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HOMMAGE A ABOU KACEM SAADALLAH

ByDjillali C.

Déc 18, 2013

Le célèbre Historien Algérien Abou Kacem SAADALLAH vient de se s’éteindre et a tenu à être enterré dans son village natal , Guemmar. Son collègue, Le Docteur Karim OULDNEBIA, Maître de Conférence à l’Université Djillali LIABES de Sidi-Bel-Abbès, nous a fait parvenir un article-hommage qu’il a tenu à rendre à cet illustre personnage.
BAI se fait un plaisir de le publier

Abou-Kacem Saâdallah était incontestablement le doyen des Historiens algériens. Très connu pour son chef-d’œuvre «La montée du nationalisme Algérien» (en arabe). Traduit en une dizaine de langue, une œuvre accomplie en son genre. En effet, l’ouvrage ne traite pas de l’histoire de la domination française en Algérie, mais de celle de la réaction algérienne à cette domination.
L’absence de travaux sérieux sur le nationalisme algérien dans ce temps, l’approche«déformé et tronquée» des historiens français qui ont pour la plupart écrit et interprété l’histoire d’Algérie et surtout son évolution en tant qu’un membre actif des pays en développement et leader des pays nouvellement indépendants, ont inspiré le projet d’Abou-Kacem Saadallah.
Il était aussi un excellent traducteur, notamment son livre traduit de l’anglais à l’arabe en 1971, l’ouvrage du colonel Churchill, «La vie de l’Emir Abdelkader». Un travail de haute qualité (téléchargeable sur le web). Il s’agit d’un livre qui a aussi été traduit en français par Michel Habbart. Et le livre a eu un grand succès avec plus de neuf éditions.
Ma dernière rencontre avec cet éminent historien remonte au colloque international du 17 février 2011 à Tlemcen, à l’occasion des festivités de «Tlemcen, capitale culturelle islamique ». Ce jour-là, j’ai eu l’occasion de discuter avec lui sur le sujet du rôle de Bachir Ibrahimi à Tlemcen avant et pendant la deuxième guerre mondiale avec de nouveaux documents d’archives à l’appui. Il m’a encouragé à terminer le travail.
Je me rappelle aussi une anecdote. Ce jour-là, Mme la ministre, ministre, Khalida Toumi, l’avait abordé respectueusement sur l’état de sa santé et il lui a répondu: «Bizarrement! Pour arriver à Tlemcen via d’Alger, je viens d’admettre que la voiture (Siyara) est plus rapide que l’avion (Tayara)!».
Sa remarquable thèse de Doctorat (soutenue au Minnesota-USA en 1965) sur le nationalisme algérien a marqué tous les chercheurs en histoire notamment la question de la «genèse» du nationalisme algérien. On peut dire qu’il était l’un des pionniers et l’un des rares avec Mostapha Lachraf à avoir labouré le terrain de l’Histoire culturelle contemporaine de l’Algérie.
Son ouvrage de référence restera incontestablement: l’Histoire culturelle de l’Algérie mais surtout le Nationalisme algérien. Selon sa propre conviction, le nationalisme algérien était d’abord «culturel». Il était né le jour même de l’agression coloniale en 1830 par des réactions culturelles de Hamdan Khoudja et le Cadi Ibn-Annabi et d’autres. Sa «thèse» est donc différente de celle de Mahfoud Kaddache qui soutient l’idée que le nationalisme algérien est d’abord politique, né avec l’Emir Khaled en 1919.
Plusieurs historiens soutiennent d’autres thèses, André Nouschi, Claude Collot, Henri Robert notamment préfèrent s’appuyer sur l’avènement des revendications des notables en 1912. Robert Ageron, lui, insiste sur le mouvement des élus musulmans à partir du XXe siècle.
Les Communistes, eux, sont connus pour leurs thèses qui situent le début du nationalisme algérien avec la naissance de l’étoile nord-africaine en 1925. Pour eux, les notables et l’Émir Khaled n’étaient que des précurseurs«culturels de l’infrastructure». Ainsi la thèse communiste restera fidèle à l’école marxiste qui prime le mouvement sociale du syndicalisme ouvrier et l’atout économique sur les faits politiques et culturels.
L’historien Abou-Kacem Saâdallah a bien évidement construit une place bien méritée parmi les ténors et les grands spécialistes de l’Histoire d’Algérie.
Il est utile aussi de noter qu’il ne s’est jamais aventuré dans l’écriture de l’Histoire de la guerre de libération, d’abord en vrai professionnel, puisqu’il était lui-même acteur! Etant président des étudiants algériens au Caire. Ensuite, vu qu’il connaissait la règle des historiens: éviter au maximum d’écrire l’Histoire qu’après 50 années passées. En laissant le soin aux journalistes et aux mémoires de «tâter» soigneusement le terrain!
Allah Yarhamak «Cheikh Saadalaah», repose en paix.
Karim Ouldennebia  Historien, Maitre de Conférence
à l’Université Djilali Liabes de Sidi Bel-Abbès.

3 thoughts on “HOMMAGE A ABOU KACEM SAADALLAH”
  1. Bonjour si Karim.

    Je vous remercie pour l’hommage rendu à notre historien.
    Mahfoud Keddache et Abou Kacem Saadallah, sont issus de deux écoles différentes dans la pensée et la conception. toutefois les deux hommes n’avaient pas tort, car le nationalisme est d’ordre politico-culturel. Pensez-vous monsieur Karim que notre université peut combler le vide laissé par les deux prestigieuses et humbles personnages ? A méditer.

    1. Bonsoir Si Driss,
      J’ai tenu vraiment à cet hommage. Je remercie Bel-Abbes Infos d’avoir repris l’article. (Qui a été publié dans un quotidien national (Mec 18 déc. 2013).

      Effectivement, c’est une grande perte ; KADDACHE et SAADALLAH.
      Deux hommes « rares » d’une compétence avérée. Deux enseignants universitaires qui ont formé, depuis trois décennies, des milliers d’étudiants qui les ont toujours appréciés, respectés et aimés.
      Donc, a mon avis, il est tout a fait « logique» que la relève existe, il faut tout simplement faire confiance à l’émergence des jeunes qui demeureront l’espoir d’une relève novatrice.

      La présence de ces derniers « à leurs enterrements » est le meilleur des hommages et la plus belle des reconnaissances.
      Merci.

  2. Effectivement, l’Algérie vient de perdre un Historien de renom, Abou Kacem Saadallah « le Cheikh des Historiens » vient de s’éteindre à l’âge de 83 ans… « Il a suivi ses études à la Zitouna (Tunisie) entre 1947 et 1954, où il apprit le saint Coran et les fondements des sciences (religion, langue et fikh), avant de commencer à publier ses écrits dans la revue el-Bassaïr, organe de l’Association des Ouléma musulmans algériens, où il était connu sous le nom de « jeune critique ». Il obtint son diplôme de magister en 1962 au Caire (Egypte) et son doctorat en histoire moderne et contemporaine en 1965 à l’université du Minnesota (USA)…. « …!!!

    Merci, Mr Karim, pour l’hommage que vous avez rendu à un Homme qui a passé la majeure partie de sa vie à étudier, à chercher dans différentes universités, à enseigner et surtout à écrire…. ! Saadallah a contribué remarquablement à préserver la mémoire du peuple algérien.. !

    Et en cette douloureuse occasion, je présente mes condoléances les plus attristées à la famille du défunt, à ses proches, à ses amis et à toute la famille universitaire et intellectuelle….

    Inna Lillahi Wa Inna Ilayhi Raji3oun….

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