Les lampions sont désormais éteints. Les perles et les lapsus de SELLAL itou. Coluche aurait dit : «Les carottes sont cuites!» Que j’eusse voté pour lui ou pas, cela ne change rien puisque maintenant nous avons un Président et il faut en tirer les conclusions.
La première – à mon humble avis – c’est que la démocratie a fait un grand pas. Qu’on le veuille ou pas, l’évolution est visible. Plus de transparence – même si ce n’est pas assez – plus de concurrence, plus de programmes.
La seconde c’est que les jeunes ont envoyé un message sérieux et grave, à travers le jeune loup, le Docteur BELAID, inconnu au bataillon et qui se place à la troisième place, reléguant loin derrière, la pourtant habituée HANOUNE.
Enfin, la troisième est relative à l’absence de cette culture démocratique chez les électeurs, incapables encore de lire et opter pour un programme. Malheureusement et pour longtemps, on continuera à voter pour la Personne, pour sa personnalité, pour son Histoire et sa notoriété et non pour son programme.
Ceci étant, qu’est-il attendu du Président ?
Il faut préciser que le Président aura d’abord à résoudre une équation à deux inconnues : Satisfaire son ego qui veut qu’il doit entrer dans le Panthéon de l’Histoire. Pour cela, il doit nécessairement mener l’Algérie vers un État de droit et de Liberté, emprunt de démocratie authentique. Mais le pourra-t-il face à la seconde inconnue qui est caractérisée par son entourage et tous ceux qui ont mené campagne pour le quatrième mandat et qui voudraient en tirer les dividendes et notamment en pérennisant le système pourvoyeur de rente.
Monsieur SELLAL avait dit qu’en 1999, « BOUTEFLIKA a pris trois engagements majeurs :
– « Ramener la Paix et c’est fait ;
– Redonner à l’Algérie sa place dans le concert des nations et c’est fait
– Relancer l’économie, assurer le développement et transférer le pouvoir à la nouvelle génération, et c’est l’objectif du quatrième mandat »
Le problème maintenant n’est plus de tergiverser sur la fraude ou pas fraude, sur les regrets d’un tel candidat ou tel autre, car, le Conseil Constitutionnel a avalisé les résultats, et le Président est celui de l’ensemble des Algériens. Par conséquent, c’est à cet ensemble qu’il doit désormais rendre compte et tenir compte de leurs attentes et préoccupations.
Et ces attentes sont nombreuses et multiples :
Il est attendu de lui notamment de préparer la passation des pouvoirs au profit de la nouvelle génération et de faire table rase sur la fameuse «légitimité révolutionnaire » Il n’y a qu’une seule légitimité, c’est celle du Peuple. Il est temps d’instaurer la deuxième république.
Il est attendu de lui de mettre fin à l’utilisation au profit d’une caste du sigle du FLN, propriété de la Nation et du Peuple tout entier. S’approprier ce sigle est un vol, une usurpation pire que le colonialisme.
Il est attendu de lui de réviser la Constitution pour juste limiter les mandats présidentiels pour encourager l’alternance au pouvoir et éviter tout risque de dictature. Il doit veiller à respecter le choix du Peuple en soumettant le projet à un référendum.
Il doit moraliser la Société en montrant sa disponibilité à lutter contre la corruption de manière effective et non populiste avec des simples déclarations. En mettant en place un système permettant une indépendance totale de la justice. En expurgeant des fonctions de l’État toute personne dont la moralité est soumise juste à des doutes, car à ce niveau là, la suspicion est déjà une faute.
Il doit donner plus d’autonomie aux régions à travers les pouvoirs accrus des élus locaux. Garantir la liberté de la presse et des opinions. Ouvrir le champ politique et notamment à travers l’ouverture du champ audiovisuel. Permettre aux partis agréés légalement d’activer normalement. En finir avec le clientélisme et le corporatisme tant au niveau des hautes fonctions de l’État qu’au niveau de l’administration et entreprises publiques.
Refonder l’enseignement supérieur et la recherche scientifique, après le préalable de la refonte du système éducatif gangréné par les « cours particuliers » véritables rançonnement des élèves et de leurs parents.
Le Président doit respecter son engagement électoral de son premier mandat en mettant en place une stratégie d’un véritable développement économique vecteur de la création de richesses et de valeur ajoutée, pour mettre à l’abri définitivement le Pays des risques de la fin du pétrole. Le Président doit encourager l’investissement créateur d’emplois pérennes et en finir avec les dispositifs rentiers qui ne devaient être que des mesures transitoires, tel celui de l’ANSEJ. Il devient patent que le seul moyen de sortir de la Gouvernance par la rente est de redonner au travail sa valeur, dans un État de droit.
Mais, tout cela peut-il réellement le faire face à deux handicaps majeurs?
– Son état de santé qui ne lui a même pas permis d’aller au bout de son discours d’investiture;
– La cassure provoquée avec l’opposition sera-t-elle réparée pour pouvoir mettre en œuvre une constitution consensuelle.
Les jours à venir sous enseigneront certainement sur le choix qu’aurait fait le Président. A ce moment là, chacun aura à méditer sur le choix qu’il aura fait lors du scrutin. Honnêtement, avec le dilemme de sa conscience.
djillali@bel-abbes.info.