d’ un joli jardin public unique en son genre,  un marché couvert avec  une architecture extraordinaire ,une mairie qui faisait jaillir  par sa beauté, la puissance publique dans toute sa splendeur et sa morale ,muni d’un Big Beng que tout Beni-Safien   ménageait  ses comportements, son espace, son temps  et ses mouvements  en fonction du Beng ,  du Big Beni-Saf .

Cette Horloge historique  chapeaute la mairie  et est située au milieu d’ un espace vert  qui apprivoise le commun des mortels ; un rail qui prenait  son départ de la plage du puits et qui  se lézarde à travers la nature  jusqu’à la capitale d’art  et  d’histoire  (Tlemcen), n’ oublions pas aussi le grand patrimoine historique de Beni-Saf qui sont ses fameux escaliers, la configuration de la ville ressemble  à un amphithéâtre peuplé de maisons en majorités des corons, traversées par des allées en escaliers et en bas de l’ amphithéâtre  un chef d’ orchestre représenté par la belle architecture  du  marche couvert , un aquarium située à la plage du puits contenant  l’érudition des espèces aquatiques et la liste et encore longue  du riche  patrimoine  de la ville, c’était le fruit de la  croissance économique locale de l’ époque  qui était dans son apothéose la plus  extrême, par son opulence ,son aisance et sa richesse: Beni-Saf  était devenu un El Dorado et des exodes se manifestaient au alentour du quartier de Boukourdan, actuellement (An Nahdha )et du Plan2 (Bouhmidi) ,l’ennui et la               

misère font détester la campagne ; Le besoin d’argent conduit  inévitablement à la ville la plus prospère.

Cette mutation urbanistique de la ville, s’édifiait  selon des normes scientifiques   de l’aménagement urbain , d’autre part, les commerces de biens et de services, la salle des fêtes, les cinémas, les bistrots ,les restaurants  battaient son  plein, le basket Ball sport devenu  par excellence  Beni-Safien , la JPBS( Jeunesse Populaire Beni-Safienne) se faisait, entendre par l’ex URSS, et la Chine et bien d’autres clubs  de haut horizons divers qui ont fréquenté le stade «  tabtabboulnouar » .

Beni-Saf devenu ville nationale et  internationale par le génie sportif auquel Soudani  A.E.K, Zaoui fils de chahid ont cessé d’être  pour finir dans l’oubli et la pure  ingratitude, de même  que  bien d’autres noms du Basket qui  ont fait  la fierté, la grandeur et la gloire  de Beni-Saf.

Parallèlement à cela , il y avait le coté culturel de l’ animation ;  Beni-Saf  savait chanter comme si personne ne l’écoutait ,danser comme si personne ne la regardait ,s’amuser comme si tout le monde était distrayant, pendant les fêtes et spécialement pendant la  fête annuelle  de la sardine ; même les pécheurs traduisaient leur métier en art et l’ exprimaient par une fête grandiose et jalouse, c’est une expression de  leur labeur provoquant une réjouissance qui embaumait la ville de Beni-Saf à l’odeur de la sardine , de même pour les mineurs et les agriculteurs sans oublier la fête des sportifs de la JPBS .

Dans le même ordre d’idées, Beni-Saf avait  enfanté des personnalités  de grandeur universelle comme Jean Sénac né à Béni-Saf  le 29 novembre 1926 et assassiné à Alger le 30 août 1973, était un poète qui avait rejoint dès 1955 la cause de l’indépendance algérienne, comme si le soleil de sa poésie revenait briller sur Beni-Saf.

Bernard Henri Levy est aussi  natif de Beni-Saf , beaucoup de personnes  de par le monde n’ ont pas d’estime pour  ses positions,mais il mérite quand même, d être cité car faisant partie du terroir Beni-Safien  .  Bernard-Henri Lévy, souvent surnommé BHL, est un philosophe et éditorialiste français … Bernard-Henri Lévy est né le 5 novembre 1948 à Béni- Saf .

Mister  Soudani  Grand Maestro du basket Ball a porté l’étendard plus haut que Beni-Saf ne l’a souhaité, né le 24 décembre 1935 à Beni-Saf, a débuté sa carrière de basketteur, en 1949, dans la catégorie, benjamins, de la JPBS. Son palmarès, en tant que joueur est riche : vainqueur de la coupe d’Oranie (1955-1956-1957-1958), champion d’Algérie (1960-1961), champion  d’Oranie (1960-1961). En sélection nationale, il a participé aux Jeux de l’amitié de Dakar (1963), Jeux africains de Brazzaville (1965), championnats d’Afrique à Tunis 1965 et 1967.

Après sa carrière de joueur, il a entraîné la JPBS (1962-1969), mais a fini ses jours dans l’incognito après tant d’effort, il avait entendu, mais il savait bien  oublier, il avait vu, mais il s’est souvenu, il avait tant fait pour Beni-Saf, mais personne n’a compris que le travail est un trésor.  Beaucoup d’hommes de Beni-Saf avec un grand « H »  ont donné leurs vies pour l’Algérie ( Chouhadas), sont listés sur une maquette en  marbre ,un cénotaphe au milieu du jardin public,  pour nous insinuer que leurs âmes sont encore parmi nous.

