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SIDI-BEL-ABBES-VILLE : Faut-il tenir compte de la date du 05 janvier 1849 ?

ByAL MECHERFI

Jan 2, 2017

Le passé ne demande pas à être oublié, mais compris. C’est pourquoi, le travail de l’histoire vise beaucoup plus à comprendre qu’à expliquer. Il faut donc, se donner un regard libre sur le passé comme condition pour écrire notre propre histoire.

Commençons d’abord par, que signifie « faut-il » ? Ce verbe falloir a deux sens, il peut se rapporter à la nécessité logique d’une réécriture de notre histoire ou bien prendre en considération la morale collective. Autrement dit, la relation dialectique entre l’histoire et la mémoire.
Cette formulation du sujet par « Faut-il ? » Est donc à la fois question de sujet (Histoire), de liberté (Mémoire) et d’historiographie (Méthode). Il faudrait se faire une idée précise que la difficulté du sujet tient à l’articulation de ces trois différentes notions. Par note aussi, il faudrait, prendre garde à envisager le passé et l’avenir par rapport au présent, puisque les trois dimensions temporelles sont indissociables.

Dans notre sujet du jour, nous devons nous centrer sur la nécessité logique et nous demander ce que nous devons faire, pour être nous-mêmes. Parce qu’il s’agit de nous. C’est à dire notre propre histoire. Le premier jeudi de la nouvelle année, est une date à laquelle un événement est survenu, il y’a tout juste 168 ans. C’était le Vendredi 5 Janvier 1849. Une « époque », ou la France cherchait encore un système politique stable et durable.
Habituellement, on tient compte d’une date d’anniversaire ou d’une manière globale d’un événement, mais là, il s’agit d’un décret de fondation d’une ville. En effet, à cette date précise l’état colonial Français en Algérie décrète la fondation de la ville de Sidi-Bel-Abbès. Ce document d’histoire, fut signé par le jeune Luis Napoléon III (41 ans).
Le 5 janvier 1849, le Décret présidentiel est proclamé. Cependant, avant d’en arriver là, il est évident que beaucoup d’événements se sont passés dans la région. La chronologie et la géographie de la région nous donne presque toutes les réponses au sujet de la proclamation de ce décret. La stratégie militaire coloniale, la Mekerra, les Béni-Ameur, les bivouacs du général Lamoricière, la redoute, la commission, la création de la subdivision en 1846, la légion, la Koubba, le Marabout, le plan du capitaine Prudhon … et autres faits jusqu’à l’approbation du projet de construction d’une ville, le 10 novembre 1847.

Mais, ce qui nous intéresse le plus dans cette problématisation, c’est, la périodisation de base qui donne à la chronologie de la ville une interprétation historique pensable, La périodisation ordonne le fil rouge, mais trahi aussi souvent la quête obstinée d’un sens de l’histoire qui ne dit pas son nom. Les sources primaires (Villetard, 1860 et Bastide, 1880) attestent, que c’est au mois de janvier 1849, que la première maison, a été construite. Ne l’oublions pas ! Si l’histoire est une suite d’événements, elle signifie aussi l’étude de ces mêmes événements. Revenant donc à notre décret qui stipule:
Article.1-Il est créé à Sidi-Bel-Abbès, dans la position indiquée sur le plan ci-annexé, un centre de population européenne de 2000 à 3000 habitants, qui prendra le nom de ville de Sidi-Bel-Abbès.
Article.2-La circonscription territoriale sera fixée par un arrêté ultérieur.
(Cette circonscription a été fixée à : 16104 ha par un autre décret daté du 26 mars 1852).

Dans cette histoire de Sidi-Bel-Abbès-Ville, il ne s’agit pas de revenir au tout début de l’histoire de la région, mais tout simplement au « commencement » qui est le moment qui constitue le point de départ. Le point mort. C’est-à-dire, le temps « présent du passé » ou la ville n’existait pas. En effet, il y’a un commencement à tout et seul le bon Dieu est sans commencement et sans fin. Sidi-Bel-Abbès, avant cette date n’était pas une ville. Et voilà pourquoi elle est une ville coloniale par « excellence ». Elle n’était pour ainsi dire qu’une simple caserne coloniale ou plutôt qu’un gîté ou camp militaire en temps de guerre. Le questionnement mérite d’être posé. Mais, peut-on considérer, un document officiel et de surcroît imprimé comme le début de l’histoire de cette ville ? Bon, il vrai qu’il existe d’autres documents qui accompagnent cet événement et certifient la fondation de la ville, mais là, il s’agit d’une « date » qui est une formule « officielle écrite » indiquant, le jour, le mois et l’année.

