Sidi Bel-Abbès, carrefour de civilisations

Nous vous reproduisons ci-dessous , un article (sans photo) non signé paru dans le quotidien horizons. Papier écrit lors du passage dans la Mekerra de la caravane touristique formée par une quarantaine de journalistes  et repris par un grand nombre de site.Rappelons que Bai en a déjà reporté sur cette virée  des journalistes dans le plat pays. Organisée par le ministère du Tourisme et de l’Artisanat en collaboration avec l’Office national du tourisme (ONT) et l’agence Timgad cette tournée éducative (EDUCTOUR) se voulait tout d’abord touristique.

De l’histoire de Sidi Bel-Abbès, on en connaît que le passage du colonisateur français, qui l’a fit baptiser “le Petit Paris”. La ville connut, en effet, durant la période coloniale, un grand développement axé principalement sur les activités agricoles. Le centre-ville était caractérisé par l’urbanisme et l’architecture néobaroque du XIXe siècle et du début du XXe. A ce titre, elle constitue un véritable musée à ciel ouvert où l’imposant néo-classique côtoie l’art nouveau et l’art déco. Mais en réalité, si la création de la ville de Sidi Bel-Abbès est relativement récente, la région a été marquée par le passage de plusieurs civilisations et ce dès l’antiquité, voire la préhistoire. Ainsi, et comme partout dans le Maghreb, les premiers habitants de la zone furent les tribus berbères qui s’établirent autour des rives de la Mekerra. Ils y développaient la culture des céréales et les maraîchages sur les riches terres de la région. La région sera par la suite marquée par le passage des Romains, des Vandales et des Byzantins. Les expéditions arabes de la fin du VIIe siècle, auxquelles les Berbères, séduits par le message égalitaire véhiculé par l’Islam, réservèrent une attitude plutôt favorable. Les historiens s’accordent à dire que la région fut intégrée dans les limites du royaume des Kharredjite de Tihert (776- 909) jusqu’à sa destruction par les Fatimides au Xe siècle. Elle connaîtra par la suite de grands mouvements de populations, avec la poussée des Banou Hillal d’abord, puis l’avènement de la dynastie des Mourabitoune (Almoravides) lancés dans un grand mouvement d’unification du Maghreb, puis d’El Mouwahidine (Almohades). Après la fin de cette dynastie, la région de Sidi Bel-Abbès fut intégrée dans le royaume des Zianides. Mais la région est aussi connue par sa zaouia Tidjania. Ras El Ma (90 kilomètres au sud de la ville de Sidi Bel-Abbès) est l’un des points stratégiques qu’empruntait Cheïkh Sidi Ahmed Tidjani pour se rendre à Boussemghoune (El Bayadh) et à Tlemcen. Les descendants de Cheïkh Sidi Ahmed Tidjani, suivant la voie ouverte par leurs ancêtres, ont également marqué de leurs empreintes l’histoire de cette Tariqa bien connue au Maghreb et en Afrique de l’Ouest. A commencer par Cheïkh Sidi Mahmoud qui put résoudre nombre de conflits entre les tribus marocaines. Ainsi, le village de Ras El Ma a-t-il acquis sa notoriété de ville de paix et vit, en 1940, la construction de la zaouia Tidjania par Cheïkh Sidi Ali. Elle devint donc la seconde ville spirituelle de la Tariqa après Aïn Madhi (Laghouat). Ces évènements n’ont pas manqué de doter la wilaya de Sidi Bel-Abbès d’un grand rayonnement cultuel. L’existence de la zaouia à Ras El Ma suscite l’intérêt de nombreux visiteurs de différentes régions du monde. Outre la zaouia Tidjania, le tourisme cultuel peut se décliner sous sa forme spirituelle, en allant à la rencontre des représentants et adeptes des nombreuses confréries, telles que El Aïssaoua qui a ses racines au Maroc, Eddarkaouya, El Alaouiya et El Kadiria. La wilaya compte également nombre de mausolées, notamment celui de Sidi M’hamed Ben Ali, à une dizaine de kilomètre du chef-lieu, sur une zone protégée marquée également par un fabuleux plan d’eau. La direction du tourisme de la wilaya de Sidi Bel-Abbès a, dans sa stratégie de développement du tourisme cultuel et de proximité basé sur l’écologie, entamé des travaux d’aménagement de ce site. “Le site compte le mausolée de Sidi M’hamed Ben Ali, un cimetière, un lac de 38 hectares et une petite forêt autour du lac. L’enveloppe consacrée à ce projet est estimée entre 35 et 40 milliards de centimes. Les travaux, qui ont débuté depuis plus de 18 mois, ont été retardés pour manque de budget. Toutefois, ils seront achevés dans une année, tout au plus”, nous explique M. Karboua Rabah, directeur du tourisme de la wilaya. L’espace sera doté de soixante-dix locaux commerciaux, d’un théâtre de verdure, d’une piscine et de deux parkings d’une capacité de 400 véhicules chacun. “Nous allons aussi aménager des aires de repos, de jeux et un terrain de pétanque”, poursuit-il. Même si le site n’est pas encore aménagé, des dizaines de familles y affluent les week-ends. D’ailleurs, M. Karboua affirme, avec fierté, que ses équipes ont enregistré 3.473 véhicules en une journée. Pour certains, c’est une occasion pour admirer un paysage tiré tout droit des cartes postales, pour d’autres, les parties de pêche sont de mise, puisque les eaux du lac renferment une importante population de carpes argentées, carpes locales et barbeau. Le canard colvert vient aussi enrichir le gibier constitué de cailles, de poules d’eau pour les amateurs de la chasse. Pour autant et comme c’est le cas dans de nombreux sites en Algérie, l’hygiène des lieux est le dernier souci des visiteurs. A Sidi M’hamed Ben Ali, la beauté du site est mise à rude épreuve puisque les rives du lac sont envahis par des sachets, pneus et autres objets hétéroclites. Après la nuit passée à l’hôtel Beni Tala, un établissement privé quatre étoiles qui a ouvert ses portes récemment, cap sur Saïda, réputée pour ses sources thermales.