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Jacques Vergès : ‘Le bien aimé, le mal aimé…Une légende.’

Byould ziane 2

Août 18, 2013

 

Par: Dr.Driss REFFAS

Je tenais  à rendre hommage à un homme qui vient de quitter tranquillement sans bruit, ni discours ce bas monde. Critiqué ou encensé, maître Vergès était  un homme affranchi, dont  ses nobles valeurs lui dictaient sa conduite. Il ne savait pas mentir dans ses plaidoiries, il touchait du doigt « l’ignorance » des magistrats. Il n’avait  pas peur de celui d’en face, il le tournait souvent en dérision avec acuité conjugué à un calme et une simplicité embarrassante. Il fut un grand avocat  animé d’un courage convaincant qui faisait douter ses adversaires. De sa bouche s’extériorisait  l’opprimé, parfois le « coupable » pour dénoncer les origines de son « crime » quand la raison d’état voulait l’étouffer.  Le  communiste de Prague avait épousé sans préalables les causes justes, ceux des peuples qui ont pris les armes pour rétablir l’ordre ancestral bafoué  par le jeu des « maîtres du monde » : L’impérialisme. Pendant la guerre d’Algérie, maître Vergès avait opté pour La «défense de rupture», système de plaidoirie  circonstanciel qui  consistait  à faire le procès du tribunal au lieu et place de la défense de l’accusé. Cette attitude purement politique, visait à  mobiliser l’opinion publique internationale sur la dénomination de « terroriste » telle qu’elle était établie par le colonisateur. Il avait  défendu les militants du FLN, « terroriste » pour le gouvernement Français en mettant en œuvre avec perspicacité,  sa tactique déroutante qui se résumait  à nier toute légitimité aux tribunaux militaires, de là à confronter farouchement  les actes des membres de l’organisation civile du FLN à ceux de l’armée coloniale. Cette façon de procéder a créé un sentiment d’affinité au sein de l’opinion internationale, surtout progressiste pour la cause Algérienne. Tous les condamnés à mort qu’il avait défendus n’ont pas été exécutés, entre autre Djamila Bouhired  qui deviendra son épouse par la suite.

Pour définir à autrui sa vision par rapport à sa profession, il répétait souvent la phrase symbolique d’Aragon : ‘ Y’ a pas à tortiller du cul pour chier droit ’. Sur ce point  qui révèle le sens aigu dans son approche des faits, maître Charrière Bournazel, ancien président du conseil national des barreaux de France précisa : « Il exigeait de ses clients la revendication pleine et entière de leurs actes, pour en expliquer l’enchaînement comme dans une tragédie grecque et pour décrypter les passions qui sont les nôtres. Il y a d’autres grands avocats, mais lui avait une liberté de propos et une indépendance qui le caractérisaient. Il ne faisait pas de compromis, il ne passait pas entre les gouttes. Il faisait face, avec courage ».

Maître Vergès, avait épousé dans sa profondeur la cause palestinienne, et avait pris la défense de l’OLP à sa tête son ami Yasser Arafat. Il avait décrypté le danger que représentait le sionisme, l’enfant terrible du nazisme. Il avait pris aussi du recul pour  aborder la logique du danger de la « doctrine » sioniste qui sévit à ce jour sur le monde arabo-musulman. En prenant la défense du nazi Klaus Barbie à travers une « choquante » plaidoirie pour les concernés, il avait  tout simplement donné un cours magistral  sur la moralité de l’histoire des ghettos qui se confond avec celle de Sabra et Chatila et bien après avec celle de Gaza. Dans ce contexte bien précis, maître Alain  Lévy, président de la fédération nationale des déportés et internés (Parisien du 16-8-2013) a déclaré : « il s’est servi du procès Barbie pour faire le procès de la colonisation ». C’est bien dommage pour cet avocat juif qui est à mes yeux un mauvais élève en histoire, car le procès de la colonisation a été bien étalé à l’opinion publique par maître Vergès  pendant la guerre d’Algérie. Le procès de Barbie est une réponse cinglante à la justice internationale : ‘Condamner Barbie pour crimes contre l’humanité, il faut le faire aussi pour Sharon et l’état d’Israël’. Existe-t-il une différence entre les enfants d’Izieux et ceux de Sabra et Chatila ? Non maître Levy, un enfant n’a pas de nationalité, son identité c’est l’innocence. C’était le véritable message de maître Vergès. Là, il avait chié droit avec un bras d’honneur au sionisme juif qui ne plaidera jamais coupable avec la complicité du conseil de sécurité. Merci maître.