IVRESSE ET SOBRIÉTÉ

Depuis toujours les mots français SOBRIÉTÉ et ÉBRIÉTÉ allaient de paire avec le mot IVRONERIE et faisait office de son contraire. Mais, les mots ont une dynamique et peuvent muer en fonction de l’évolution de leurs environnements. Tel est le destin des sobres.

Aujourd’hui, en France en particulier et en Europe en général, SOBRIÉTÉ et ÉBRIÉTÉ riment désormais avec ÉNERGIE et le sobre n’est plus ce Jacot policé qui n’appuie pas trop sur la bouteille, il est plutôt un citoyen modèle qui appuie suffisamment sur le bouton du disjoncteur, celui qui prend le transport en commun au lieu de sa voiture, qui baisse la température du chauffe-eau et le chauffage, qui brûle du boit au lieu du fuel, qui n’abuse pas de la lumière en dehors de celle du jour.

Il n’échappe à personne que cette mue sémantique forcée, l’Europe la doit à Poutine. Elle est l’effet boomerang des sanctions que le vieux continent froid a voulu imposer au géant énergétique pour plier sa volonté belliqueuse. mais on ne jette pas la pierre à l’autre quand on a une maison en verre dit l’adage, et on ne fait pas de folie sans en payer le prix fort. Conséquence immédiate de cette politique suicidaire: pénurie de bois dans l’un des continent les plus pourvu en forêts. Il faut, pour en avoir dans son atre, faire sa commande et attendre en moyenne un mois pour être livrer! Qui l’aurait cru il y’a seulement quelques mois?

Le malheur des uns fait le bonheur des autres, dit l’autre adage. Et la sobriété énergétique de l’homme du nord fait l’ivresse gazeuse de l’homme du sud. Merci Poutine pour nous avoir sauvé d’un naufrage certains. Mille fois merci.

Comparaison n’est pas raison, c’est vrai, mais elle permet quand même d’ouvrir les yeux sur certaines réalités. À y voir de près, la nôtre par exemple n’est pas très triste, elle peut même susciter quelques jalousies. Nous avons comme don de Dieu tout le nécessaire qui peut faire notre petit bonheur. C’est vrai que nous n’avons pas 1000 fromages, des vêtements de marque, des Bugatti ou des Rolex dans nos commerce, mais nous avons de la bonne terre, du soleil, des toits soutenus, de quoi nous chauffer et de quoi circuler à bas coût et de quoi ne pas mourir de faim. Nous avons de quoi satisfaire ce que les épicuriens appellent les plaisirs nécessaires, ceux qui, pour eux, garantissent le bonheur. Il suffit de s’en contenter et rendre grâce à Dieu pour sa grande générosité.