Chronique du jeudi:PRÉSIDENTIELLES & PRINTEMPS ARABE «VERY BAD TRYP 4»

Au cinéma de Hollywood, la tradition fait que les superproductions ayant du succès, font l’objet de tournage de suites. Ainsi fut le cas notamment pour le film «le parrain» suivi du 2, 3 et 4 ; celui de la «guerre des étoiles», « Derrière les lignes ennemis», « Condamned » et récemment «Expendables » Cette façon de faire générant beaucoup de chiffres d’affaires dans le showbiz, s’étendit sur les séries qui font un véritable tabac. C’est le cas notamment de « Prison break» qui connut 4 saisons, de «Lost» et de «24 heures» qui est – je crois – à plus de 20 saisons .
Mais il est généralement admis que la première version est généralement la meilleure. Et souvent, les suites constituent de véritables bides. Ainsi en est-il du film « very bad tryp » qui connut à sa première sortie un véritable succès qui pousse son producteur à lancer le « 2 » qui fut accueilli avec beaucoup moins de fougue par les cinéphiles adeptes des comédies. Et quand les producteurs ne savent pas détecter le signal, ils commettent l’inévitable en produisant le «3» et la gifle retentit. Ce fut un véritable bide. Les recettes générées ne suffirent même pas à couvrir les frais de production.
En politique, les mêmes règles de jeu ont tendance à être appliquées; qu’il s’agisse d’agitation à l’image des «printemps arabes» qui sont à leur 5ème saison en Syrie, ou de mandats présidentiels.
C’est ce que vient de nous rappeler le Président OBAMA dans un entretien avec le comédien Zach Galifianakis acteur de ce film qui rapporta dix fois son budget dans sa première sortie.
«Ça doit craindre de ne pas pouvoir être candidat une troisième fois» à la présidence, a alors hasardé M. Galifianakis. Le 22e amendement de la Constitution américaine, adopté en 1947, limite à deux le nombre de mandats présidentiels. «Non, je pense que c’est une bonne idée», a répondu M. Obama, sans se départir de son sérieux. «Une troisième fois, ce serait comme faire un troisième «Very bad trip». Ça n’a pas tellement marché, non?», a-t-il ajouté.
Le Président OBAMA considère qu’un troisième mandat serait un «bide» pour encore une fois, montrer que la redondance en tout domaine est rébarbative.
Sinon, comment interpréter cette sortie de l’Arabie Saoudite au sein du Conseil de Coopération des Pays du Golfe (CCG)? Comment expliquer que l’Arabie Saoudite décide subitement avec le reste des Pays de ce Conseil de rappeler son ambassadeur au Qatar?
La montée en cadence de la diplomatie de l’Arabie Saoudite au sein du Conseil de coopération du Golfe (CCG) est significative d’un nouvel équilibre que se profile dans le Monde Arabe.
L’Arabie Saoudite qui a été accusée de sponsor de l’islamisme radical qui a permis la création des «Talibans » ensuite d’El Qaïda, a été supplanté par le Qatar sur décision des USA, soucieux de préserver leurs intérêts.
Mais le Qatar dont la mégalomanie est inversement proportionnelle à sa taille, se surpasse et parraine – s’il ne pilote pas – les conflits dans le monde arabe ayant abouti à ce qui est désormais appelé pompeusement « printemps arabe »
Cependant, le Royaume Wahhabite a vite compris que cette démarche pouvait se retourner contre lui, d’ailleurs les prémices de révoltes ont surgi dans diverses contrées de l’Arabie, menée par des islamistes de la confrérie des Frères Musulmans et de Hamas. Cela a suffi pour déclencher la sonnette d’alarme et pour éviter le sort de l’arroseur arrosé, le Royaume a sitôt fait de se rebiffer.
Cela a commencé d’abord à demander au Qatar dans le cadre du CCG de retirer son soutien aux Frères Musulmans d’Egypte, mais le vieux roi d’Arabie Saoudite a mal calculé sa colère puisque Tamin a refusé d’obtempérer aux injonctions du CGC repassé entre les mains de Riyad.

