MASCARA: L’APRES SUICIDE DU DRAG

L’actualité et l’importance du sujet nous obligent à y revenir. Il s’agit du drame engendré par le suicide du DRAG de Mascara et la polémique qui s’ensuivit.
Il faut rappeler qu’il y eut spontanément une réaction de la part des collègues qui sitôt l’évènement consommé, ont observé un sit-in au siège de la DRAG. Le mouvement s’est ensuite amplifié par des voix qui ne demandaient rien d’autre que le départ du Wali.
Si le Secrétaire Général du Ministère de l’Intérieur a déclaré lors de l’enterrement du défunt à Saïda, qu’une enquête sera diligentée, il fut complètement désavoué par son Ministre DOK qui, à partir de Béjaïa, où il accompagne SELLAL, clame : « Si les journalistes veulent faire une enquête qu’ils la fassent ! Les responsables (allusion au Wali NDLR) sont obligés d’être sévères, et on ne se suicide pas, suite à des pressions de travail. »
Mais c’est beaucoup plus la réaction des citoyens de Mascara qui m’a interpelé pour aborder le présent sujet. En effet, jeudi, les citoyens se sont mobilisés pour un sit-in de soutien …. Au Wali qui, disent certains présents : « depuis qu’il est là, on sent le changement. Laissez-le travailler. Que ceux qui sont incapables de suivre sont rythme, partent ! »
Alors, le juste milieu, où est-il ? Faut-il tenir compte des susceptibilités de chacun pour faire marcher la machine, ou bien travailler et faire coûte que coûte que les objectifs soient atteints, quelque soit les conséquences?
Je crois que le meilleur moyen est de séparer les comportements. Ceux professionnels doivent obéir aux stricts critères professionnels et aux capacités de tout un chacun. Ceux personnels doivent être régis là où ils devraient l’être. Ceci éliminera probablement cette tendance qui a l’air de prendre place dans la Société Algérienne et qui a tendance à tout manipuler. Y compris le suicide.
N’a-t-on pas vu depuis EL BOUAZIZI, des menaces d’immolation parce qu’un flic nous arrêté suite à un feu rouge grillé, ou suite au refus de la banque d’octroyer un crédit ANSEJ au vu du dossier non crédible présenté ?
Alors, demander le départ d’un Wali suite au suicide d’un membre de son exécutif, alors que l’enquête judiciaire n’a pas encore révélé les véritables raisons, n’est-ce pas alors trop vite en besogne? N’es-ce pas une volonté de manipulation morbide d’un drame social ?
Nous avons pu récolter quelques témoignages sur ce Wali qui nous réconfortent dans la réponse à notre propre question. S’il est vrai que la majorité confirment la pression et la hargne qu’il met dans le suivi des dossiers, aussi minimes soient-ils, beaucoup louent son dévouement à la tâche. Un Membre de l’Exécutif nous dira : « Oui, c’est vrai qu’il nous fait beaucoup de pression, mais il faut reconnaître que cette pression est vécue double par lui-même. Car, si nous on ne peut pas soutenir cette pression chacun, comment peut-il lui supporter la pression de l’ensemble ? Sincèrement, je crois qu’il faut chercher la raison ailleurs ! »
Un autre directeur nous a affirmé que « lorsqu’il est venu à Mascara, il s’est tiré les cheveux en constatant que la Wilaya n’a consommé que 19% de son budget d’équipement, l’exercice précédent. Il nous a fixé comme objectif de réaliser 100%. »
Sur un autre registre, pourquoi, les élus se sont-ils joints aux Commis de l’Etat pour demander son départ? Il faut reconnaître que la majorité de nos élus sont cooptés pour autre chose que le travail. Alors, quand il se trouve un Wali qui fait de la pression à un Maire pour qu’il fasse son boulot, je pense que c’est le comble. Ailleurs, c’est l’inverse : Le Maire jaloux de sa commune, redevable envers ses électeurs doit tarabuster le Wali pour réaliser les projets de sa commune. Le ridicule a été atteint par ce PAPC qui reproche au Wali de la faire travailler le weekend !
Un autre membre de l’exécutif nous dira que les élus de la Wilaya n’ont jamais pardonné au Wali, le sermon qu’il leur a administré lors de la visite sur le terrain le 5 juillet dernier. En effet, cette visite qui a été entamée à 5 heures du matin et a concerné plusieurs sites de la Wilaya ayant connu des forts mouvements sociaux à l’image de la Cimenterie Lafarge de Zahana et la Zone Industrielle de Sig, a vu le Wali interpeler publiquement les élus pour leur absence sur le terrain.
Enfin, le dernier témoignage vient dun ex-membre de l’exécutif qui a quitté Mascara pour une autre Wilaya dès la venue du Wali, car dit-il : «J’ai su tout de suite que je ne pourrais pas suivre son rythme, moi, adepte de doucement le matin, pas trop vite le soir!»

djillali@bel-abbes.info