S’ABREUVER AVEC UN LIVRE , OU PÉRORER AVEC UN POLITIQUE

On ne peut y croire , c’est certainement une coïncidence , la proximité de la Wilaya ne peut être  la raison de l’ acharnement des hommes de la sécurité publique à faire évacuer le sympathique SIMO qui fait partie du décor de la cité depuis une quinzaine d’années . Ce présent article m’est inspiré par ses malheurs qui ne sont autres que la misère culturelle dans laquelle on se complet tous , comme si ce pays était exsangue de ses richesses culturelles passées et présentes
On en est plus à une aberration ou à une première incohérence de ce genre pour s’étonner de l’indifférence qu’on réserve à la culture . Pour inaugurer des centres culturels flambant-neufs , on s’agglutine tous pour parader autour des autorités qui ne s’inquiètent pas outre mesure comment gérer ces temples qui sont censés être affectés à une culture hautement valorisante. Osons regarder de prêt leur bilan d’activité ainsi que leur bilan programmatique et vous constaterez qu’en dehors de quelques festivités folkloriques entachées de valeurs populistes des plus abjectes, il n’y a rien qui puisse valoriser un engouement et une ouverture vers un univers culturel sain où la beauté et la grâce nous incitent à rêver .
     Comment s’étonner qu’on s’en prenne à ce ” bouquiniste” en omettant de s’en porter à tout l’informel qui déborde tous les secteurs , les routes et les boulevards de toutes les métropoles du pays . C’est la marque d’un système qui gère le présent comme il gère les houles d’un océan capricieux . On est plus à l’écoute des ” Chenaouas”   Du MCA ou des supporteurs de l’USMBA que du devenir culturel de nos enfants , alors que le niveau de notre enseignement inquiète toutes les chaumières du pays , ceux du haut ont les moyens d’y parer , mais dans ceux d’en bas , même avec la massification de l’école ne récolteront qu’un ersatz de savoir au rabais. Il s’étonneront ensuite que même la pratique de la Médecine est gagnée par plus que l’informel, oui des charlatans incultes , d’un autre âge activent au vu et su de tout le monde , et recommandée parfois dans des joutes religieuses , en mémoire de quelques récents défunts .
     Ignorons les vendeurs à la sauvette et les marchands de tabacs et autres , chers à monsieur HAMROUCHE , et attaquons nous au plus facile , le “Seul Bouquiniste ” qui détonne dans une ambiance où l’ignorance fait école dans l’enrichissement inexpliqué et sans contrepartie fiscale. Vous comprenez qu’un républicain ne peut justifier un mal par un autre , mais reconnaissez que le choix du SANCTIONNÉ pose un problème de conscience ? À qui accorder la priorité , au point où on en est avec l’informel , ce n’est pas le ” Bouquiniste ” qui est la priorité , c’est ceux qui régentent les stationnements automobiles , avec gilets et autres bâtons mis en évidences , c’est ceux qui envahissent les trottoirs et même les chaussées avec des planches et des caisses pour préserver leur devanture, sans compter les marchands de Grillades , en dépit de toutes les règles d’hygiènes dont les autorités sont en charge . L’informel s’est installé avec son lot d’emploi marginal qui fait concurrence à la main d’œuvre des secteurs agricoles et industriels , au point où on ose regarder du côté de l’emploi immigré . Il appartient au politique de valoriser l’emploi et  exiger une meilleur productivité de la main d’œuvre et du capital . Cela passe évidemment par la volonté politique d’éradiquer l’informel , ” d’en haut et d’en bas” et d’élever le niveau culturel de la nation par la vulgarisation du LIVRE qui ne préoccupe plus personne si l’on se réfère au nombre de librairies qui ferment faute de pouvoir assurer leur pain quotidien. Évoquer des vocations c’est encore autre chose, alors de grâce laissez- nous notre bouquiniste en attendant que l’administration consacre à ce métier toute l’attention que les grandes capitales du monde accordent à cette activité , ô combien symbolique du foisonnement culturel d’un pays . “”Paroles et Écritures”seule bibliothèque ” gérée bénévolement par une équipe de femmes dévouées , et qui forcent même le respect , vit des moments difficiles n’arrivant aucunement à équilibrer leur bilan , eu égard à l’absence de donateurs qui préfèrent l’aura d’une mosquée ou des œuvres religieuses qu’à sponsoriser l’émancipation de nos enfants par la pratique continue d’une lecture enrichissante . Si l’on en croit les rumeurs , jusqu’à ce jour , la Bibliothèque n’a pu enregistrer que trois postulants depuis la rentrée scolaire , c’est dire le manque d’intérêt que l’éducation nationale accorde à la lecture qu’elle devrait susciter en plus du programme scolaire .
                                          ” LE JOUR OÙ LES HOMMES CESSERONT D’AVOIR PEUR, ALORS ILS RECOMMENCERONT À ÉCRIRE DES CHEFS-D’ŒUVRE”.                             FAULKNER
    Abdelhamid ABDEDDAIM

