1.Au gré de mes tribulations, alors que je longeais l’esplanade de la gare ferroviaire, je fus attiré par des essaims de candidats attendant, la gorge nouée par le stress, leur tour pour passer l’examen du permis de conduire. Il est 8 heures du matin. Il y avait au minimum une centaine de candidats et une dizaine d’auto-écoles. Comme au BEF, il y avait plus de filles que de garçons. Lors de la discussion à bâtons rompus avec les «chercheurs du sésame » j’appris que la plupart étaient là pour le circuit, quelque uns seulement pour le code et le créneau. Tous disent que c’est plus de la troisième fois, alors que certains l’ont du premier coup. Ils ne comprennent pas les décisions prises par des examinateurs hautains, altiers et surtout arrogants. Je fis un tour et revins. Il est 11heures quand le premier examinateur arrive. Il entame avec le créneau. La première candidate n’a vraiment pas de chance. Elle cale et est expulsée du véhicule manu-militari.
A 11h30 arrive le second. L’air altier, toisant l’assistance, se voulant vainement la mine immarcescible, il embarque 4 candidats en même temps. Le premier démarre. Je le suis. 20 mètres plus loin, le véhicule se gare…convenablement à mon sens. Le second prend le relais. 20 mètres plus loin, il descend pour céder le volant au suivant. Je l’interpelle : « Alors, cela c’est bien passé?» «Je n’en sais rien. Il m’a juste dit : Arrête ! Je suis pressé, je dois partir ! » « Moi, je dois être là à 8 heures du matin, j’attends pendant 4 heures sous un soleil de plomb, et quand il arrive, il m’expédie en 2 minutes ! »
L’examen du permis de conduire est considéré par les uns (les candidats) comme un gage de réussite sociale et pour d’autres(les examinateurs) comme une corvée à expédier sans aucune forme de procès. Ces examinateurs qui pour la plupart viennent des wilayas limitrophes, sont souvent plus préoccupés par leurs affaires que par l’examen proprement dit. Qui les contrôle ? La Direction des transports joue-t-elle son rôle ? Il ne semble pas. Et l’on s’étonne que l’Algérie trône aux premières places des Pays les plus prolifiques en accidents de la route. Ce secteur – à l’instar des autres – n’est pas exempt de la gangrène de la corruption.
2. Radio Chaîne 3 : Maammar Djebbour anime une émission sportive où je constate avec dépit encore une fois, la course à la dilapidation de l’argent du trésor dans le cadre de la distribution de la rente. L’opération prend des proportions inquiétantes, tant l’injustice dans cette distribution fait grincer les dents partout.
Cela fait deux ans que la FAF a décidé de se mettre au diapason de ce qui se fait ailleurs, en instaurant le professionnalisme. Le cahier des charges a été établi, et les textes promulgués. Aujourd’hui, le constat est alarmant. Aucune équipe n’a trouvé de mécènes capables de constituer des SPA à partir des clubs dont dispose le Pays. On ne peut faire d’un canasson, un cheval de course me répondriez-vous.
Face à cette situation, il se trouve des clubs qui font plus de la politique que du football, et il devient indispensable de les prendre en charge d’une manière ou d’une autre. Ainsi, le cas du MCA est typique. Durant la saison écoulée, le club était menacé de rétrogradation au début du championnat, tant il se débattait dans l’insuffisance de financement. On ne saurait le permettre. Instruction est donnée alors à la SONATRACH de le prendre en charge. C’était suffisant pour que la meute des opportunistes accoure. Et on assiste à des duels à fleurets mouchetés entre Amrous, Zenir, Brahmia, … et Ghrib. Le chauffeur de qui vous savez qui devient manager du club doyen du Pays. Et quand on bricole avec l’argent du contribuable, inévitablement, les dérives. La plus grosse, la honte aura été le boycott de la distribution des médailles lors de la finale de la coupe d’Algérie.
