CONTRE LE FEU, TOUT PARI EST PERDANT !

Partout sur la planète, l’été dernier était chaud. Plus chaud que ceux qui l’ont précédé et moins chaud que ceux qui lui succéderont. C’est la conséquence d’un réchauffement climatique que l’humanité divisée peine à maîtriser, affirment les scientifiques.

Presque tous les pays du monde ont connu des feux de forêts, certains plus géants que les autres et plus meurtriers. Tout le pourtour méditerranéen a pris feu, faisant 62 morts au Portugal, et 8 en Turquie. Aux USA, la Californie à elle seule a connu 42 morts, des milliers de kilomètres carrés perdus et des milliers d’habitations brulées. Même dans la froide Sibérie, un seul feu de forêt géant a émis, dit-on, plus de dioxyde de carbone qu’en Allemagne durant toute une année.

Et, bien sûr, en Algérie aussi le feu de forêt a fait des ravages. Évidement. Naturellement.

Mais, alors que partout dans le monde on a expliqué ces incendies exceptionnels par un climat de plus en plus chaud, qui est au-dessus des prévisions humaines, au-dessus de leurs moyens les plus grands et les plus sophistiqués, au-dessus de leurs résistances les plus acharnées, en Algérie on a brillé par des justifications kafkaïenne de tout genre: des fois c’était la main étrangère, des fois c’était celle de l’État pyromane, des fois c’était les arabes qui brûlent les Kabyles ou les Kabyles qui brûlent les arabes, mais jamais par la génération spontanée (qui est pourtant la plus probable), ou à cause des débris de verre dans une décharge sauvage implantée au milieu d’une forêt, ou à cause d’un mégot jeté par un chauffeur imprudent.

On avait beau essayer d’expliquer que dans ce domaine l’Algérie ne peut pas faire une exception mondiale et que partout les mêmes causes produisent toujours les mêmes effets. Mais c’était prêcher chez les fanatiques, les complotistes têtus, les convaincus absolus de leurs bêtises.

Cette année, partout, trop tôt, l’été annonce la couleur. En France notemment. En Algérie inéluctablement.

Mais imaginons que Dieu nous épargne cette année ? Dira-t-on alors que la main étrangère est coupée ou que l’État pyromane a subi une thérapie ou que les arabes et les Kabyles se sont réconciliés ou que les décharges sauvages de forêts sont définitivement éradiquées et que l’automobiliste algérien est devenu un être civilisé?

Bien sûr que rien de tout cela n’adviendra. Et bien sûr que les fanatiques, les complotistes, les cons et les imprudents seront toujours là pour développer leurs théories contre-nature. Leurs théories stupides.