11 thoughts on “S’ABREUVER AVEC UN LIVRE , OU PÉRORER AVEC UN POLITIQUE

  1. Bonjour

    Que de beaux mots! Que de belles phrases!Que de belles citations” Tant mieux pour le “soldat Simo” . A la place du “soldat” de l’informel qui prend en otage le livre “rare”, des avocats “désignés” s’insurgent pour authentifier l’informel du livre comme acte culturel à valider. Vous êtes “sauvé” soldat “SIMO”:

    1. @ yahia.s

      Très cher Monsieur

      Pour qu’il y ait otage, encore faut-il y ait des livres? Même le livre est gangrené par le ” trabendo “. Et le ” Taïwan ” , alors faut-il être rigoureux avant ou après la vente au client? Nos professionnels du livre puisent l’essentiel de leurs achats parmi les rébus des éditeurs francophones . Comment cadrer ces débordements par la loi? C’est le petit ” bouquiniste” qui paie seul pour la respecter. Il faut savoir qu’aucun intervenant n’a suggéré l’anarchie, il est seulement fait le parallèle entre deux situations paradoxales , où l’infime paie le prix de l’exemple, alors que des couteaux et les haches de toutes dimensions sont démarchés en plein boulevard de la République , au vu et au su de tous les agents de sécurité . Peut- être qu’il est préférable de laisser faire , l’approche de l’Aid nous impose de céder à la compassion ? Les articles concernés mettent seulement en évidence l’importance dérisoire qu’on accorde à la culture , et l’épée de la loi n’est opposée qu’en certaines circonstances, malheureusement dans ce cas c’est le livre qui en fait les frais. Alors que chacun fait face à sa propre conscience .

      1. Bonjour Si Belhouari B.

        Un débat autour d’un “bouquiniste” ambulant” au même titre que les jeunes qui vendaient sur les trottoirs des boulevards “CD” et “DVD” de films et chansons universelles, nous a permis d’étaler des vérités tant sur le plan de la légalité que sur l’intérêt culturel. Je le dis et je le répète que le bouquiniste était beaucoup plus intéressé par le gain que par l’intérêt culturel de “l’action”. Des années et des années sont passées, et le bouquiniste se plaisait dans l’informel sans soucier de l’avantage de son approche dans le milieu culturel. Aujourd’hui, j’apprends que le wali s’est rapproché de ce jeune pour certainement lui promettre une solution qui s’associe à la légalité(démagogie oblige).Monsieur Belhouari.B, les bouquinistes des quais de seine(Paris) se sont installés et s’installent selon un arrêté municipal et non sur intervention du préfet. Les conditions sont bien énumérées et respectées. La suite de l’article signé par Beldjillali est plein d’enseignements. On jette la pierre (pas dans le puits) dans la bonne direction et attend systématiquement la réponse souhaitée. cette dernière est venue par celui qui attendait la pierre. Ces dernières années, cette façon d’alerter l’opinion publique à Sidi Bel Abbès est bien huilée et bien entretenue à travers les réseaux sociaux ciblés. Je reprends Alphonse de Lamartine pour écrire” Le deuil de la nature convient à ma douleur et plaît à mes regards”. Certainement que monsieur le wali a saisi le clin d’oeil pour instruire monsieur le maire . A qui revient le bon point? Tant mieux pour notre bouquiniste qui va certainement quitter l’informel pour se frotter à la dure réalité. Quant aux couteaux et haches qui sont alignés sur les trottoirs, une action informelle et dangereuse permise comme d’habitude la veille de l’Aïd. A aucun moment, les étalages n’ont été inquiétés par les services de sécurité. Et pourtant la loi est très claire.Entre un couteau et un livre, je choisirai le bouquiniste.

