NOSTALGIE:VOYAGE DE MERCIER-LACOMBE À SFISEF

 Mercier-Lacombe est un centre de colonisation créé en 1874 dans le Département d’Oran, Arrondissement de Sidi-Bel-Abbè devenu centre commercial d’une importante région agricole : betteraves et vignes, usines de produits chimiques, raffinerie de sucre.

Avant d’arriver à Mercier-Lacombe, lorgnons un clin sur le Sfisef d’aujourd’hui, vu à partir de la demeure de Khalti FAFA (Allah Yerhamha) dont la maison située au nord-ouest de la ville s’aggrippe tant bien que mal au flanc du Mont de Ouled Sliman, au pied des Souabria. De là, la ville s’étend avec flemmardise sur toute la plaine, la vue panoramique est plus précise qu’une photo satellite : On y voit notamment les silos morts-nés de la CCLS, Le stade Municipal et au loin le mausolée de Sidi-Adbelkader qui pourtant se trouve à plus de 5 kilomètres, présageant la frontière des « Refafsa ». Lègèrement à droite, l’huilerie s’impose comme un vestige, se mariant mal avec la nouvelle station d’essence de Naftal.

Un peu à droite, la ferme que s’est appropriée Zouhri s’impose tel un monument, bien encadré par « Firmet biri » et les abattoirs. La vallée des jardins a complètement disparue laissant place à du béton mal gerbés, à l’instar de toutes les villes du Pays, sauvée dans son prestige par l’inégalable pépinière tapie au bord du chemin de M’Cid. Si l’on détourne l’œil d’un cran vers l’ouest, c’est la fameuse sucrerie qui capte notre attention. En face, sur les collines, surplombe douar ‘Sidi Yahia moulkhmiss’, lieu préféré de l’Emir Abdelkder pour ses différentes haltes pour se reposer sous l’ombrage des térebinthes et se désaltérer de l’eau pure de la source antique, qui à ce jour alimente les vergers avoisinants. Quand le général Clauzel pénétra la cité de Mascara, l’Emir ordonna à ses troupes de rejoindre ‘Sidi yahia moulkhmiss’ pour une revue des effectifs, avant d’entamer la route vers les abords de la ville d’Oran. A proximité de ce lieu paradisiaque, à quelques centaines de mètres, se dresse douar ‘Elglamines’ avec leur figue de barbarie, leurs oliviers, leurs «  Snaouber » qui nous rappellent la fameuse embuscade du « monument » qui, en 1957 cibla de hauts officiers de l’armée de l’occupant venus précéder De Gaulle qui devait se rendre à S’Hamda (Ain adden) De cette opération, naquit la légende de « Djelloul El M’Randi »

Au Flanc nord est, s’érige le pittoresque « village santa », la ‘kasba’ de sfisef, qui, de par sa particularité architecturale, où sont entassées sur le premier flanc abrupt de la forêt ‘guetarnia’ des constructions faites de pierres des champs et de glaise, s’impose à la vue sur le flanc nord-est de la ville, n’arrivant pas à masquer douar ‘Essouabria’ et le camp de repos du docteur Guichard. Du sommet, on arrive à distinguer ‘Djebel Lalla Robba’ au milieu de la plaine du M’cid.

« Village Reliaud », Riou pour les autochtones, un des plus grands quartiers de la ville, achève le prolongement Sud-ouest. Dans ce quartier est construit le stade mythique du village, « Auguste Payri » auparavant, et « Benhada Miloud », dit ‘petit miloud’, à l’indépendance. Chahid, ayant porté les couleurs du WACML.

A gauche de ma position, se trouvent les vergers de Khalti Fafa, mitoyens de « l’arsousse » (les sources) d’où les maraudeurs sont chassés par Ammi Belakhdar à coup de gourdins. Il est vrai que les raisins délicieux ne pouvaient laissés aucun indifférent. «  Les sources » qui tirent leur nom de la présence de sept sources (celle de Aïn Bent Soltane étant la plus réputée) est une clairière où il faisait bon de faire sa sieste pour l’ensemble des jeunes du village qui viennent chercher la quiétude et le calme surtout durant la canicule des mois de juillet et Août, l’eau à 4° C. alors que la température à l’extérieur est de 38°C.

Le cimetière Musulman, garnit les hauteurs de la source. En empruntant la descente vers le centre de cette agréable cité, sur la gauche s’installe le mausolée ‘Sidi Yahia’, le saint du village. Sidi Yahia ould Ziane, descendant des Idrissides a rejoint en 1525 la tribu des Ouled Slimane des Béni Hillel . Ces derniers, venant du djebel Amor, prirent place et lieu de la tribu berbère des ‘Médiouna’. Ils opérèrent à un véritable massacre.

