Notre cité a toujours tiré vanité de son classement de « 5ème ville d’Algérie ». Construite par les colons, elle a bénéficié d’une architecture assez originale et des espaces enviables à l’image du Boulevard de la Macta, du centre ville, des cités de Fbg Thiers et de Montplaisir…
L’exode rural né de l’indépendance d’abord, de la révolution agraire ensuite et enfin de la décennie noire, a complètement détruit le plan architectural, où le système de gouvernance en place depuis 1962, pour répondre aux besoins générés, a recouru anarchiquement à des cités dortoirs, dénués de tout espace vert et d’équipements de loisirs et de culture.
Les salles de cinéma nombreuses et spécialisées ont complètement disparu de la Cité, le théâtre – fleuron de la culture bel-abbésienne, et chantre de Kateb Yacine l’exilé, pendant plus d’une décennie – et qui a vu défiler les Abderrahmane Kaki,Alloula, Slimane Benaïssa, Sonia, Keltoum….,  dépérit au fil des jours. Un cinémathèque a été construite pour fonctionner au ralenti. La bibliothèque Cheikh Kabbati, fait figure d’une relique de l’Histoire, elle qui n’a pas l’âge de trois ans.
Au-delà de la préservation du patrimoine et du butin de guerre pour lequel la jeune association « espoir » se bat laborieusement, il y a la conception de l’urbanisation qui, au lieu de faire de la Cité une métropole, la réduit à un grand Douar où Villas cossus côtoient allègrement des cités dortoirs, où des bâtiments hideux sur plusieurs étages s’alignent indéfiniment, sans aucun équipements social d’accompagnement. Les jeunes issus de ces « hameaux verticaux » ne peuvent qu’être la proie de la délinquance pour exorciser leur mal vie, leur chômage, leurs besoins. Depuis, la cannabis fait ravage, les boissons alcoolisées – prohibées dans les lieux autorisés suite à la décision de fermeture des bars, sont commercialisées à l’air libre et partout y compris dans les cages d’escalier. La situation est devenue tellement grave, que désormais, les drogues dures – cocaïne, ecstazy, héroïne – sont devenues des produits à large consommation dans la population juvénile.
L’absence d’étude d’urbanisation qui consiste normalement dans toute ville, à réserver des terrains pour les constructions collectives séparément des terrains destinés à des résidences individuelles. Les façades de ces demeures individuelles sont conçues par les services d’urbanisme de la ville et imposées à tout constructeur, qui est tenu de s’y conformer y compris pour le nombre de niveaux. Dans notre cité, on peut trouver aisément une cité résidentielle construite anarchiquement où se côtoient des villas de 5 étages à d’autres d’un seul niveau, alors que certaines restent des dizaines d’années inachevées et donnant une image d’un cancer dans un corps humain. On constatera très souvent que cette cité résidentielle se situe au beau milieu d’un essaim de bâtiments.
Cette façon de concevoir est à l’origine de nombreux effets pervers : Nous avons déjà relevé l délinquance juvénile et la consommation des drogues, génératrice de criminalité ; mais il y a également beaucoup d’autres phénomènes. Le dernier en date s’est passé il y a quelques jours, au niveau du lotissement sis au Rocher. Ce quartier résidentiel qui se trouve coincé de toutes parts par des cités dortoirs, a été le théâtre d’une ” invasion» d’une horde de  sangliers qui ont semé la panique au sein de la population durant toute la nuit et à l’aube de la journée du vendredi. Comment des sangliers ont-ils pu arriver jusque-là, quand on sait que la forêt la plus proche, lieu habituel de cette espèce animale, se situe à mille lieux de la ville!
Si les meutes de chiens errants «font la loi» dans certains quartiers de la ville où les gens ne s’y aventurent plus, le temps des sangliers est déjà là. Voila où mène la «rurbanisation»