Chronique du jeudi : «HADDAD PRESIDENT?»

La salle était pleine à craquer. Les premières rangées étaient occupées par des personnalités de haut rang. Des hommes d’affaires, mais aussi des Ministres et même le Premier Ministre, M. SELLAL, himself, ainsi que –comble du paradoxe !- SIDI SAID, le puissant patron de l’UGTA, suscitant une réaction au vitriol de Louisa HANOUNE contre les Membres du Gouvernement.   Les propos de Mme Hanoun montrent à quel point elle ignore l’évolution de l’Algérie. Figée dans une analyse dogmatique, elle n’a pas vu l’argent entrer puis envahir les cercles d’un pouvoir qu’elle continue à défendre à ce jour. Elle ne réalise pas encore que le changement de mœurs reflète aussi des changements dans les rapports politiques.

Tout ce beau monde attendait depuis longtemps. Mais qui pouvait faire attendre tout le Gouvernement et les notables de l’Algérie toute en entière? Ce n’était que HADDAD. Ou dois-je dire c’était le grand HADDAD? Ce n’était pourtant qu’une campagne pour l’élection du Président du FCE. Qu’a à voir SELLAL et SIDI SAID notamment avec le FCE? Décidément, les choses ont beaucoup évolué dans notre pays. Révolu le temps où il était « indécent » voire « compromettant » de s’afficher avec « la bourgeoisie locale » Après que cette bourgeoisie commence discrètement à financer les campagnes présidentielles, avant de le faire ouvertement, après que la chkara eusse dominé les assemblées communales, de Wilaya et Nationale, voila que l’argent vole carrément à la conquête directe du Pouvoir! Autrement, comment expliquer cette mise en scène d’une campagne clôturée par une « standing-ovation » alors que HADDAD est candidat unique et élu certain !
Le FCE (Forum des Chefs d’Entreprise) conçu tout d’abord à l’aune de l’ouverture démocratique issue des émeutes d’octobre 88, comme un lobby des entreprises privées, un genre de syndicat des patrons, évolue peu à peu, pour venir en 2014, s’ériger carrément en force politique non négligeable.
Les contours de son activité politique ont commencé déjà avec le second mandat du Président, où les entrepreneurs se sont affichés publiquement comme soutien indéfectible à sa candidature. Mais c’est la position ambigüe à propos du quatrième mandat – qui couta d’ailleurs, la place de Président à Réda HAMIANI – qui fut l’apothéose de l’effet politique de l’organisation.
En fait, depuis 1999, le FCE a évolué de manière fulgurante devenant entre autre, un partenaire incontournable dans les différentes tripartites. Considéré désormais, comme force politique majeure, le FCE s’est vu même courtisé vainement par le candidat malheureux BENFLIS. Lors de la conférence nationale  économique et sociale qui s’est déroulée le mardi 25 et qui s’est vue institutionnalisée par SELLAL, devenant une manifestation annuelle, le FCE a brillé et dominé les ateliers et débats.
Mais il semble que l’appétit venant en mangeant, le FCE fait montre d’une ambition nouvelle. La campagne qu’a imprégné HADDAD pour sa candidature à la tête du FCE, a l’allure d’une Présidentielle ; d’autant plus qu’il n’avait point besoin de tout cela, étant candidat unique ! Mais, peut-être n’était-ce qu’un test grandeur nature d’une élection à venir? Les Présidentielles !
Le cercle actuel du Président, à la recherche d’un candidat consensuel du système, se trouve pris au dépourvu par d’une part, l’état de santé du Président qui ne rassure point et d’autre part, le pressing de l’opposition et son intervention tout azimut pour des présidentielles anticipées. Ceci peut contraindre le Pouvoir à rechercher la solution dans ses bailleurs de fonds traditionnels. Ainsi, non seulement, il aura assuré ses arrières et protégé ses intérêts, mais en plus coupé l’herbe sous les pieds d’une opposition ambitieuse tout en consommant le mariage «pouvoir-argent » La sortie cette semaine du Président remettant brusquement l’amendement de la Constitution à l’ordre du jour en est un des prémices à des surprises politiques à venir.
Cette alliance « pouvoir-argent » a commencé bien avant, sous l’ère BELKHADEM qui fut l’un des premiers à  monnayer les places d’élus. Les postes de sénateurs et députés furent donc attribués « aux enchères » ce qui permit la prise du pouvoir législatif par le monde de la maffia politico financière, et le rançonnement des postes d’élus aura permis bien de blanchissements d’argent, notamment celui de la drogue et du racket des terroristes.
Une fois installée, l’alliance « pouvoir-argent » devait passer à la vitesse supérieure : en effet, il n’est plus question de se contenter de soutenir une force politique quelconque, alors que l’on peut carrément prendre le Pouvoir. C’est ce que finalement à commencé à comprendre le FCE et notamment son nouveau Président HADDAD. Ce dernier dont on dit qu’il a longtemps flirté avec les forces au Pouvoir, a déjà mis en place les deux outils nécessaires à une campagne présidentielle : le sport par l’achat du Club mythique de l’USMA et l’information par le lancement de chaines TV privées.
Ne dit-on pas que l’Algérie est le Pays des Miracles ? L’hypothèse de l’élection future de HADDAD en sera surement un. Un Président jeune relativement, n’appartenant pas au système ni au FLN, n’ayant pas besoin de corrompre ou d’être corrompu parce que déjà riche et enfin, permettre la transition pacifique vers une alternance au Pouvoir. Et puis, n’en déplaise à HANOUNE n’est-ce pas magnifique d’avoir son BERLOSCUNI ?

djillali@bel-abbes.inf,o