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Dar Abdellatif

Profitant de la deuxième semaine des vacances scolaires du mois de mars 2014, j’ai pris la bonne décision d’emmener ma petite famille, visiter notre capitale « ALGER la BLANCHE». J’ai d’abord fait le choix de «pénétrer» par le littoral ouest indéniablement parce que l’expédition française, le 14 mai 1830 a eu ce réflexe avant moi ! Mais en ce temps lointain il n‘y avait pas de GPS ni de 3G ni même l’autoroute Est-Ouest!
Bon. J’ai donc accosté à Sidi-Fredj pour une cure de repos bien mérité et puis Staoueli, Ain-Bénian, Hammamet, Rais Hamidou, Notre dame d’Afrique via Bd Emir Khaled, Bologhine-Bab-el-Oued….et la chère Casbah d’El-Djazair ! Et là l’idée m’est venue de poser la bonne question. Connaissez-vous l’Histoire de la villa : Dar Abd-Latif ? Je venais tout simplement d’inventer le programme du jour suivant ! Je profite donc pour «partager» ce plaisir de l’Histoire de notre beau pays avec nos lecteurs.
Dar-Abdelatif, est l’histoire assez curieuse d’une maison aux couleurs de nénuphar. D’abord, il faut dire que c’est une ancienne demeure algéroise de style mauresque, édifiée sur les hauteurs d’Alger. Elle a probablement inscrit sa marque de patrimoine national en Algérie à travers la trilogie des fondations mythiques de l’Histoire comme Dar-Al-Hikma, la villa Médicis et la villa Casa de Vélasquez.

I –Un acte domanial datant de 1715.

Portant le nom du propriétaire qui l’acheta en 1795, Cette magnifique demeure était durant l’époque Ottomane une résidence pour les notables de la Casbah qui séjournaient durant l’été. Elle faisait partie du domaine Caïd Hassan dans le fahs du Hamma. Ce palais entouré de ses jardins qui font partie aujourd’hui du splendide jardin d’essai, fut construit au milieu du XVII° siècle. Entre 1715 et 1795, cette propriété fut occupée par plusieurs notables de la «régence» dont Ali Agha, Hadj Mohamed Khodja -Ministre de la marine, ensuite il eu d’autres propriétaires parmi eux, une femme ! Et enfin Sidi Mahmoud Abdelatif qui l’acheta avec le djenan des alentours pour deux milles pièces d’or. C’est donc lui, qui l’acquit, laissant aux archives de l’administration coloniale le seul acte domanial.
Durant l’invasion française en 1830, la villa fut réquisitionnée pour en faire un hôpital pour invalides de guerre allant même jusqu’à dégrader son aspect architectural. Son propriétaire le riche héritier Abdelatif-Fils, avait alors déjà écrit une première lettre au GGA, ensuite une deuxième lettre très émouvante au ministre Français de la guerre (sans doute sous les auspices d’un écrivain public). Je profite pour relater une anecdote pittoresque à nos lecteurs. Dans sa lettre, il implora les autorités françaises de rendre la villa aux héritiers orphelins mais surtout de ne pas dénaturer la conception de la Squifa (la cour) et surtout sa « sebala »(Un mot algérien qui veut dire Fi-Sabil-Allah). Naïf comme il était ! Il pensait sûrement que les Français allaient retourner chez eux et récupérer ainsi son héritage. Bien évidemment, Dar-Abdelatif devient, la propriété des domaines en payant un fermage. C’est le Gouverneur Général, lui-même qui en donna l’ordre.

II –La villa Abdlatif – Patrimoine national.

La villa, avait depuis l’occupation, hébergé près d’une centaine d’artistes peintres, sculpteurs, graveurs, architectes…mais aussi des personnalités célèbres et de renoms tels que Paul Jouve, Jacques Simon et Carl Marx.
Le Gouverneur Général de l’Algérie, Charles Jonnart, très connu par sa politique « indigénophile »de l’époque de la Nahdha, transforma cette demeure en «villa des Artistes ». Elle servait depuis ce temps comme résidence pour les peintres orientalistes de l’école d’Alger. Bizarrement, qualifiés à cette époque par l’appellation d’ «Algériens » !
Après l’indépendance, elle fut tout simplement « abandonnée » ! Pire encore elle devient une ruine. En 1967, cette villa de style arabo-mauresque a été classée monument historique sans plus. Sans doute parce que l’année de la construction de cette bâtisse remonte à 1630 ! Avant d’être l’objet d’une restauration entre 2005 à 2008. Depuis, le lieu retrouve une seconde vie grâce à des résidences d’artistes, des expositions, tout en abritant tout au long de l’année le siège social de l’Agence Algérienne pour le Rayonnement Culturel (AARC). En plus, la villa est située au bois des arcades, non loin du Musée des Beaux Arts, du Moudjahid et celui du Djeich tout près du Makam Echahid en plus bien sûr des beaux jardins d’EL-HAMMA .
Il est utile de noter que les opérations de restauration ne débutèrent qu’après le violent séisme de Boumerdes le 21 mai 2003. Et surprise de taille ! L’équipe des restaurateurs a, lors des travaux de rénovation découvert un puits de 40 mètres et un système hydraulique d’irrigation des jardins en contrebas datant de trois siècles. Selon toute vraisemblance cela ressemblerait à la foggara des oasis du sud Algérien. Cette découverte classera surement le site comme un grand repère concret.

AL-MECHERFI@BEL-ABBES.INFO