Le Frère musulman Mohamed Morsi a été déclaré dimanche vainqueur de la présidentielle en Egypte, devenant le premier président élu du pays depuis la chute de Hosni Moubarak en février 2011. M. Morsi a obtenu 13,230,131 de voix contre 12,347,380 à son rival Ahmad Chafiq, un ancien Premier ministre de M. Moubarak, a déclaré le président de la commission électorale, Farouk Soltan.
Ingénieur de 60 ans, diplômé d’une université américaine, c’est le premier président élu depuis la chute de Hosni Moubarak, le 11 février 2011. Il devient ainsi le premier islamiste à parvenir à la tête du pays le plus peuplé du monde arabe avec quelque 82 millions d’habitants. La victoire de M. Morsi a été saluée par une explosion de joie place Tahrir au Caire, où plusieurs dizaines de milliers de ses partisans ont crié «Allah akbar» (Dieu est le plus grand), lancé des feux d’artifice, et scandé «A bas le pouvoir militaire».
Le maréchal Hussein Tantaoui, chef du Conseil suprême des forces armées (CSFA), l’instance qui dirige le pays depuis la chute de M. Moubarak, a adressé ses félicitations au nouveau président, a rapporté la télévision d’Etat.
Selon la commission électorale, le taux de participation au second tour de cette présidentielle qui s’est tenue les 16 et 17 juin, s’est élevé à 51%. Le nombre de votants s’est élevé à 26,4 millions sur 50,9 millions d’inscrits. La participation lors du premier tour, les 23 et 24 mai, de cette première élection présidentielle depuis la chute de Hosni Moubarak en février 2011, avait été de 46%.
Vive déception dans le camp Chafiq
A l’annonce des résultats, la déception était vive au sein du camp Chafiq, qui n’avait cessé de proclamer sa victoire sur la base de résultats provisoires au cours des derniers jours. Plusieurs de ses supportrices ont hurlé, d’autres étaient en pleurs alors que des hommes se sont pris la tête entre les mains, a constaté une journaliste de l’AFP.
Le responsable de communication de la campagne de M. Chafiq, Ahmad Baraka, a refusé de commenter cette défaite. «Je suis vraiment triste», affirme Magued, un autre partisan de Chafiq. «Je ne vois pas comment l’Egypte sera représentée par cet homme et son groupe»,s’interroge-t-il. «C’est un marché conclu entre l’armée et les Frères»,déplore une supportrice qui a refusé d’être identifiée. Pour elle,«l’armée a peur que le pays s’engage dans la violene».
Une marge de manœuvre réduite
Chef du Parti de la Justice et de la Liberté (PLJ), vitrine politique des Frères, M. Morsi avait bénéficié lors de sa campagne du soutien de l’immense réseau militant des Frères, la plus importante et la mieux organisée des forces politiques du pays face au pouvoir incarné par l’armée. Fort d’une légitimité populaire, le futur président disposera toutefois d’une marge de manoeuvre très réduite face au Conseil militaire aux commandes du pays.
L’armée a en effet récupéré le pouvoir législatif après la dissolution mi-juin de l’Assemblée, contrôlée par les islamistes, suite à un jugement déclarant illégal le mode de scrutin. L’armée a promis de remettre avant le 30 juin le pouvoir exécutif au nouveau chef de l’Etat issu de l’élection présidentielle.
(AFP)
Comments are closed.