Journée du chahid: Le comte Henri Quievreux de Quevrain, un maire royaliste de Telagh

La date de la commémoration de la journée du chahid intervient quelques jours avant l’anniversaire, oublié ou occulté , du martyr d’un brillant militant de la cause de libération nationale à Telagh. Il s’agit du martyr du comte Henri Quievreux de Quevrain dernier maire de Telagh , avant l’indépendance du pays.

Quievreux de Quevrain, le maire royaliste de Telagh

En février 1962, la guerre d’Algérie est à un tournant décisif :les émissaires du GPRA rencontrent les représentants du gouvernement français aux Rousses en vue de finaliser les négociations devant aboutir à l’indépendance de l’Algérie. Tentant de saborder le processus de paix, l’Organisation armée secrète (OAS) multiplie les attentats contre les populations arabes et les Européens favorables à l’indépendance algérienne.

A Oran ; les commandos OAS inaugurent une campagne d’assassinats, d’enlèvements et de sabotages. Le 22 février, Quievreux de Quevrain ex-maire de la commune de Telagh incarcéré à la maison d’arrêt d’Oran pour son appui à la cause du peuple algérien est enlevé par les tueurs de l’OAS et assassiné.

Le comte du Telagh.

Issu de l’ancienne noblesse du nord de la France, la famille de Quievreux de Quevrain est venu s’établir dans la région ou elle devint propriétaire de plusieurs domaines agricoles devinrent est connu à ses débuts comme un militant monarchiste, Il aurait été le coordinateur du mouvement monarchiste en Algérie entre les deux guerres. Militant de l’Action Française, organisation royaliste d’extrême droite, il figure dans l’almanach de l’Action Française de 1935.

Proche du gouvernement de Vichy pendant la Seconde Guerre mondiale, l’Action Française a été discréditée à la Libération, Quievreux de quievtain , fortement inquiété pour ses velléités de collaboration dont s’était coupable le mouvement monarchiste durant la deuxième guerre mondiale, Quievreux de Quevrain dut mettre un holà à ses activités militantes. Selon des sources dignes de foi ; notamment des militants monarchistes de France, il conservait dans sa maison de Telagh toutes les archives du mouvement monarchiste de l’Oranie.

Henri Quievreux de de Quivrain:
La guerre de libération nationale va contraindre l’administration coloniale a des reformes visant à abolir le système des communes mixtes et à l’instauration du collège unique dans les 1525 communes que comptait alors l’Algérie .La solution transitoire de la Délégation spéciale cédera la place à une municipalité élue au suffrage universel, ouvert aux hommes comme aux femmes, sans distinction, avec un collège unique. Mais la guerre fait également que les dés sont à l’origine pipés . Les listes soumises au verdict des urnes sont une fois de plus fabriquées par l’administration et l’armée. En réaction certains candidats dans certaines régions se présentent sur ordre du FLN. C’est probablement le cas de la commune de Telagh ou le FLN encourage le conte Quievreux de Quievrain à se présenter aux élections municipales locales.il faut signaler que le nouveau chef de la zone V de la wilaya V dans la région de Telagh au sud de Sidi bel Abbes , le capitaine Chaib alias Dahmani Slimane rompu aux joutes électoralistes et politiciennes fait tout pour fausser les plans de l’administration coloniale dans la region du Telagh.
Et c’est ainsi que le 19 avril 1959, Henri Quievreux de Quivrain est élu – désigné ? – maire de la ville de Telagh.

Le comte Quievreux de Quievrain militant de la cause de libération nationale.
Durant la guerre de libération nationale, il se fait un point d’honneur de soulager la détresse de ses administrés « indigènes » de la commune du Telagh fortement malmenés par la répression coloniale. Les témoignages de Marc Chervel et Georges Alziaziari, officiers de l’armée française et anciens de la Résistance sont édifiants : le nouveau maire de Telagh est « un pied-noir monarchiste très soucieux du sort de ses administrés arrêtés ».[1]
Un notable actuel de la ville de Telagh se souvient de l’assistance que Quievreux de Quevrain a accordée à sa famille lorsque son père fut enlevé par les forces coloniales.
Car à Telagh , durant la guerre de libération nationale , « La torture, les exécutions sommaires se multiplient. Un certain nombre d’appelés communistes ou chrétiens, de séminaristes, de sous-officiers et d’officiers manifestent leur désaccord. »[2]
Parmi ces humanistes qui tentent de sauver l’honneur de la France, Quievreux de Quevrain dénonce haut et fort tous les dépassements de nombreux officiers de SAS particulièrement indélicats et compromis dans des actes de répression. Quievreux de Quevrain dérange l’ordre établit. Il devient pour certains milieux maffieux de l’armée urgente de s’en débarrasser. On monte alors un complot comme ont coutume de la faire les services de l’armée. Marc Chervel et Georges Alziaziari témoignent. « Ils ont cachés des documents compromettants dans une de ses fermes qu’ils ont ensuite perquisitionnée. » [3]
Le 18 Novembre 1960, Quievreux de Quevrain, dernier maire européen de Telagh est arrêté par les parachutistes .Il est accusé d’apporter de l’aide matérielle au FLN.
Marc Chervel et Georges Alziaziari, alors officier de l’armée tente d’intervenir pour arracher Quievreux de Quevrain des mains des parachutistes.  « J’interviens également, mais en vain pour soutenir le maire du Tellagh, Qievreux de Quievrain. En vain. » [4]

