Ceux qui visitent la région frontalière de l’Ouest et notamment la ville de Maghnia, s’étonneraient à coup sûr de la voir ressembler à n’importe quelle ville du Pays, avec ses stations-service quasi-vides. D’aucuns ne comprennent pas, par quel miracle on a pu mettre fin sans préavis et radicalement à tout ce trafic de carburant qui régnait en maître absolu et faisait subir un calvaire infernal au citoyen lambda de Maghnia et alentours. Depuis plus de dix jours, tout passager peut relever à loisir, qu’arrivant déjà à Hammam Boughrara, il n’y a plus ces petits bouchons qui se formaient sur la route, célèbre par ses ralentisseurs particuliers qu’on ne peut traverser qu’en première, si l’on veut préserver la suspension du véhicule, au niveau des deux stations-service. D’habitude enregistrant une chaîne de plus d’un kilomètre dès le matin de bonheur, vous êtes surpris de voir le pompiste somnolant attendant un hypothétique client. Ce même pompiste se pavanait en seigneur, il n’y a pas longtemps et n’hésitait point à racketter les automobilistes et hallabas pour pouvoir les ravitailler au-delà de la norme fixée, à savoir cinq cents dinars. Alors, miracle ? Mesures prises radicales suite à la visite surprise à Maghnia que prête la rumeur publique, au Chef d’État-major de l’ANP, il y a quelques jours, juste incidence de la Loi des finances en augmentant les prix du carburant, ou les deux ? Nul ne le sait ! En tout état de cause, la seule vérité, c’est qu’on constate qu’il n’y a plus de trafic de carburant, donc plus de Hallabas, n’en déplaise à nos voisins, mais au bonheur des honnêtes Maghnaouis qui, pour une fois ne sont plus tenus de perdre parfois plus d’une journée pour pouvoir bénéficier de 500 da de carburant! L’incidence s’est même répercutée sur la circulation avec la diminution drastique des navettes des véhicules des hallabas qui s’approvisionnent pratiquement au niveau de toutes les localités de la Wilaya de Tlemcen et parfois même au niveau des Wilayas limitrophes, Aïn Témouchent et Sidi-Bel-Abbès. Les habitués du trajet Remchi-Maghnia ainsi que ceux de l’autoroute Est-Ouest sur le tronçon Tlemcen-Maghnia sont unanimes pour remarquer la forte diminution du débit de la circulation, ce qui réduit également les risques d’accident.
Cet évènement fort louable s’il vient à se pérenniser, nous interpelle sur certaines politiques appliquées par nos Gouvernants et notamment, celle du soutien des prix. Depuis belle lurette et de l’aveu même de nos Gouvernants, le soutien du prix du sucre ne profite qu’aux industriels de la Pâtisserie et des boissons gazeuses en particulier. Celui de l’huile profite beaucoup plus aux fabricants de «Zlabia» qu’au citoyen démuni. Quant à la Médecine gratuite, il suffit juste de voir à qui profite les prises en charge à l’étranger pour savoir à qui profite le soutien. D’ailleurs même pour une place dans un Hôpital qui est en réalité une antichambre de la mort, il faut soit avoir des interventions, soit payer la «Tchippa » Dans les deux cas, le citoyen démuni en est dépourvu.
Quant au prix du carburant, objet de notre chronique d’aujourd’hui, il est notoirement prouvé qu’il ne profite qu’aux barons de la contrebande et à l’économie du pays voisin.
L’urgence est donc dans le changement dans notre politique où il serait plus judicieux d’appliquer la vérité des prix et assurer une rente supplémentaires aux citoyens démunis dans le cadre d’une politique sociale juste et équitable, à l’image de ce qui se fait dans les pays scandinaves.
D’ici là, on sera peut-être tenté par l’expérience que viennent de dévoiler les Emirats Arabes Unis à l’occasion d’un remaniement ministériel, pour nommer un «Ministre du Bonheur» Le choix s’est porté sur la jeune Ouhoud El Roumi, 22 ans. «Le bonheur n’est pas seulement un vœu pieux dans notre Pays» déclare le Premier Ministre, comme pour justifier cette mesure originale.
Même si le lointain petit Royaume de l’Himalaya, le Bouthan fut le premier a aborder ce concept en créant le BNB (Bonheur National Brut, par opposition au PNB produit national brut) comme mesure du bonheur non seulement en fonction de la croissance économique, mais en prenant en compte aussi d’autres critères ; la sauvegarde de la culture, de l’environnement, le bien-être psychologique des individus et la bonne gouvernance, l’initiative du Petit Emirat risque de faire des émules.
L’Algérie saura-t-elle en être un, avec un Ministre dont les missions essentielles et urgentes pourraient être : revenir à la vérité des prix, redynamiser la culture, mettre fins aux interdits préconisés par le bigotisme, …. La liste serait longue….
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