C’est donc plutôt sur l’histoire au sens de réalité historique qu’il faut ici chercher à comprendre. Puisque, c’est toujours à l’historien de trancher car, c’est finalement lui qui écrit l’histoire. Le fait d’évoquer le terme fondation, cela ne veut-il pas dire que la ville n’existait pas encore ! Certes, le toponyme existait déjà. Toutefois, il désignait une garnison ou du moins une redoute. Certains, historiens aisément identifiables, nous expliquaient, il y-a bien longtemps qu’autour de cette caserne : « une ville s’est vite développée! ». C’est-à-dire, place de garnison d’abord et bientôt centre de gouvernement. Une thèse difficilement attaquable, mais, qui n’a pas réellement fait ses preuves, n’étant pas très satisfaisante. Une ville de l’antiquité, n’étant pas une ville du XIXème siècle.
On a déjà vu aussi, le cas ou l’usage d’une carte géographique de la région prétendument datée en 1843, qui «proclame » que la ville de Sidi-Bel-Abbès n’existait pas encore à cette date ! Oui, d’accord, c’est tout à fait évident, mais pourquoi à cette date précise ? On a alors bien pensé à « décaler » la date de la supposée vérité historique. Pourquoi ? On peut trouver un peu provocateur de poser une telle question. En tout cas, la réponse démontre l’objectif et l’intérêt fixé dans cette analyse. Parce que dans cette analyse, nous y trouvons du « sens », non pas en ressassant un passé douloureux ni en espérant y trouver des recettes miracles, mais parce que nous y trouvons l’inspiration et la continuité d’une existence individuelle et collective inscrite dans le temps de notre histoire malheureusement pas encore écrite. C’est comme se poser la question. Pourquoi la nouvelle année commence le 1er Janvier ? Et, on découvre ensuite que l’année n’a pas toujours commencé au premier janvier ! Cet acte de périodisation est au cœur de ce lundi de l’histoire.

En fin de compte, la ville au sens propre. C’est à dire un milieu urbain où se concentre une plus au moins forte population « civil ». Cette ville, a été créée au début de l’année 1849. Et c’est vraiment désolant de lire que la ville de Sidi-Bel-Abbès, a été créée en 1843 ! Le problème est que nous constatons cet anachronisme dans nos livres et surtout plus, dans nos sites officiels.dz. Il était déjà, très difficile de détacher la mémoire de Sidi-Bel-Abbès-Caserne et Sidi-Bel-Abbès-ville que grâce à des sacrifices dans un temps du « passé-présent » colonial, le faut-il encore dans un temps du « présent-passé » ? Il était bien définit que cette ville prendra le nom de Sidi-Bel-Abbès. N’est-ce pas ? Par conséquent, pourquoi lire que son nom était Biscuit-Ville ou Napoléon-Ville ou encore Bel-Abbes ? Pourquoi, exhiber des affiches de cinéma que Fernandel était à Sidi-Bel-Abbès-ville, pourtant, le film nous dévoile qu’un légionnaire dans une caserne ? Pourquoi, dire que Sidi-Bel-Abbès était universelle, tant qu’il ne s’agissait que d’un paquebot qui transportait des marins de différentes nationalités.

L’appellation « Sidi-Bel-Abbès », orthographiée comme telle depuis le 5/1/1849, était devenu de facto une marque déposée dans les documents de l’histoire. Mais, alors, pourquoi, les architectes du Maréchal LYAUTEY, dans leurs guides touristiques sur Marrakech, subtilisent cette graphie correcte d’un toponyme du XIXème siècle qui nous appartient désormais ? Pourtant, l’homonyme du légendaire soufi de Ceuta (Sebta an arabe) était Abou-Abbas Sebti du XIIème siècle! Ne faut-il pas identifier ce qui devrait-être identifiable ? L’identification de l’événement historique est l’acte de l’histoire. Et voilà donc finalement, le fil rouge de notre philosophie de l’histoire car l’histoire, n’est pas une chronologie.

Bonne Année 2017 à toutes et à tous.

Par AL-MECHERFI.K
al-mecherfi@bel-abbes.info