        1. Je m’excuse mon ami Belhouari. Je termine le commentaire par : “Mes sincères amitiés.

          Aussi, je corrige la dernière phrase pour dire ‘je choisis’ à la place de ‘choisirai’. Encore une fois mes ecuses.

          1. Bonjour Monsieur Yahia. S

            Qui vous a contredit quant au respect de la loi? Vous en faites le point nodal de vos interventions et vous poussez le curseur jusqu’à porter des jugements de valeur sur les intentions intimes du “bouquiniste” . Là n’est pas le sujet , faire commerce de la chose , rien n’est moins évident . Pour une fois que la culture se distingue par l’originalité de son expression , on vient nous ressasser que la loi est au dessus de tout , on attendait que vous fassiez œuvre de pédagogie , le civisme à tous égards , étant l’assainissement morale attendue de la société . Nous nous contentons d’être satisfaits de l’issue heureuse d’une revendication légitime , même si elle dénote d’une certaine démagogie , (selon votre formulation) , l’intention et la démarche constructives sont à mettre au crédit du Wali qui a répondu aux vœux des citoyens. Nous pensions que l’adage suffisait à relativiser l’appel insistant à la loi , comme s’il eût fallu rechercher un canon de dernière génération pour s’attaquer à une nuée de moucherons. Réjouissons nous quand il faut l’être , et soyons en retrait pour les sujets de désaccord , mais ne pas bouder ce rare plaisir de constater un Wali à l’écoute .
            Je m’en voudrais d’être paternaliste, je suis juste réaliste , AVEC MES AMITIÉS ET BONNE FÊTE DE L’AID À TOUS BELHOUARI. B

            1. Salam Si Belhouari.B

              Votre commentaire réconforte mes sentiments à votre égard. Oui, vous êtes Juste, réaliste et doué d’un esprit aigu , capable d’apercevoir ce qui échappe aux autres. De vos contributions et commentaires s’exclame l’honnêteté intellectuelle conjuguée à l’humilité qui fait pâlir le plus extrême des vaniteux. Votre sagesse dénote la perfection de votre intelligence. Votre discernement entre le bien et le mal consolide la qualité du cheminement de vos analyses, Ô combien précieuses dans la recherche de la solution idoine quand il est nécessaire d’apporter un plus. Enfin, la raison demeure la pierre angulaire de vos précieux discours. L’admiration n’est qu’une infime reconnaissance à votre auguste personne. Merci pour votre précieux éclairage sur l’affaire du “bouquiniste” exposée par Beldjillali, et qui a permis à monsieur le wali de solutionner le problème. A mon tour, je ne peux que remercier monsieur le wali pour son geste en faveur du “bouquiniste”.
              Avec mes amitiés imbibées de respect à votre humble personne.

    2. Mr Yahia s. salam,
      Ni « avocat désigné »,ni « soldat de l’informel » ou quelque chose d’autre que ce soit, et il n’y aura de ma part sur ce thème ni ligue, ni procession !
      Mon écrit est juste une réaction personnelle à une situation particulière, où votre interprétation de la loi dans ce cas précis m’a interpelé, en tant que simple citoyen, parce que dans le domaine juridique, comme vous le savez, il y a « la loi » et « l’esprit de la loi », qui appellent tous deux à la nuance et au discernement!

      En prenant soin de relire attentivement mon commentaire, objet de simples propositions certes, on comprendra aisément qu’il ne s’agit ni plus ni moins que de trouver un « statut » , ou de le réhabiliter s’il n’existe déjà, à ce type d’activités qu’il convient d’encadrer, par la désignation d’un lieu pour son exercice, assorti d’un ensemble de conditions (calendrier et horaire déterminé , avec paiement d’un droit de stationnement ou de taxes forfaitaires, comme cela se fait pour certains commerces ambulants, etc).

      Aussi dans mes propos, il n’est nullement question de cautionner l’informel ou de soutenir un quelconque laxisme, mais d’inciter , auprès des autorités concernées, à l’émergence d’une solution équilibrée et raisonnable à ce cas particulier d’activités, surtout lorsqu’elles relèvent du domaine culturel qu’il faut mon sens soutenir et privilégier .