Tout doucement, et après le lieu saint, l’agréable salle de musique communale ne passe pas inaperçue avec ses deux clefs de sol flanquées au milieu des deux vantaux de sa porte d’entrée. Enfin, en arrivant à la limite de notre descente marquant l’entrée du quartier des jardins, sont construit le centre de santé et la petite fromagerie du ‘bleu de Mercier’, aujourd’hui transformée en une unité de santé publique, au même titre que la salle de musique. Quand la décadence s’installe, la culture prend la fuite.

En s’approchant de la mairie, on se remémore dans la nostalgie, la salle de cinéma ‘le SPLENDID’, puis ‘El WIDAD’ à l’indépendance, qui a vécu l’histoire du 7è art du muet à la projection scoop et couleurs. Elle fut accaparée, démolie et remplacée par une habitation privée.

L’hôtel de ville avec sa superbe architecture, était planté au milieu des espaces verts où le gazon était majoritaire. Tout près, se dressent les deux colosses millénaires, classés en 1912 comme sites naturels à caractère artistique. Ce classement, poussa le gouverneur général de l’Algérie colonisée à exiger la préservation des deux spécimens. Ainsi, on aménagea un somptueux parc des loisirs avec toutes ses commodités de détente entre autres, un petit théâtre de verdure, des balançoires pour les enfants, deux aires de pétanque. Toutes ses activités se faisaient sous l’ombrage des deux térébinthes dont les parapluies atteignaient les 25m de diamètre. Aujourd’hui, le parc des loisirs a été complétement détruit pour laisser place en plein centre ville à une autre unité de santé publique larguant toutes ses nuisances aux millénaires. Ses deux entités muettes qui gardent au secret leur tristesse vieillissent dans l’indifférence totale.

Droit en face, en plein centre, on ne peut éviter le superbe kiosque (l’équivalent de place Carnot) avec ses imposants palmiers et la Grande Rue où Bouhriz déambulait chaque jour avec sa « poucette » de « Faba » (fèves bouillies) qu’il vendait après les avoir aspergées de kemmoun dans un bout de journal, à 4 sous la ration, sans s’empêcher de lancer une dyatribe au vitriol sur une de ses connaissances, au client qui n’a acheté au fait, que pour ça !

Flash-back :

Le nom de Mercier-Lacombe a été donné au village à cause de : Mercier-Lacombe Nicolas, dit Gustave, né le 13 mai 1815 au château des Chabroulies à Hautefort (24). Ses parents étaient amis de Bugeaud. Licence en droit à Paris, un roman publié. C’est un jugement qui lui a permis de rajouter Lacombe à son nom de Mercier puisque son grand père, médecin et riche propriétaire terrien, s’auto-titrait Sieur de Lacombe avant la Révolution. Directeur des Affaires civiles (équivalent de Préfet) de la province d’Oran le 1er septembre 1847, Secrétaire général du gouvernement de l’Algérie (n° 3 du territoire) le 8 février 1849. Préfet du Var le 4.3.1853 Directeur général des Services civils en Algérie (n°2 de la colonie derrière le Gouverneur général) chargé de l’administration du département d’Alger le 12 décembre 1860. Conseiller d’Etat le 22.12.60. Il se marie en 1862 à Alger avec la fille du Consul général d’Angleterre, bien plus jeune que lui, et dont il a une fille unique née en 1863 à Alger. Remplacé le 5 septembre 1864.

A sa mort, en 1874, son nom est donné à ce Village par le conseil général d’Oran sur proposition de son neveu Jean Baptiste Nouvion, préfet d’Oran. Mercier-Lacombe est devenu Sfisef.

Cependant, il faut signaler que la localité –si on peut l’appeler ainsi – existait déjà avant la colonisation et ne concernait pas le Sfisef actuel, mais plutôt la région s’étalant entre les actuels « M’cid-Tiliouin-Mostefa Ben Brahim- Boudjebha »

Deux décrets en date des 8 juillet 1885 et 2 novembre 1905 l’ont érigé en commune de plein exercice, alors qu’elle faisait partie de la commune mixte de la Mekerra.

Cette commune de plein exercice de l’arrondissement de Sidi-Bel-Abbès et son hameau de Mouley-Abdel Kader devenu Boulet (Mostefa Ben Brahim), fut créée en 1874 avec un territoire de 2 130 ha, agrandi par la suite sur 2 332 ha en plaines et montagnes.

