Mohamed Smaïn : “la prison algérienne est faite pour humilier les gens”

Le militant des droits de l’Homme Mohamed Smaïn, incarcéré le 19 juin dernier, a été libéré ce vendredi 6 juillet, à la faveur de la traditionnelle grâce présidentielle du 5 juillet. « J’ai été gracié comme tout le monde avec les gens détenus pour des délits de droit commun », déclare‑t‑il à TSA quelques heures après sa libération. « J’ai dénoncé des criminels ! » rappelle‑t‑il, estimant avoir été injustement incarcéré à leur place.

Les 18 jours passés en prison n’ont toutefois pas entamé sa volonté de poursuivre sa lutte pour la défense des droits de l’Homme. « Je serai militant des droits de l’Homme jusqu’à la fin de mes jours. C’est ce que j’ai dit d’ailleurs au procureur, dans son bureau », affirme‑t‑il.
Après son séjour en prison, Mohamed Smaïn tient absolument à dénoncer les conditions dans lesquelles vit la population carcérale en Algérie. « La prison, chez nous, est faite pour humilier les gens », assure‑t‑il. Les personnes sont traitées comme des bêtes et sont violentées quand elles réclament leurs droits, selon lui. « J’ai constaté des choses incroyables et catastrophiques. Vous avez par exemple une salle de détention conçue pour une quinzaine de personnes mais où on en entasse une cinquantaine. Elles dorment alors à tour de rôle », raconte‑t‑il.
L’affaire de cet ancien vice‑président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’Homme (Laddh) remonte à 2001, quand il avait découvert un charnier à Relizane, la ville où il habite. Mohamed Smaïn alerte la gendarmerie avant de prendre contact avec la presse pour dénoncer l’affaire.
Certains responsables mis en cause l’attaquent alors en justice pour « diffamation », « outrage » et « dénonciation de crimes imaginaires ». Mohamed Smaïn a finalement été condamné par la Cour suprême d’Alger à deux mois de prison ferme, 50 000 DA d’amende et 10 000 DA de dédommagement. Il tiendra prochainement une conférence presse à Alger.