La honte oubliée, les caisses se remplissent grâce à l’oléoduc et le MCA ouvre le bal des recrutements. Medouar et Hannachi auront beau dénoncer, rien n’y fit. J’ai été admiratif devant cette réflexion du président de l’ASO Chlef en direct à Maammar Djebbour à propos du recrutement des joueurs : « Nous, on attend que SONATRACH termine avec les salaires à 3 millions de dinars, quand elle aura terminé, on cherchera dans ce qui reste. En tout état de cause, je refuse de donner des salaires supérieurs à 1 million de dinars. Cela devient indécent ! » Il est immédiatement relayé par le boss de la JSK : « SONATRACH avait beaucoup contribué par le passé au développement du football en aidant l’ensemble des clubs ; aujourd’hui, elle est en train de les détruire tous. A chaque fois qu’on conclue avec un joueur, il revient le lendemain pour nous dire qu’on lui a ajouté 1 million de dinars. Comment voulez-vous qu’on développe le football avec cette surenchère faite avec l’argent du Trésor qui nous appartient tous » Il conclue : « Quand j’entends le mot SONATRACH, je tombe malade ! »
Il y a de quoi, lorsqu’on constate que la masse salariale mensuelle net de 30 joueurs du MCA dépasserait celle de l’ENIE qui compte plus du millier de travailleurs, avec l’IRG et la CNAS en plus !
Cette politique a fait détruire l’ensemble des clubs en dehors du MCA, de l’USMA de Haddad, du CSC de Boulahbib et Tassili Airlines et à un degré moindre l’ESS de Hammar. Le reste des clubs végètera longtemps avant de disparaître à l’image du MCO, de l’USMBA, du MCS du CAB etc….
Et l’on trouve le moyen de s’étonner qu’aucun joueur du cru n’arrive à s’imposer en équipe nationale qui continue à être alimentée par les écoles de formation françaises. Le comble c’est qu’il puisse y avoir des personnes qui sans honte, s’attaquent à l’entraîneur national au motif qu’il ne donne pas leur chance aux joueurs locaux.
3. Toujours la Chaîne 3. Alors que j’attendais les examinateurs du permis de conduire, j’eus plaisir à me délecter des paroles de Monsieur Boutarfa, le PDG de Sonelgaz invité du journal qui s’évertuait à expliquer chiffres à l’appui que cet été, il n’y aurait pas de délestage. SONELGAZ affirme-t-il, a consenti d’énormes investissements dans la construction de centrales pour satisfaire le besoin national. Plusieurs centrales seront arrêtées en hiver, faute de demande, car l’électricité ne peut être stockée.
Le hic, c’est que tout de suite après, je zappais sur la radio Bel-abbès et fut surpris par l’annonce de la Direction de distribution d’électricité de l’ouest qui informait les citoyens de coupures de courant devant intervenir durant la semaine de 9 heures à 16 heures, pour l’ensemble des localités de la Wilaya, par alternance. Le motif n’ayant pas été évoqué, s’il ne s’agit pas de délestage, c’est quoi alors ? Et dire que la salive de Bouterfa n’avait pas encore séché ! Quelques jours après, je lisais dans la presse que le PDG de SONELGAZ, son prédécesseur et une quinzaine de cadres ont été inculpés par la justice et placés sous contrôle judiciaire. Y-a-t-il une relation de cause à effet ?
Finalement, il est plus utile de jouer au foot en nocturne. Avec le salaire de fooballeur – qui est le seul salarié Algérien à ne pas cotiser à la CNAS et à ne pas payer d’IRG – on peut se permettre d’acheter le permis de conduire, un groupe électrogène et beaucoup d’autres choses!
djillali@bel-abbes.info
j’ai bien suivi votre analyse sur le foot et les « coureurs » de foot chez nous;c’est exactement ce que se reproduit chaque saison! que de lacunes et que des desastres au niveau des clubs citès! les joueurs « locaux » courent sur le terrainen « courant » derriere l’argent qui ne le mèrite pas! pauvre foot et pauvre public qui croit qu’il y’a du foot chez nous!