LES GYPAÈTES, LE RHÉTEUR ET LES AUTRUCHES. Scène ordinaire des travers de notre triste monde.

C’est incroyable comment les « libéraux » bon teint qui passent le plus clair de leur temps à critiquer et à dénoncer la langue de bois des politiques, s’appliquent méticuleusement à la pratiquer, avec le raffinement d’un commissaire du peuple ou d’un apparatchik orthodoxe de la belle époque géogienne de l’Union Soviétique.

C’est ce que l’on peut facilement observer dans l’éditorial que je vous joins plus bas de Marc Touati spécialiste de la tautologique « finance spéculative », publié aujourd’hui par Boursorama.

Résumons le propos de cet Einstein de la contorsion sonnante et trébuchante (niveau 8 sur l’échelle déplafonnée de Madoff) : Pour régler le problème du déficit des retraites, il faut de la croissance et pour avoir une croissance suffisante (facile !), il faut réduire la pression fiscale et les dépenses publiques. « Parallèlement », il faut redonner aux Français le pouvoir de la « liberté » et sens de la « responsabilité ».

Le tout emballé dans un solide réflexe « d’égoïsme créatif » qui remonte à un Mathusalem archéologique de l’économie : le Français « doit avoir la certitude que ces cotisations supplémentaires ne serviront pas simplement à entretenir le «mammouth» [grand merci à Claude Allègre, sublimissime socialiste jospinien devant l’Eternel !] ou à payer des personnes qui ont beaucoup moins cotisé que lui. »

Pour dire les choses crûment, il faut se débarrasser de la solidarité, pierre de touche de la politique sociale en vigueur depuis plus d’un demi-siècle.

Le même genre d’argument qui consiste à faire avaler aux citoyens du monde la logique imparable suivante: puisque vous vivez plus longtemps, il faudra travailler plus longtemps. Mais ils ne leur disent pas que pour travailler il faut trouver du boulot. sans compter que l’espérance de vie de patron (sur l’évolution de laquelle on construit ce joli raisonnement) n’a rien à voir avec celle des travailleurs sur laquelle on va l’appliquer. Or, de boulot point. Tout cela revient alors à les exploiter plus longtemps, à les mettre au chômage dès 50 piges et donc à faire baisser leurs pensions de retraite si retraite il y a, cela tombe sous le sens: aux Etas-Unis et en Allemagne on observe avec constance justement une baisse de l’espérance de vie des catégories sociales concernées…

 Avec quelle hypocrisie toutes ces choses là sont dites. Il en faut du phosphore de PDG pour pondre tout ça…

A aucun moment dans le papier du sieur Touati la « retraite par capitalisation » en substitut à la retraite par répartition n’a été évoquée. Et pourtant tout le « raisonnement » de ce génie méconnu est entièrement construit sur cette antienne, régulièrement exigée par les promoteurs de la théorie de l’offre et le patronat qui veut raser au moins un siècle de progrès social en Europe.

Rien dans les choix des politiques de droite et de gauche ne les dissuadent de croire ce projet impossible, subrepticement en œuvre depuis les années Mitterrand sous les discrètes recommandations des « visiteurs du soir »…

Les mêmes bonnes âmes charitables qui se proposent aujourd’hui de bombarder la Syrie.

N’est-ce pas pour cela que leurs mots et leurs travestissements sont identiques ?

Djeha,

Mardi 03 septembre 2013

Lire l’edito de Marc Touati paru sur boursorama ICI