Chronique du jeudi: LES 19: EN QUALITÉ DE QUOI ET AU NOM DE QUI?

Le buzz, cette semaine aura été sans conteste, la lettre des 19 «personnalités» nationales au Président de la République, demandant une audience, en vue de vérifier son état de santé et sa capacité de gouverner.
L’Algérie a toujours été qualifiée de «balad el Mou’jizat» (1) avec cette tendance à un narcissisme un peu trop démesuré, est en train de le confirmer malheureusement dans un sens plutôt négatif, dirai-je. Il faut admettre qu’une telle initiative a vraiment un caractère inédit.
Inédit d’abord, par la qualité des Personnalités. En qualité de quoi ces «personnalités» s’érigent-elles en «Conseil Constitutionnel» du Pays ? Pourquoi 19 et pas 10 ou 30 ou même 100? De quelle qualité peuvent-ils se revendiquer pour interpeler et le Peuple et le Président de la République? Dans toutes les démocraties du globe, les personnes agissent au nom des Partis qu’ils représentent ; alors que chez nous Louiza Hanoune qui est secrétaire d’un Parti, et faisant partie des 19 tient à contrario à préciser qu’elle agit à titre personnel et non au nom de son Parti. Ce qui accentue de la gravité de l’action.
Inédit ensuite,  par la nature de la requête: Les 19 ont tenu à préciser l’objet de leur demande d’audience. S’assurer que M. Le Président est au courant de ce qui se passe et ce qui se décide. Apparemment, il y a des décisions prises très graves et qui ne peuvent être prises par le Président à moins qu’il ait changé, et c’est ce que veulent vérifier les 19 personnalités. Elles ont en beau s’en défendre, les 19 personnalités qui sollicitent une audience au président de la République pour s’assurer de la paternité des décisions prises, mettent au centre de leur requête la fameuse «vacance de pouvoir» que certains partis d’opposition et un grand nombre d’organes de presse, mettent en exergue depuis longtemps déjà.
Enfin, inédit par la double usurpation de fonction dont se rendent coupables les 19 signataires de la «pétition» le premier niveau d’usurpation, c’est qu’ils s’érigent en médecin pour juger de facto de l’état de santé du Président de la République, le second étant le fait de prendre la place du Peuple et demander des comptes au Président de la République.
À la lumière de ce qui précède, il devient patent que le quatrième mandat dérange énormément. Il dérange non pas par l’état de santé du Président comme voudraient bien nous le faire croire les forces «dominatrices» de la scène politique nationale, mais beaucoup plus par la direction qu’est en train de prendre la préparation de la succession et donc, les prochaines présidentielles, qui décidément, aiguisent beaucoup d’appétits!
Le Président semble avoir piégé tout le monde y compris certains parmi ses plus fidèles (et qui ne l’ont pas satisfaits ?) en procédant à l’élimination de toutes les personnes et structures du Système soit pour préparer une nouvelle ère, soit pour s’assainir de toute tentative de vouloir perturber la succession et son fonctionnement. Il a également surpris tout ce beau monde dont la majorité attendait certainement des dividendes de la démarche présidentielle, mais qui a été complètement ignoré. C’est peut-être l’explication de l’hétérogénéité du groupe des 19 qui mêle Khalida TOUMI avec Madame Zohra BITAT. Cela peut également expliquer le pourquoi du refus de AIT MOKRANE Larbi de se joindre au Groupe malgré maintes sollicitations. Ce dernier eut d’ailleurs à poser des questions pertinentes auxquelles il n’eut malheureusement aucune réponse, et entre autres  celle sur l’auteur qui a rédigé la lettre.
Cela peut tout aussi expliquer que trois signataires de la lettre adressée au président de la République, ont annoncé «ne plus appartenir à cette démarche». Il s’agit en l’occurrence de Zahia YAHI, Samia ZENNADI et Rachid HADJ NACEUR qui ont annoncé leur retrait de cette démarche. Les trois se démarquent de la tournure prise par les évènements qui ont convergé vers des joutes verbales, invectives et déclarations intempestives de toutes parts auxquels ils ne veulent en aucun cas être associés. « Nous avons fait montre de naïveté politique et de précipitation», reconnaissent-ils explicitement, non sans préciser qu’ils n’ont pas agi en qualité de personnalités mais juste en tant que citoyen.
En somme les 19-3 ne sont en fait qu’un groupe informel qui veut une rencontre informelle pour vérifier si des groupes informels ne se sont pas accaparés les pouvoirs formels. Pour le compte de qui agissent-ils ?…….

djillali@bel-abbes.info

 

(1)  “Pays des miracles”