BELMADI OU L’ACHARNEMENT QUI FRISE LE RIDICULE

Le célèbre journaliste qui fume du thé et reste éveillé vient, comme d’habitude, de nous gratifier d’une belle chronique qu’il a dédié à l’entraîneur de l’équipe nationale de football, Djamel Belmadi le bien nommé. Dommage pour les arabophone qui ne comprennent pas le message et la finesse de ce gros nounours à la barbichette grisonnante, qui ne parle jamais pour ne rien dire comme le font généralement ceux à qui ils prêtent une oreille attentive et qui sont légion.

Il a donné à sa chronique un titre évocateur :. ” LE CINTRAT EST LANCÉ”. On devine à travers ce titre, et sans aller au bout de la diatribe, que le chroniqueur du Le Soir d’Algérie laisse supposer qu’il y’aurait une force occulte qui voudrait la tête du coach et qui, pour exécuter son plan, aurait lâché ses tueurs à gages sur la toile.

Hakim Laalam fait de la politique. Il sait que dans notre pays le football est un enjeu majeur. En conséquence, il joue son rôle. Mais peut-être qu’il exagère un peu en suggérant l’existence d’un complot ourdi contre un homme, certes d’un grand talent, mais qui, ayant atteint le sommet, ne peut plus que descendre et qui, après une série de succès, il a cumulé les échecs sans pouvoir relever la tête à temps. L’intelligence voudrait que le grand seigneur raccroche les crampons tant qu’il est debout, car une fois à terre, ce serait la grande humiliation qui fera qu’on oublie tous ses exploits pour ne garder en mémoire que ses échecs.

Hafid Darraji, journaliste sportif émérite, lui aussi met de la sienne. Après avoir défendu Belmadi avec acharnement, le voici qui rallie le camp de plus en plus grand de ceux qui demandent son départ. Certains reprochent à Derraji ce qu’ils considèrent comme un retournement de veste, mais leurs avis ne valent pas grand chose à coté de sa sentence, lui étant un professionnel et eux de simples profanes amateurs.

La logique voudrait que Belmadi raccroche les crampons, ai-je dit. Plus que la logique, le bons sens juridique.

Quel est en effet le statut légal, la nature du contrat juridique et moral qui le lie, non seulement à ses employeurs, mais aussi aux passionnés du ballon rond?

Je n’entre pas dans la polémique judiciaire, non encore résolue par la cour suprême, relative à la nature des contrats de ce genre: sont-ils des contrats de travail ou des contrats d’entreprise. La question est très technique et nécessite un développement que ne permet pas cet espace.

Je m’arrête sur un autre aspect, celui qui intéresse la situation en cause : Qu’il soit un travailleur ou un entrepreneur, Belmadi est-il tenu par une obligation de moyen ou par une obligation de résultat. La réponse à cette question est déterminante.

Il est connu dans le monde du travail, si l’on considère Belmadi comme un travailleur, que les contrats de travail sont ou des contrats normaux ou des contrats de performance. Dans les premiers, le travailleur ne négocie pas les conditions de travail ni son salaire. Il adhère à celles prédéterminées par son patron. Dans les seconds c’est tout-à-fait le contraire: le travailleur qu’on recrute pour ses capacités particulières, pour des objectifs déterminés, est exigeant et négocie des conditions parfois extravagantes. En contrepartie de quoi, il est révoqué si les objectifs ne sont pas atteints.

Évidement, si l’on considère que Belmadi est lié par un contrat d’entreprise, dans ce cas la question de savoir s’il est tenu par une obligation de moyen ou par une obligation de résultat ne se pose pas.

Vu l’indépendance dont il jouit et qui lui permet tout, jusqu’à défier les puissants et de faire preuve d’une certaine arrogance.

Vu le salaire mensuel extraordinaire qu’il touche en dehors des primes et des avantages en natures.

En conséquence de quoi il est incontestable que l’entraîneur de l’équipe nationale est tenu vis-à-vis de ses employeurs ainsi que de la foultitude des fans d’une obligation de résultat.

Reste la question de savoir si les résultats sont là depuis que sont contrat a été renouvelé et si les objectifs sont atteints.