En définitive, Quievreux de Quevrain est transféré à Oran et incarcéré à la maison d’arrêt. Le 22 février, a la faveur de complicités du parquet d’Oran, il est enlevé par les tueurs de l’OAS . “Le samedi 13 janvier 1962, 6 tueurs d’un commando de l’OAS portant des tenues de gendarmes se présentent à la Maison d’arrêt d’Oran. Ils exhibent au greffier de la prison des documents authentiques délivrés par la justice militaire ordonnant d’extraire de la prison le détenu Henri Quievreux de Quievrain pour le présenter au juge d’instruction militaire du Tribunal permanent des forces armées (TPFA) de la ZCO d’Oran. Le prisonnier , probablement avec d’autres, est emmené, menottes aux poignets par les faux gendarmes.
Torturé durant plusieurs jours il est assassiné, probablement brûlé vif avec d’autres détenus FLN. L’historien Abdallah Righi a dressé le portrait de martyrs assassinés par l’OAS et les circonstances de leur ignoble assassinat.

Pendant quelques mois encore , les tueurs de l’OAS continueront leur sinistre campagne d’assassinats . Quelques jours apres l’assassinat du Comte Quievreux de Quievrain , le 15 mai 1962, à la sortie de Sidi-Bel-Abbès, le sous préfet musulman du Télagh “Bouakaz Zedouchir” est assassiné, alors qu’il se trouvait dans une voiture. Il était favorable au FLN. Trois autres personnes (deux européens et un musulman), qui l’accompagnaient, ont été également été tuées par cette même organisation.

Le nom du chahid quelque peu singulier qu’est le comte Henri Quievreux de Quievrain , dernier maire de Telagh est immortalisé dans le nom d’une rue d’Oran, Mais à Telagh et à Sidi bel Abbes, il reste un brillant inconnu.

Hani Abdelkader

 

[1][1] Marc Chervel et Georges Alziaziari : De la résistance aux guerres coloniales : Paris ; L’Harmattan ; 2001 :
[2]         Ibid.
[3][3]   Ibid
[4]       Ibid

3 thoughts on “Journée du chahid: Le comte Henri Quievreux de Quevrain, un maire royaliste de Telagh

  1. Et maintenant en France, les nostalgériques font les mains et les pieds pour réhabiliter les orbitons de l’OAS…..!!!! Profitant d’une certaine situation politico-économique et sociale engendrée par les amis de BHL en France, ils ont soumis les responsables -(à tous les niveaux)- à une pression politique dans le seul but de redorer le blason de cette organisation terroriste: conférences, plaques, stèles, rebaptisation de rues et monuments commémorant les assassins de l’OAS en martyrs de l’Algérie française…!!!

    Ils veulent réécrire un épisode peu glorieux de l’histoire de France, au moment, où ils nous demandent, à nous, d’oublier et de pardonner sans même présenter des excuses au peuple algérien pour les génocides, les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité qu’ils ont perpétrés pendant 132 ans et plus de colonisation…..!

    Cependant , le mot Chahid a une signification bien claire en Islam, alors ne banalisant pas ce mot en l’utilisant n’importe comment, même pour ceux qui sont morts pour la cause algérienne…!!!!

  2. J’ai l’impression que la journée du chahid est devenue un simple jour symbolique de commémoration d’un passé “presque lointain”, alors qu’elle devrait être enseignée , programmée et “gravée” dans la mémoire ,afin que la jeunesse médite le passé des Hommes morts pour sa liberté ……..Notre liberté à tous .
    Dès fois ,on ne connait le nom d’un chahid que par une petite annonce à la télé “intakala ila rahmata Allahi……..”
    Au moins ériger des stèles à la mémoire des Hommes(de toutes confessions) tombés au champ d’honneur ……..Sinon qui pourrait me dire quel serait le nombre des moudjahids morts pour la Patrie dans la wilaya Sidibelabbès ?
    Sallam

  3. QUIEVRAIN ? une très belle petite ville belge frontalière avec la france ou il fait bon vivre que du bon temps ici c’est merveilleux . quant à la journée du chahid ? j’ai déjà commenté ce sujet je laisse le soin à notre grande spécialiste en la matière de nous éclairer sur ce brave monsieur mort pour l’algérie

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