      Le cas de Salim reste de mon point de vue, par delà son aspect personnel, symptomatique et symbolique de ce type de situations dans toute gestion urbaine, notamment dans la gestion sous l’angle culturel des lieux et espaces publics, dont les trottoirs font aussi partie.
      Avec tous mes respects.

      1. Bonjour monsieur Omega.

        J’ai toujours apprécié à leurs justes valeurs vos contributions et commentaires. J’accepte avec votre point de vue qui s’inscrit dans un débat serein et propre.

        Mes respects

        1. @ Monsieur Yahia S., salam.

          Je vous remercie pour votre bienveillante appréciation sur les modestes interventions que je commets de temps à autre sur ce site et pour votre remarque pertinente sur la nécessité d’un débat serein et respectueux pour un échange de qualité entre les lecteurs.

          Je saisis cette occasion, en ce jour de fête pour tous les musulmans, pour vous souhaiter un AID EL ADHA MOUBAREK, à vous même, à votre famille et à vos proches , ainsi qu’à tous les lecteurs et lectrices, à l’administration et aux contributeurs de BAI.

  2. A Salim-le bouquiniste, tout d’abord, cette petite pensée pour atténuer un tant soit peu la souffrance évidente qu’il doit éprouver dans ce grand moment de solitude .

    « O lecteur vintage,
    ô bouquiniste de papier,
    ô survivant des greniers perdus,
    ô courageux toxicomane accro à la drogue la plus menacée du monde,
    ô valeureux protecteur de grimoires humides,
    ô merveilleux autiste littéraire,
    ô toi, toi qui sauves l’intelligence de l’oubli,
    ne guéris jamais, et continue de chérir ces tigres de papier friable pendant qu’il en est encore temps. Certains de ces titres sont d’ores et déjà introuvables dans les librairies ; d’autres sont sur le point de disparaître ; et dans quelques années, ce seront les librairies qui auront disparu, avec tous les Montag d’aujourd’hui. Dépêchons-nous de les collectionner en cachette. Sauvons les « happy few » qui peuvent encore l’être. Ralentissons le progrès de la bêtise, s’il vous plaît. » ( in « Premier Bilan Après l’Apocalypse ». Frédéric Beigbeder)

    A Mr Abdedaim ensuite, pour sa belle et remarquable réaction à l’adresse de tous ceux qui, faute d’imagination, ont lamentablement vérifié qu’ils préféraient tirer le révolver quand ils entendaient parler de culture .

    Ralentissons le progrès de la bêtise, et ralentissons aussi la progression de l’arbitraire !
    Certes , le lieu et le caractère de cette activité ne semblent pas appropriés.
    Mais formel ou informel , exercice parasite ou pas d’une activité si précaire, peu importe ! Mais de grâce, ne jetons pas le bébé avec l’eau du bain !

    Il faut que les pouvoirs publics fassent preuve de leur générosité en proposant une solution « heureuse et originale » à la situation particulière de ce bouquiniste qui apporte une touche particulière à la ville de Sidi Bel Abbès , une solution qui satisfasse la double exigence de favoriser la diffusion de cette forme particulière du livre, et de préserver les intérêts un tant soit peu économiques ( la culture n’a pas de prix, dit-on), et du bouquiniste, et de la collectivité.

    Oser ! Il faut que nos responsables locaux et municipaux innovent, dans une ville qui se fait fort d’organiser une quinzaine annuelle du livre !
    Pourquoi pas une « « rue des bouquinistes » spécialement aménagée et subventionnée en grosse partie par les responsables locaux et municipaux (Wilaya, APC), comme cela se fait dans la plupart des villes à l’étranger , comme cela nous est proposé en guise d’illustration de cet article ?

    Il demeure qu’il faut sauver Salim, qu’il faut sauver tous les « SIMO » !

    Le partage d’un article sur ce sujet par Mr Beldjillali D. et la contribution de Mr Abdedaim ci-dessus n’ont pas d’autre ambition que cette noble finalité.

    J’apporte ici mon soutien et ma signature à toute solution administrative et/ou technique qui permettrait de préserver cet aspect particulier de cette si fragile vie culturelle , dans notre chère ville en particulier.

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