Les algériens ce peuple qui préfère les « Alimentations générales » aux librairies

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Lire, ce verbe ne se conjugue presque plus en Algérie. Il est remplacé depuis un certain temps par le verbe manger ou sa variante, plus raffinée, consommer. Lire, les Algériens n’ont plus le temps nécessaire pour cette activité intellectuelle. A vrai dire, ils ne trouvent plus un intérêt pour s’adonner à la lecture, cette activité qui ne rapporte presque rien… sauf du savoir et de la culture. Justement, ces deux mots ont aussi disparu du vocabulaire des Algériens, du moins de la majorité écrasante d’entre eux.

Dans les bus, les trains, les taxis ou dans les espaces publics, un Algérien qui prend un livre et lit, c’est devenu aussi rare à trouver que les métaux précieux. Un Algérien qui lit en public, c’est une scène si insolite qu’elle devrait être immortalisée par une photo. Attention, me disent mes détracteurs, les Algériens lisent, quand même, les journaux ! Certes, pas de quels journaux s’agit-il ? De la presse sensationnaliste et racoleuse qui cultive les faits divers sanguinaires en rajoutant les spéculations politiques les plus farfelues. Mais si cette presse est lue, c’est parce qu’elle a créé aussi un nouveau genre : le porno-religieux ! Un nouveau genre à la frontière du journalisme et de la littérature de bas étage où on retrouve le sexe hard, viols, amours illégitimes and Co,  interprété et commenté par les fetwas religieuses les plus ingénieuses. Bref, on l’aura compris, les Algériens aiment consommer, manger pour éprouver des sensations et des excitations fortes.

Un livre ne procure pas aux Algériens ce genre d’excitations. C’est certainement pour cela que les librairies ferment, les unes après les autres dans notre beau pays. Leur nombre se compte sur les doigts d’une main dans les grandes villes. Quant à l’intérieur ou le sud du pays, le livre n’a plus aucune voix au chapitre. Les librairies sont quasiment inexistantes ! En revanche, les magasins d’Alimentation Générale, on les trouve partout. Les boutiques de fringues aussi. Les libraires ferment, mais les supérettes poussent comme des champignons. Pour n’importe quel produit alimentaire, importé naturellement de l’étranger, et rarement fabriqué en Algérie, des queues se forment au quotidien. Les Algériens consomment, mangent tout. Ils veulent tout goûter. Leur loisir favori, se balader dans les allées des centres commerciaux. Lécher les vitrines et remplir des sacs, encore des sacs, et des chariots en produits alimentaires. Peu importe la facture à payer. Il faut acheter, manger et consommer. C’est la modernité qui le veut. L’oblige même. Un Algérien qui n’est pas encore parti faire ses courses dans ces nouveaux immenses  supermarchés, c’est un Algérien désuet qui manque cruellement de savoir-vivre, répètent en boucle les mauvaises langues.

Quant à la lecture, il faut l’oublier. Elle ne fait pas grossir le ventre, ni n’atténue la faim. Les Algériens n’ont pas faim de culture ou de savoir. Une étude internationale de l’UNESCO l’a prouvé il y a cela quelques années. En Algérie, comme dans la majorité des autres pays arabes,  la moyenne de lecture est de 6 minutes par an !  En Europe, cette durée est de 36 heures par an. Mais de ces européens, on veut leurs supérettes et jamais leurs librairies. Dans la société algérienne, le livre n’est guère une promesse d’avenir meilleur. Le livre rappelle trop le  travail et l’obstination. Pourtant, si nécessaire pour emprunter la voie de l’émergence, ces deux qualités ne trouvent pas preneur dans notre pays où les Alimentations Générales sont devenues des temples vénérés par une société.                                                                                       Abdou semmar

 

images fivres de cuisineimages  SILA

4 Replies to “Les algériens ce peuple qui préfère les « Alimentations générales » aux librairies”

  1. Il est vraiment regrettable de constater que la lecture, chez nous, continue à être le parent pauvre parmi nos occupations quotidiennes. Pourtant, la lecture –si elle est bien pratiquée- nous offre la chance d’accéder à la vie spirituelle et d’affranchir notre intelligence. Et le livre peut devenir un instrument de culture incomparable.

    C’est bien grâce à la lecture que nous pouvons nous instruire en entrant en contact avec les générations qui nous ont précédés et assimiler la somme de connaissances et d’événements accumulés durant des siècles. Ceux qui ont vécu avant nous ont dû souffrir, faire des efforts, étudier, chercher et apprendre. Et par humanité, ils ont pris la peine de relater leurs expériences dans des livres et de nous faire ainsi hériter du meilleur d’eux-mêmes.

    Mais pouvoir lire et saisir le sens de ce qu’on lit ne suffit pas pour assurer notre culture. Ce qui explique pourquoi le livre reste parfois un instrument difficile à manier. Un lecteur non averti croirait à tort que la culture est transmise abondamment par les livres. Il lit alors beaucoup mais en passant sur l’essentiel et en se noyant dans les détails secondaires.

    Ici apparaît bien sûr la nécessité pour l’école de mieux jouer son rôle. Pour bien comprendre ce qu’il lit, l’enfant doit apprendre à lire peu et lentement. Il doit s’habituer à relire systématiquement, à prendre des notes, recopier, dessiner, s’exprimer, etc. En faisant sien ce qu’il lit, il pourra retenir quelque chose et, en apprenant à extraire l’essentiel d’un texte, il s’introduira peu à peu dans cette vie intérieure et méditative qu’est la vie spirituelle.

    Chez l’enfant, une vérité n’est significative que s’il l’a conquise lui-même et un savoir n’est réellement acquis que s’il a eu à l’éclairer par son effort personnel. Aussi, se faire faire un devoir ou recourir au «copier/coller» ne lui sert-il donc pratiquement à rien.

    La lecture devrait être considérée comme un véritable culte et ressentie comme un besoin fondamental. Et nos enfants, admis en classe supérieure ou orientés vers la formation professionnelle, ne devraient pas quitter l’école sans avoir acquis le goût et l’art de la lecture.

    Djelloul

    1. Parmi les lecteurs, pensent qu’ils sont les seuls à détenir la vérité,malheureusement à chaque fois qu’on essaie d’élever le débat et apporter sa pierre à l’édifice on se fait insulter, ce qui veut dire ou t’es de connivence avec moi ou t’es contre moi, et c’est là ou le bas blesse.On doit s’écouter et donner son point de vue peu ou proue, ce qui me dérange c’est qu’on est tout le temps près à sauter sur son prochain pour lui envoyer une diatribe d’insultes que je désapprouve,dommage mais je trouve qu’on est un peuple agressif depuis la nuit des temps et ça ne va pas changer de sitôt,à bon entendeur salam.

      1. Monsieur Hakim, bonsoir !
        Ce que chacun de nous appelle «vérité», c’est tout simplement sa propre façon de voir les choses. Et la vérité, elle, ne commence à apparaître en fait que lorsqu’il y a confrontation de différentes façons de voir les choses. Quant aux insultes, elles ne doivent pas nous affecter outre mesure car elles ne sont après tout que l’argument de celui qui ne trouve rien à dire.
        Bonne fin de soirée !

  2. c’est tout à fait vrai! la lecture s’est èclipsè depuis bien longtemps,c’est dècevable de constater qu’une toute petite minoritè de gens continue à lire! c’est dire que le livre est devenu une chose “rare” en ces temps

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