Voix du peuple, voie de Dieu

On sait tout d’une élection présidentielle à ceux qu’elle se choisit pour candidats. Teboune, Bengrina, Mihoubi , Benflis , Belaid, voici les cinq heureux élus que la notre s’est élu. On rêvait d’un arc en ciel. On n’a qu’un camaïeu. On aurait pu avoir à choisir Bouragaa, Benbitour, El Ibrahimi, Tabou…etc, mais on n’a eu que ces cinq, nés du même utérus, portant deux uniques couleurs ; le gris et le noir.

Presque tous ont chois d’amorcer la conquête des voix du peuple en suivant la voie de Dieu. Par le chemin du grand sud. Par le sentier battu par le grand maître. Par la ruée vers Adrar, cette « capitale spirituelle », ce royaume de cheikh Bel-kbir , l’homme de foi qui bénissait les rois.

Mais pourquoi cette destination et pour quel destin ? Car les cinq concurrents n’entretiennent pas les mêmes rêves. Les uns voulant n’être qu’un petit président. D’autres voulant être le roi qui succède au roi. Bel-kbir a fait jurisprudence, il a béni un président qui est devenu roi. Et comme les saints ne meurent que physiquement leurs esprits demeurent et décident à jamais. On le croit tout au moins. Et on y va.

Sont-ils sincères dans leur choix de la spiritualité introductive ? S’adressent-ils à Dieu ou aux hommes qui mettent des bulletins dans les urnes ? Que sait-on ? Mais qu’importe, dans la mesure où il s’agit là d’hommes politiques qui font ce qu’ils savent faire de mieux : de la politique. Or sur un homme politique, ne pèse pas l’obligation de vérité ni celle de sincérité. Un homme politique qui se respecte se doit de maîtriser l’art de mentir, ou du moins de simuler, de faire comme ci.

Qu’importe le moyen quand le but est aussi grand que la magistrature suprême. Par exemple se prosterner dans un mausolée ou pleurer de chaudes larmes devant un homme de Dieu, en prenant les cameras de téléphones portables à témoins. Faire du .com en espérant une diffusion virale sur la toile. C’est une comédie peut être mais ce n’est qu’un péché mignon comparé au sang que certains sont capables de faire couler pour obtenir le Graal. L’essentiel est que le plus grand nombre voit que devant Dieu, on est humble, que la plèbe croit et les bulletins pleuvront de surcroît.

N’empêche, qu’en ces temps durs, de Poutinisation de la fonction présidentielle, pleurer, pour un prétendant à commander notre destin, est pathétique. Imagine t-on pleurer Poutine, Erdogane ou même Kais Essaid ? L’Algérie mérite mieux. Les Algériens demandent plus. On a vu par le passé cet épisode ou un président a faibli devant la difficulté. Ce qui nous causa, pour longtemps, un très grand malheur.