Pourquoi travailler, réviser, faire des efforts quand les techniques « vieilles » ou modernes permettent de gagner sans effort et de ruser contre les règles? L’idéologie « dominante » en Algérie est celle de la « Qfaza », la débrouille, qui est devenue l’anti-thèse absolue du travail.
« On ne cherche pas à travailler en Algérie mais à frapper son coup ». Faire des efforts, cela est laissé aux « naïfs ».
Face aux » fuites » évoquées et grossies dans les médias, la ministre de l’Éducation, Nouria Benghrebrit, avait vaguement accusé des gens dans son secteur d’œuvrer à saboter le baccalauréat.
Elle vient de changer de fusil d’épaule après la découverte d’une candidate disposant d’un système de communication satellitaire dissimulé dans son oreille.
La « tricheuse », anonyme, qui a signé un procès-verbal de reconnaissance de fraude est désormais « célèbre » pour son usage peu honnête d’une technologie avancée qui est le fruit d’un travail et d’un savoir.
Elle permet surtout à la ministre de l’Éducation d’y trouver un argument de l’absence de fuite au baccalauréat.
Le « recours à ces techniques sophistiquées démontre qu’il n’y a pas eu de fuite des sujets » a-t-elle indiqué en accusant certains parents d’être impliqués dans ces tentatives de fraudes.
Elle a même évoqué, selon un journal, la mise en place d’appareils de brouillage dans les centres d’examens. Une option lourde qui laisse dubitatifs les observateurs.
Mme Benghrebrit, à l’évidence soulagée d’avoir des preuves que le problème n’est pas « interne » mais « externe » a promis de frapper d’une main de fer la « triche » et les tricheurs.
En réalité, le problème est interne et externe, il est général. C’est comme en politique, la fraude ne se déroule pas nécessairement le jour du scrutin, mais durant toutes les cinq années qui le précédent.
Et tant qu’il y a de l’argent, pourquoi faire des efforts? Le gouvernement ne peut pas demander aux algériens de payer les carburants et l’électricité à un prix approchant du coût réel car sa propre gestion n’est pas exemplaire.
Un problème politique devenu un problème de société
On n’évoque pas la triche au travail -phénomène généralisée et réel- qui se traduit par une productivité au travail basse par rapport aux pays voisins. Pourquoi? Parce que la performance gouvernementale est faible malgré l’aisance financière. Et parce que les « affaires » montrent aussi qu’on triche sur les gros contrats et sur l’octroi des marchés publics.
Pour rester dans le secteur de l’Éducation, la pratique des cours privés par des enseignants qui flemmardent dans le cours « publics » donne aux élèves une illustration parfaite d’une triche banalisée.
À force de décourager l’effort, on a fini par créer le sentiment généralisé que le diplôme est un « droit » et non pas la sanction positive d’un effort validé par une institution.
Mais, il faut le rappeler, gagner par la ruse et la triche n’est pas l’apanage des candidats au baccalauréat, c’est devenu un sport national dans le cadre d’un système qui dévalorise, jusqu’à l’absurde, le travail et l’effort.
C’était pendant longtemps un problème politique lié au système rentier. Mais ce dernier a réussi -une terrible réussite!- à le transformer en un grave problème de société.
Travailler, faire des efforts, les Algériens le font -et souvent bien- à l’étranger. Pas chez eux. Cherchons l’erreur.
Mohamed Saadoune
Dans notre religion le travail est vénéré ( travaillez et votre travail sera apprécié par Allah et les croyants), chez les philosophes, le travail est hissé au stade de la vertu ( Voltaire disait: le travail éloigne de nous trois grands maux, l’ennui le vice et le besoin), dans les nations modernes, il est consacré et les plus aptes au travail sont hissés au sommet et souvent récompensés, dans notre pays malheureusement ceux qui font les efforts dans le travail sont souvent laissés pour compte et les moins bons sont promus, et on l’a vu pratiquement à tous les niveaux ( secteur public, fonction publique), dans le secteur privé, en général propriété privée, sans notion d’ouverture d’actionnariat, l’émergence d’élites managériales et entrepreneuriales n’est souvent pas à l’ordre du jour et l’ascension dans la hiérarchie d’entreprise est plus liée à la servilité qu’aux compétences.