LE CONTE DU DÉPUTÉ QUI OFFENSE LE BARRAGE DE GENDARMERIE

Il était une fois dans un Pays démocratique et Populaire, dans un temps indéterminé mais pas trop lointain dans l’Histoire, un député fraîchement élu et surpris d’être arrivé à ce stade, lui qui rêvait juste de finir sa carrière en tant que Directeur d’un établissement de l’éducation.
En effet, il fut enseignant d’arabe au sein d’un CEM d’un village des Haut-Plateaux. La chance commença par lui sourire le jour de la visite du Président de la République. Alors qu’un grand nombre de commis de l’État était francophones et ne maîtrisaient pas la langue d’El Moutanebbi que chérissait particulièrement ce Président, il fut proposé au Wali de l’époque pour présenter le texte d’allocution de bienvenue. Ce qu’il fit avec un arabe châtié qu’il agrémenta d’un poème dithyrambique. Ce qui épata le Président qui lui fit appel, jusqu’à tisser un réseau de relation lui permettant d’accéder à la députation, par l’adhésion au Parti qui était unique à cette époque de ce Pays. Comme prévu donc, si le Parti – donc le Pouvoir – décide alors de te mettre dans liste des candidats, c’est que tu es élu. Il n’y a aucun problème. Ni campagne électorale, «ni de quoi être triste» comme dirait feu mon père.

Ce petit «enseignant-paysan» qui a surtout fréquenté l’école coranique traditionnelle, timide et réservé, n’était pas du tout assez intégré ni dans son milieu professionnel, ni social, ni culturel. Il passait son temps entre l’école et la maison soit un secteur d’un kilomètre-carré qui résumait toute sa géographie.
Une fois élu, notre jeune parvenu commence à découvrir le monde et ses délices. D’abord l’alcool et les femmes. Dans les bars de la ville, dans les champs. Mais le temps des complexes et des boîtes de nuit finit par arriver, les moyens de la rente le permettant aisément.
Un beau jour, alors qu’il rentrait chez lui ivre mort, au patelin des Hauts-Plateaux, il fut arrêté par un barrage de gendarmerie pour un contrôle routinier. Malheureux, offensé, outré et anxieux de ne pas être reconnu, il mit une pagaille indescriptible avant de …. Pisser sur la plaque et s’en aller furieusement.
Le responsable du barrage informa sa hiérarchie qui informa verbalement sa hiérarchie. L’information arriva, je ne sais par quel moyen au Responsable national du Darak El Watani qui demande des explications sur le motif de n’avoir pas été informé. Les décisions furent tellement parasitées par les réseaux d’influence et de népotisme que les seuls sanctionnés furent … Les gendarmes et leur chef régional.

Alors que notre député issu de petit patelin des Hauts-Plateaux continua son bonhomme de chemin plein de prétention et d’opportunisme. Ainsi, il put accéder rapidement au fauteuil de chef de tous les Députés pendant longtemps avant d’être désigné comme Vizir de plusieurs portefeuilles. Finalement, il accéda même au poste tant convoité de «Chef des Vizirs.»

Durant longtemps, alors qu’il était chef du parti toujours unique, il flirta avec des assassins qui sous l’alibi de la Religion voulaient prendre le Pouvoir dans ce Pays Démocratique et Populaire. Mais la période de disgrâce finit par arriver. Il est actuellement pestiféré, oublié même par ceux nourris à la chkara qu’il a placé dans l’Hémicycle contre des sommes mirobolantes. Mais comme il est rodé au système, il sait que parfois voire souvent, il récupère ses zouaves placés en disgrâce un certain moment. Il fait du pied à tout le monde, mais continue à être ignoré. Voire attaqué. Il reçut une volée de coups cette semaine de la part de celui qui le remplaça…
Ce député malgré lui, devenu chef des députés, puis chef des Vizirs, est tellement pieux qu’il a la marque indélébile sur le front du aux prosternations. Tellement pieux qu’il pisse ivre mort sur la plaque du Darak El Watani. Tellement pieux qu’il est parti plusieurs fois à la Mecque. Tellement pieux qu’il organise des orgies au niveau de la résidence mise à sa disposition au niveau d’une célèbre plage de l’Ouest.

Que le lecteur se rassure. Il s’agit d’un simple conte. Toute ressemblance avec une personne connue ne serait que fortuite coïncidence.

djillali@bel-abbes.info