Le trajet Sidi-Bel-Abbès/Oran que j’effectuais plusieurs fois au cours d’un seul mois, ne me paraissait nullement transformé tellement que mon esprit s’était évadé autre part ; Mais comme par enchantement je me surprenais à remarquer que le décor avait totalement changé, et que la distance qui séparait ma ville de la seconde ville économique du pays était subitement réduite. Etrangement, je me surprenais entrain de dialoguer avec moi-même, sur un sujet qui me ramenait des années en arrière, en 1970,à 20 ans de mon âge, alors que j’effectuais mon service militaire……Etrange…, alors que j’arrivais bientôt à la fin de mon périple de trajet obligé, et qu’une réflexion s’imposait à moi. Il ne s’agissait pas d’un procès mais d’un constat inévitable, que je tenais à rebrousser, quitte à paraitre or de l’actualité..
Je constatais alors, que l’autoroute avait été terminée et qu’elle était accessible, et que très bientôt peut-être, nous pourrions l’emprunter pour nous rendre au Maroc, lorsque les décideurs le voudront !. Je remarquais que plusieurs ponts avaient transformés le paysage et que les semblants de casernement, ceux qui servaient de lieux de stockage de ciment, sable et gravier, ainsi que ceux qui servaient d’usine de transformation avaient disparus, ou se trouvaient en voie de l’être. Les groupes restreints de travailleurs chinois, semblaient ne plus exister. Oui je parle de ces bâtisseurs qui en apportant leur savoir-faire, avaient donnés une leçon de morale au monde du travail ankylosé qui était le notre. et qui avait rependu l’idée qu’aucune partie de notre pays ne serait épargné par cette bénéfique invasion chinoise. Et puis nous n’étions pas les seuls, parce qu’en se réveillant, le géant, avait décidé qu’aucun des pays africain ne serait épargné par cette invasion chinoise, car c’en est bien une.
Sans faire de politique politicienne, nous nous basons sur une cargaison d’anecdotes, drôles, illustrant ces dires, au quotidien, ici et là. Prenons quelques situations parmi celles que nous avons vécues.
Il semblerait que dans les grandes villes, certain rues commerciales devenaient, à domination chinoise. Quoi de particulier ? D’autres villes dans le monde ont leur quartier chinois sans qu’il y ait péril en la demeure. Oui mais là,, dans une rue ou des restaurant et des commerce asiatiques dominent, nous donne cette impression d’être vraiment ailleurs. Et si l’on cligne de l’œil quelques moments, l’on ne verrait qu’aucun humain d’autre origine que chinoise, des entrepôts sur lesquels figurent des inscriptions en caractères chinois, une signalétique routière en chinois. Ça oui, c’est étrange, tout de même !
Se qui est encore plus étrange, c’est que quelqu’un m’annonçait avec plaisir qu’en très peux de temps, il avait transformé sa cuisine et ses salles de bain, grâce à une main d’œuvre chinoise qui faisait un travail rapide et propre, il m’annonçait qu’un peux plus loin un chantier sur lequel ils construisent une villa qui sera certainement rapidement terminé puisqu’il font travailler leur propre main d’œuvre importée, sur des horaires 3X8, non stop. En effet, là encore, peu de main d’œuvre locale est engagée sauf peut-être pour les tâches subalternes.
On nous dit même que des femmes chinoises parlant arabe vendent et possèdent à elles seules leurs magasins. Il semblerait qu’ils ont acheté des villas et des lots de terrain ! Etrange non ? ou es-ce-que je divague ?
Comme dans toute l’Afrique, les marchés, petits ou grands, de nos villes sont envahis d’articles chinois. Faisons un tour dans les commerces de Sidi-Bel-Abbès et voyons se qui nous y est proposé, en grande partie des produits chinois, capable de défier les marques et les modes de par la présentation du produit, quand à la qualité, c’est vraiment une catastrophe. Vous risquez d’acheter à un prix élevé un produit qui ne tiendra pas une journée. et risquerait de menacer, le consommateur et son appareillage. Je fus victime de ces produits Taiwan à plusieurs reprises. En voulant ouvrir un robinet cela relevait de la prise de risques extrêmes : il vous reste dans la main et l’eau jailli avec force arrosant tout l’espace environnant en un instant. Pénétrer dans un restaurant et vous constaterez que les couverts utilisés sont de facture chinoise. Trop légers et trop fins, ils plient sur le premier morceau de viande qu’on y dépose. , Comme me disait mon ami Boumediene « Il faut être riche pour acheter chinois, vu la durée de vie de leurs articles !!! »
Dans une revue, je lisais qu’en Mauritanie, les supermarchés et l’imposante ambassade marquent immédiatement la place importante de la communauté chinoise dans ce pays. Il nous a même été rapporté qu’ils avaient obtenu la possibilité de pêcher sans limite au large des côtes mauritaniennes en échange de la construction d’infrastructures de conditionnement du poisson au port. Si bien que les bateaux chinois se positionnent de manière à placer de véritables murs de filets aux mailles si serrées qu’aucun poisson, si petit soit-il, ne peut y échapper. Des bancs entiers sont ainsi raflés sans discernement.
Il semblerait qu’à Bamako, tout le monde, chaque famille semble posséder une moto, On nous dit que ces motos arrivent en caisse de Chine, déclarées comme pièces détachées, elles sont montées sur le marché, sur les trottoirs, devant les échoppes..Examinées de plus près, ces motos ont une autre particularité : elles portent la marque autrichienne KTM sur le flan, et sur le moteur l’inscription « made in japon ». Seule la déco est bien chinoise par contre !!! Le rapporteur de cette information força le bouchon en plaisantant avec un jeune homme qui était occupé à en monter une en lui demandant si les maliens savaient lire les caractères chinois du mode d’emploi… « Pas nécessaire, nous a-t-il répondu, c’est illustré, on regarde les dessins et c’est bon !! »!
Ces observations entraineraient forcément des analyses plus approfondies, néanmoins on se demande jusqu’où et jusque quand cela durera-t-il ? À qui cela profite-t-il à part aux chinois eux-mêmes ?
Ne nous leurrons pas, la Chine, superpuissance sur la scène internationale, n’agit à l’étranger que pour renforcer sa propre situation. “Ce qui importe pour la Chine, c’est la Chine”, disait récemment un analyste politique sinologue. Et elle se trouve évidemment en excellente place comme partenaire économique principal de nombreux pays. Au-delà de ce constat, que faire ?
Comme pour tout, à notre niveau, des gestes sont possibles avec une portée plus ou moins restreinte ; le premier pas est sans doute de ne pas être indifférent et ignorant
Alors pour conclure, je reviens à cette période ou en 1970, alors que j’effectuais mon service militaire, un médecin militaire Bulgare ayant le grade de « colonel » , qui nous enseignait les Maladies Transmissibles, nous prévenait en cette période de l’invasion chinoise en ces termes. « Si l’Algérie venait à conclure des marchés avec la chine, Elle verra peut-être des immeubles monter, des routes se faire et même la désertification du Sud, mais l’invasion se fera de façon vertigineuse et votre autorité n’y verra que du feu. Donc surtout pour votre gouvernement, il nous paraît important de veiller à ne pas devenir dépendant de cette grande puissance inévitable »