Aujourd’hui  la stèle des «  CHOUHADA »  est arrosée d’urines et noyé dans de la saleté, cette ingratitude des Beni-Safiens n’est que le résultat de l’ignorance de l’histoire récente  même de leur ville.

Par conséquent, le trèfle rare de naguères, qui portait le bonheur ,la gloire et la fierté s’est flétrie aujourd’hui  et commence a perdre  ses pétales ;  le tarissement des  gisements de fer  et voila que la  mine de fer n’a plus de raison d’être ,et  c’est toute une  histoire  qui se termine ,et qui reste à écrire ,elle devrait être faite de monceaux d’idées, d’imaginations  , de pensées, et de monceaux de sueur et de moiteur .

Le basket après ses années d’illustrations ,de rayonnement et de triomphe,  s’ est effondré aujourd’hui  dans la  pure banalité et la simple  platitude ;  toujours dans la trajectoire de la  descente aux enfers ,c’est la légende du  trèfle qui perd ses pétales et laisse par derrière sa malédiction. La sardine est la coqueluche Beni-Safienne  , vient  aussi de disparaitre  des étales de  la criée, ses odeurs fraiches ou en grillades ne fréquentent plus les narines des Beni-Safiens, ni ceux qui viennent  spécialement pour  elle, c’est toute une valeur hospitalière qui foute le camp : les conserveries ne fonctionnent plus et les travailleurs et travailleuses sont au chômage à tout jamais et c’est le niveau de vie qui prend  le contre  choc.

Les têtes pensantes ont disparues de Beni-Saf pour aller vers d’ autres contrée plus rémunératrices et généreuses, les Harragas un nouveau concept que nous verrons par la suite, font de même, le paysage de la ville s’ assombrit , la belle pinède de pins d Alep qui supplantait la mairie est atteinte de la « teigne » et elle vient de  perdre toute sa chevelure de pins d’Alep ,hier une superbe foret coiffée la montagne aujourd’hui le désert a prit place.

La ville pleure ses enfants, pleure sa nature ,pleure ses ressources, pleure sa richesse qui s’ évapore, et  prépare son agonie elle n’ a plu de  vitalité ,ni  d’ idées,  ni d’ amour , ni d’ H….,la ville est répudiée ,reniée elle est   en oripeaux  sales ,son malheur est peut être du à une malédiction,  à un sort ou à  des prières péjoratives ou plus populairement «  daa wi » . Ses trottoirs  en  carrelages disloqués,  sales , tout prés de certains cafés  ou ailleurs des amas sages d’ ordures s’entassent, les arbres  qui embellissent  la  grande  et fameuse rue de la république étaient coiffés en forme de cube  à chaque  nouvelle saison , c’était leurs costumes de noce ,  aujourd’hui ,ils sont abandonnés à tout jamais, n’attirent plus les regards d’antan, «  il pleut sur la ville comme, il pleut dans mon cœur » .

Beni-Saf est abandonnée, abdiquée, divorcée, reniée, répudiée, trahie. La Protection de l ’Environnement  de la ville est l ’affaire de tous les Beni-Safiens et incombe  surtout  aux  élus responsables qui ne portent guère l’âme de la ville dans leurs cœurs  .Tous ces malheurs ou ces malédictions qui ont chassé la beauté ,le travail ,le sérieux ,la générosité ,la gloire ,l’amour.. pour se cacher dans la platitude personnel et l’égocentrisme,  à favoriser  les ennuis  de la gestion de la ville et plus précisément ceux qui se   rapportent aux A.E.P, à l’assainissement, le réseau d’assainissement est abdiqué de toute assistance ou suivi, créant des situations désagréables (écoulement d’eau usée sur le bord des chaussées), à l’anarchie   urbanistique, et à tout ce qui se rapporte à la vie normale de la ville.

Les pollutions (hygiène et acoustique) et les autres cas de nuisances, la prolifération  en plein air des boissons alcooliques  certains espaces sont parsemés de bouteilles  et de canettes d’alcool  vides ,les bouteilles vides en plastique  et les sachets en plastique font  aussi le  mauvais décor de tous les quartiers de la ville , la situation environnementale est inquiétante, préoccupante, embarrassante et enfin alarmante  tel est le constat de tout un chacun, les ressources naturelles continuent à se dégrader en raison  de non assistance  ( plage, site littoral ,lieux et espaces  publics, sites forestiers, les espaces verts…)  et la liste est longue  des nuisances que nous verront plus amplement dans d’autres chapitres qui vont suivre.

Aujourd’hui ,c’est déjà  demain, l’ espoir est dans le noir ,Beni-Saf  n’est plus une ville prospère, elle est en train de chasser ses enfants  qui n’ ont pas pu  et n’ ont pas su  la chérir, ni l’ aimer, ni encore la respecter c’est la malédiction qui s abat sur Beni-Saf.

BENALLAL Mohamed