Avec une altitude de 550 m, le village est situé dans une cuvette à l’est du djebel Ouled-Sliman et au sud du djebel Guétarnia sur la route de Relizane au Maroc en passant par Mascara et Sidi-Bel-Abbès. Des sources abondantes donnaient une eau d’excellente qualité. Températures de 10 °C au-dessus de zéro en hiver avec, en été, une chaleur étouffante atteignant 38 °C.

En 1887, quelques années après sa création, Mercier-Lacombe était déjà une grosse bourgade de la commune mixte de la Mekerra, qui s’étendait jusqu’à Ténira et réunissait une population de 14 325 habitants des douars environnants.

Au début du siècle, Mercier-Lacombe avait déjà un vignoble de 700 ha donnant 12 000 hectolitres d’un vin rouge très apprécié pour sa forte coloration et une teneur alcoolique voisine de 13° à 14° apportées par des cépages comme le carignan, le mourvèdre, le morastel et l’alicante-bouschet.

Du fait de leur évolution vers la viticulture, ces agriculteurs employaient une nombreuse main-d’oeuvre autochtone venue des douars environnants. Ce nouveau vignoble de 3 800 ha était alors partagé entre 64 viticulteurs parmi lesquels de nombreux descendants de ceux qui étaient déjà à Mercier-Lacombe à la fin du xixe siècle. Cultivant en moyenne, selon leurs traditions et leurs conceptions, une soixantaine d’hectares, chacun de ces agriculteurs vivaient et faisaient vivre de la vigne une nombreuse population locale à laquelle ils distribuaient des salaires, certes toujours insuffisants.

En 1956, sur ses 3 800 ha de vignes, Mercier-Lacombe produisait 170 554 hectolitres de vin dont 8 856 de vin blanc, soit en moyenne 44 hectolitres par hectare.En 1946, 10 ha de betteraves sucrières étaient cultivés à titre expérimental. En 1953, l’unique sucrerie d’Afrique du Nord était construite à Mercier-Lacombe. Ce projet répondait à divers besoins mis en évidence par le souvenir de la grande pénurie de sucre qui affecta l’Algérie durant la Seconde Guerre mondiale :

- Importance du sucre dans l’alimentation des populations musulmanes et accroissement constant de la consommation ; 57000 tonnes en 1948, 142 000 tonnes en 1953.

- Nécessaire augmentation de la productivité des sols.

- Diversification de la production agricole par ajout d’une culture industrielle.

- Industrialisation de l’Algérie par le biais d’une culture non irriguée introduite dans la rotation des cultures avec la suppression des frais d’entretien de la jachère.

- Intéressement des agriculteurs musulmans à la production de betteraves.

Le bilan économique de trois campagnes se soldait par la culture de 8500 hectares de betteraves avec la production de 7000 tonnes de sucre et le versement de salaires agricoles et industriels. La sucrerie Bruguier et Cie, comme toutes les autres activités agricoles avait sa place à Mercier-Lacombe. Dans un pays où aujourd’hui la seule ressource pétrolière procure 95 % du revenu national, la vigne, support d’une économie diversifiée, fut arrachée en 1962. Avec elle, disparaissaient : betteraves, oliviers, sorgho, maïs et autres cultures vivrières. A Mercier-Lacombe, durant la campagne 1955-1956, il y eut 78 agriculteurs dont 50 propriétaires musulmans qui investirent dans la betterave à sucre cultivée sans recourir à l’irrigation. La betterave offrait alors des perspectives de diversification et d’industrialisation tout en répondant à une importante demande en sucre de la population. La succession des événements d’Algérie ne permit pas la poursuite d’une initiative qui, par le rôle qu’elle pouvait jouer dans la fixation de la main-d’oeuvre, le désherbage et la productivité des sols, répondait pourtant à l’urgente nécessité de combler des besoins alimentaires. Avec la suppression de ces productions auxquelles les Algériens sont très attachés, le pays se privait d’une industrie sucrière qui lui fait toujours défaut. Une trentaine d’années après l’indépendance, les coteaux du Dahra se couvraient de nouveaux ceps de vigne. Cependant en 1993, il n’y avait plus le même accompagnement scientifique, technologique, les laboratoires d’analyse, les infrastructures de conservation et de transport. Le marché international s’était ouvert à d’autres producteurs.