Le roi d’Arabie Saoudite avait également exigé de Tamin le rappel à l’ordre de sa chaîne Al-Jazeera qui, selon lui, menace la stabilité des régimes arabes autant que les groupes terroristes en devenant l’outil privilégié des “printemps arabes” dont elle a récupéré les retombées populaires, en aidant les islamistes à spolier les révoltes contre les dictateurs Ben Ali, Moubarak, Kadhafi et en cours en Syrie.
« Le Qatar comme l’Arabie Saoudite et les autres membres du CGC, ont une même aversion pour la démocratie et les élections libres. L’Arabie Saoudite en s’en prenant au Qatar a atteint deux objectifs : Récupérer sa place de leader dans la région, soutenir la contre-révolution dans les pays du printemps arabe et éradiquer les Frères musulmans suspectés par le chef des services des Etats arabes unis (EAU) de participer au complot visant à remplacer les dynasties du Golfe par un “néo-califat” dont les Frères musulmans égyptiens seraient le noyau central avec le Hamas palestinien » Telle est l’analyse faite récemment par un observateur.
Les wahhabites jouent donc à fond la carte des anti-Frères en Égypte et ailleurs. Le prêt bonifié de 12 Milliards à l’Egypte qui a chassé Morsi et les Frères musulmans, a confirmé cette alliance de l’Arabie pour de nouveaux équilibres dans la région, voire dans le monde arabe. A la stratégie islamiste “révolutionnaire-subversive” du Qatar, la dynastie des Saoud, les Emirats, le Koweït, Oman et Bahreïn, opposent dorénavant la stratégie wahhabite conventionnelle qui s’accommode de régimes dictatoriaux.
En réalité, le danger extrême ressenti par l’Arabie Saoudite et qui était attendu, c’est que le Printemps Arabe usité par ailleurs et qui n’a jusqu’à présent épargné que quelques Pays dont l’Algérie, a vite fait de s’annoncer subrepticement, dans les Pays du Golfe. D’abord au Yémen qui n’en finit pas de la Guerre Civile et surtout au Bahrein, où la lutte ente Chiites et Sunnites fait rage, et fait lourdement trembler la Monarchie, pourtant ancestrale.
D’autant plus grave, les révoltes ont également touché l’ultra conservateur Royaume d’Arabie où plusieurs contrées ont connu des vagues de contestation ayant engendré des accrochages armés. S’ensuivit une grande campagne d’arrestation des activistes islamistes proches des Frères et du Hamas palestinien.
L’action du Royaume Wahhabite ne s’arrête pas là. Sa décision de déclarer le Mouvement des Frères Musulmans comme «organisation terroriste» met en exergue le degré de crainte ressenti par le Royaume pour sa survie, et pimente son scénario initial.
S’il est donc patent que le glas commence à sonner pour le printemps Arabe, quid du Qatar? En effet, face à cette contestation du leadership artificiel de ce micro-Etat sur le Monde Arabe, de surcroît de la part de Pays supposés être frères et liés par des intérêts communs. Comment réagira le Qatar ?
En tout état de cause, il semble qu’un nouvel ordre dans les équilibres du Monde Arabe est en train de se mettre en branle. L’Algérie doit profiter de cette nouvelle situation qui la place en pôle position de par ses positions antérieures, qui rejoignent à quelques nuances près, celles de l’Arabie Saoudite. La présence de Lamamra à la tête de la diplomatie réconforte, mais le quatrième mandat risque de faire ombrage.
En somme, la 5ème saison du printemps arabe s’est avérée un navet en Syrie et menace le scénario d’un psychodrame qui sera joué sur l’estrade du Royaume wahhabite. Tout comme la quatrième saison du mandat présidentiel en production et qui risque d’être le «bide» à l’instar de « very bad trip3 »

djillali@bel-abbes.info.

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