Par Abdelhamid Abdeddaïm.
« Les races sujettes n’ont pas la connaissance infuse de ce qui est bon pour elles »
Edward.W.Saïd in- l’Orientalisme.
Un jour viendra où l’élu reconnaîtra la valeur souveraine de la communauté et où il admettra les compétences propres à sauvegarder l’intérêt commun. Je me suis surpris à rêver d’une société idéale où pour exercer le pouvoir, le savoir devrait être une exigence première. L’évidence me fait dire que c’est le savoir qui donne et assoit le pouvoir et même plus encore plus grand avec plus de savoir . L’expérience et la connaissance qui en sont le suc, feront de l’administration une locomotive facile à guider dans le sens de l’itinéraire que l’on s’est assigné. Fatalement on retombe toujours sur la question du comment faire émerger les hommes de ce savoir ? Entre toutes les solutions que j’ai pu cogiter dans mes délires de rêveur, il n’y a que celle de l’urne propre et honnête qui ait satisfait mon penchant pour une démocratie libérée de tous les antagonismes religieux ou ethniques.
Au réveil le constitutionnaliste maladroit finit par être rattrapé par le quotidien fait d’angoisse et d’incertitude du lendemain, tant l’horizon ne vous laisse pas espérer un monde meilleur. Les élus sont choisis parmi ceux désignés par leur parti, eux mêmes nommés par leur hiérarchie qui juge de la qualité d’un candidat sur une base purement matérielle. Les aspects politiques, idéologiques, économiques et moraux ne sont abordés qu’à l’occasion pour faire bonne figure ou pour juger une conscience incertaine. J’aurai préféré quitter cette atmosphère morose qui ne présage rien de bon, mais la vie continue et il faut y faire face. L’habitude finit par nous mettre au diapason d’un quotidien loin d’être rose. Et là je reviens aux souffrances qu’on fait subir à ma ville et celle de mes aïeux. Oui je pense à ce lac qu’on a décidé de mutiler. Je pense à ce boulevard de l’excellence front d’un fantasme qui ne manque pas de couleurs et d’extravagance. Je pense à ces retenues d’eau pompées à grand frais puis heureusement abandonnées. Je pense à notre Université et à sa gestion tatillonne et incompétente qui fait le bonheur des tricheurs et autres plagiaires. Je pense à ce centre équestre de Mostepha Ben Brahim confié à un inamovible mythomane qui en fait une propriété personnelle, comme si l’Administration n’a aucun droit de regard sur une superficie de trente hectares, alors que le centre de Sidi-Bel-Abbès ne dispose même pas du minimum de chevaux de qualité pour le plaisir des enfants de la ville. Je pense à ce jardin public gagné par la désolation et par un manque de professionnalisme effarant. Je pense et j’en passe à cette mairie abandonnée aux pigeons, et dont les toitures sont rapiécées ne sachant que faire pour restituer son ardoise qui faisait sa distinction. Il n’y a pas si longtemps, l’histoire nous a enseigné que c’était les prisonniers Alsaciens qui en étaient les inspirateurs. Je pense et j’en passe encore à tout ce qu’on peut faire et qui n’est pas programmé, faute de projection économique pour donner du sens à notre ville, la population et l’exode rural ne faisant qu’amplifier les déboires pour en venir à un chômage de masse, l’embellie sur le marché de l’emploi n’étant qu’illusoire voilée par des PME artificielles encouragées pour une paix sociale entretenue dans la surenchère. Oui notre mairie ressemble à un pigeonnier qui fait la part belle aux colombophiles qui en admirent la façade. Quant à son jardin face à la grande mosquée, l’art floral en est totalement dépourvu, c’est à en désespérer eu égard au manque d’attention et à l’absence de rigueur dans la gestion du patrimoine et cela ne peut être qu’une posture culturelle. Vous convenez avec moi qu’il fait bon de se réfugier dans mon rêve pour la quiétude de mes sens, dans l’espoir d’une paisible longévité. Oui ma ville, coquette appelée par les troubadours chantant le « petit Paris » me donne des insomnies, séduite et abandonnée, je lui dois tout, tout ce que je suis et tout ce qui pouvait être. Oui je pense à ce théâtre qui n’a pas de nom, et où s’impose une sous-culture faite de meddah, de halqua et de tambourins. Oui je pense à notre USMBA qui végète dans les profondeurs de l’abîme et qui souffre d’une gestion sans profondeur, et sans perspective, et abandonnée à la merci d’aventuriers, que les résultats ne semblent pas dissuader, et enfin ,oui ,oui et encore oui, je pense à cette coupole qui fait la fierté de la ville par l’imposante originalité de son esquisse et qui figure dans le dictionnaire des merveilles de l’architecture moderne au même titre que les créations du Suisse « le Corbusier » ,et du Brésilien Oscar Niemeyer. N’a-t- elle pas été confiée et destinée aux commerces de bazar, et à la vente de pacotilles? En écrivant ces lignes après tant de hauts et de bas sur la route du temps avec en mémoire, notre fidèle compatriote qui donne à la nostalgie un regard vivifiant. Il se reconnaîtra, sa plume est régénérante avec en plus sa dernière contribution.