Mais Mercier-Lacombe, c’est aussi les épidémies et notamment celle du Typhus qui affecta en 1941 une grande partie de la population. Durant cette funeste période de l’armistice, le village, déjà affaibli par les rigueurs du ravitaillement en produits de première nécessité : semoule, sucre, viande, pommes de terre, dut faire face à ce fléau. Une lugubre atmosphère de deuil s’imposait à tous ceux qui traversaient ce centre où toutes les familles avaient un ou plusieurs de leurs membres en soins à la maison ou dans les hôpitaux. Une légende réelle accompagna cette tragédie : Il est raconté en effet, que Fliou –le feu follet de l’époque – a survécu au virus après avoir été embarqué avec d’autres cadavres dans une charrette qui déversait les corps sans vie dans la décharge publique (El 3Adi) sise sur la route de M’Cid. Il retourna tout seul au village complètement guéri, après 48 heures passées comme mort, dans la décharge !

Hadj FLIOU ne mourut qu’en…. 1995 à un âge environ centenaire !

Le lecteur trouvera ci-dessous la vision qu’avait le Colonisateur pour décrire cette région. Il y relèvera des informations utiles, des descriptions précises certes, mais empreintes de tant de paternalisme, de mépris vis-à-vis des autochtones (indigènes) que de suffisance propre aux Colons.

« Mercier-Lacombe se trouve à 38 kilomètres de Sidi-bel-Abbès, qui est la sous-préfecture dont ce canton dépend administrativement et est traversé par la route nationale n° 7 de Relizane à la frontière de Maroc.

Mercier-Lacombe jouit d’un climat assez agréable. Sans être trop froid l’hiver, il est tonifié par l’air léger qui passe sur les sommets voisins recouverts dès la mi-décembre d’une épaisse couche de neige ; les automnes et les printemps y sont délicieux ; la saison d’été y est évidemment pénible mais, en dépit de son éloignement considérable de la mer, Mercier-Lacombe est ventilé par des brises fraîches et les nuits sont assez tempérées pour qu’on y puisse goûter un sommeil réparateur.

Mercier-Lacombe, dont le port de mer le plus proche est Oran, est desservi par une ligne de chemin de fer du réseau algérien de l’Etat. Ce tronçon est l’amorce d’une voie latérale qui prendra rapidement une grande importante. La superficie totale de Mercier-Lacombe est de 12 293 hectares. Tandis que la population totale du canton est de 5 638 habitants, dont

981 Français , 530 étrangers, 4147 indigènes

Celle de l’agglomération proprement dite est de 3156 habitants dont 758 Français d’origine, 430 étrangers et 1908 indigènes.

Un important marché duquel les colons et les indigènes viennent suivre les transactions de fort loin, a lieu le mardi de chaque semaine.

Mercier-Lacombe possède une justice de paix importante où se jugent de très nombreuses affaires ainsi qu’un tribunal répressif indigène. (Remarquez le terme « répressif » (NDLR) » L’exercice de la justice y est assuré par un juge de paix et deux suppléants. Une école communale de garçons et une école communale de filles à plusieurs classes dispensent l’instruction à de nombreux petits élèves qui en suivent assidûment les cours ; une classe indigène a été également créée et est fréquentée (remarquez la ségrégation (NDLR)). Un bureau de poste avec télégraphe et téléphone fait notamment, les jours de marché, de nombreuses opérations de toute nature. Mercier-Lacombe est le siège d’une brigade de gendarmerie, d’une brigade de gardes des Eaux et forêt, et possède une maison, d’arrêt (sic). Y sont attachés également les auxiliaires de la justice dont leurs attributions nécessitent la présence au chef-lieu de canton : greffier-notaire, huissier, interprète.

Le commerce y est florissant et Mercier-Lacombe constitue déjà un centre d’approvisionnement d’une réelle importance et qui, d’ailleurs, va croissant ; quelques industries y prospèrent, on note l’existence de minoteries assez importantes, d’un moulin à huile, d’une scierie mécanique.

Des lignes d’autobus fort commodes relient Mercier-Lacombe à Sidi-bel-Abbès et aux autres localités environnantes, créant un mouvement de transactions et d’affaires dont chaque année voit s’augmenter l’intensité.

Somme toute Mercier-Lacombe, tant par sa situation géographique que par le développement progressif de l’agriculture dans les vastes étendues qui l’entourent est appelé à un essor et à une prospérité auxquels il faut espérer que les Pouvoirs publics sauront aider dans toute la mesure de leurs moyens puissants. »

C’est ainsi que s’exprime la nostalgie des colons.

