LE MONDE ARABE, RÉALITÉ OU FICTION?

Il me semble que l’on se trompe sur la portée conceptuelle de ce monde en le prenant pour ce qu’il n’est pas, c’est-à-dire une réalité.

Le Monde Arabe n’est qu’une fiction politique, une subjectivité qui n’a pas, qui n’a jamais eu, et qui n’aura jamais de traduction dans le réel. Il n’est pas le produit d’une concertation négociée qui se serait conclue par un accord des volontés des pays qui sont supposés le composer. Il n’est pas non plus une union qui résulterait d’un traité signé par les pays arabes et qui porte un projet commun, des engagements et des obligations commune, avec des institutions établies et stables, des conventions et des accords supra-nationaux. Ce monde n’est rien au fond. Il n’est qu’une prétention, qu’une peau de banane.

Il est une fiction créée par la pensée occidentale dans sa volonté de distinguer et d’opposer son monde, le monde judéo-chrétien, des autres mondes, notamment le monde orthodoxe, le monde arabe, le monde musulman, le monde chinois, le monde indien et l’Afrique, prenant comme critères de distinction, des valeurs culturelles opposées, voir contradictoires et conflictuelles, qui différencient tous ces mondes, sans pour autant leur attribuer les statuts d’unions.

À l’intérieur du monde arabe fantasmé il y’a plusieurs mondes qui s’opposent et qui ne parviennent pas à s’empêcher de se confronter en permanence, de se faire des guerres sans fin et de s’allier à des ennemis. Il y’a le Maghreb et le Machrek que rien ne réunit en dehors de la religion musulmane. Il y’a les monarchies et républiques qui, se voyant menacés mutuellement, se vouent une haine profonde qui les pousse à des alliances et à des compromissions contre nature. Il y’a les progressistes et les conservateurs. Bref il y’a au sein de ce monde de très grandes contradictions et des oppositions trop nombreuses, trop profondes qui rendent insignifiants et qui réduisent à néant les deux seuls facteurs sur lesquels on voudrait fonder une union: la langue et la religion.

Et même dans ces mondes qui sont supposés composer le grand monde arabe, les divisions sont trop profondes pour permettre une union. Les pays du Maghreb sont dans un conflit qui s’éternise et ceux du Machrek ont passé sans gêne de la méfiance à la confrontation, de la confrontation à la guerre et, pire encore, à la trahisons des valeurs qu’on attribue généralement à l’Islam et à l’arabité. La destruction par les occidentaux de l’Irak n’a été possible que grâce à l’accord, l’aide et le financement des monarchies du golf, il en va ainsi de la Syrie.

Telle est la réalité de ce monde supposé, fantasmagorique et rêvé. Il ne faut pas lui attribuer des vertus qui ne sont pas dans sa nature et il ne faut rien attendre de lui puisqu’il n’est qu’une fiction, qu’une coquille vide.