Sfisef garde jusqu’à aujourd’hui les stigmates de la politique sécessionniste du colonisateur. La population composée de multiples tribus originaires des douars avoisinants, se noie dans des luttes continuelles (heureusement pacifiques) sur la volonté de s’approprier l’appartenance exclusive. Les tribus les plus proches (Beni-tala, Glamines, S’hamda, Laabana, Souabria, Reffafsa) se réclament Ouled Slimane d’origine, déniant cette appartenance à ceux issus des tribus un peu plus lointaines (Djaafra, Hassasna et Beni mernayen)

Ce clivage touche jusqu’au Foot-ball où l’on a le CRBS actuel né de l’association du WACML et du HRML. Mais le chabab se réclame l’enfant légitime du glorieux WACML, lui-même descendant du fameux CCML (Croissant Club de Mercier Lacombe), équipe de footballeurs montée par la force des bras par les militants de l’étoile nord africaine en 1934. L’administration coloniale a toujours dressé son veto pour son non affiliation au niveau de la ligue régionale pour ne pas faire de l’ombre au club européen le MLS( Mercier Lacombe Sport). En 1948, des militants du PPA en activité clandestine et des scouts musulmans Algériens, avec l’aide de certains dirigeants de l’illustre USMBA, entre autre Ouhibi Said , dit Ould El Makoudi que le WACML vit le jour et affilié à la ligue régionale en 1947. Dans l’écusson du club, chaque lettre portait une étoile dorée, et qui voulait signifiait Wahran Alger Constantine. L’empreinte de l’ENA et du PPA était présente. Gloire aux martyrs du WACML (Benhada Miloud, Hama Mezouari et Mokdad Mohamed). A l’indépendance reprit le chemin des stades, et participa au critérium de 1963. Quelques annèes après est né le Hillal pour symboliser le CCML.

Sfisef avait son Derwiche. Un aliéné qui, dans les années 70, arpentait durant toute la journée, sans lassitude, toutes les artères de la ville en criant prémonitoirement : « vous êtes une nation dépravée ! » (Kaoum khasra !) Il portait allègrement ce sobriquet.

Sfisef avait aussi ses bandits d’honneur : Il y avait « Zanclo » le colosse qui ne faisait de mal à personne et qui fut la première personne qui s’aperçut du danger du Zambretto frelaté et a pu sauver beaucoup de vies. Le drame aurait été plus cruel, sans sa vigilance et sa connaissance du Zambretto. Il y avait également Hamma la Cigogne le géant au cœur de chou.

Somme toute, Mercier-Lacombe redevint Sfisef dès l’indépendance. Elle a perdu son sucre, son « Bleu de Mercier » son « Anisette » ses vins, son agriculture, sa ligne de chemin de fer ; elle a gagné son CEG Frantz-Fanon (le premier de la Wilaya en dehors du Chef-lieu) ses lycées, ses centres de formation professionnelle, son Hopital, sa maternité, son centre de colonie de vacances, son centre de repos pour les insuffisants respiratoires.

Elle a gagné une génération d’artistes (Silem, Kadid, Hamdad..) sa génération d’intellectuels (Mrabet, Rahal, Reffas, Fliou, Y.O.A….) sa génération de sportifs (Kada Gnaoui, Yahia Nigrou, Borteliza, Zouhri, Ahmed Jen et ses fils, Aissa Baro, les Frères Bourzig, les Frères Bouharaoua Mekika, ….)

Sfisef c’est aussi la malvie, le chômage : aucun investissement industriel créateur d’emploi depuis l’indépendance, à contrario suppression d’emploi existants (sucrerie notamment) Les jeunes –s’ils n’ont pas « émigrés » vers d’autres cieux plus cléments -, n’ont que le stade Benhadda Miloud, la mosquée, ou le Zembretto. Le choix est trop limité.

Tous ceux qui ont eu la chance de poursuivre leurs études et ils sont nombreux n’y retournent plus. A l’image des petits villages européens, la population à terme ne sera constituée que de vieux, à moins d’une réaction des pouvoirs publics pour des investissements créateurs d’emplois.

Des générations de viticulteurs :

Parmi les noms des viticulteurs de 1956, nous retrouvons ceux des fils ou des petits-fils de quelques-uns des agriculteurs de la fin du xixe siècle : MM. Mohamed Bentekhici, Jacques et Joseph Cervera, André Celle, Henri et Marcel Lafforgue, Lakri Lahssen, Henri et Roger Laval, Vincent Lopez, Paul Marsan, Amédée, Henri et Marcel Mauris, Mékika Abdel-Khader, Hubert Nouzille, Mohamed Oussouas, Mme Roger Payri née Rosan, Eugène Pérez, Eugène et Georges Perret, Mme Anne-Marie Picard, Charles et Lucien Picard, Odile Picard, Mme veuve Edmond Reliaud.

IMAGE À LA UNE: Sidi Yahia Ould Ziane.