J’ai longtemps hésité à commettre un papier sur un personnage médiatique, surgi dans la scène algérienne et qui se présente comme un chevalier blanc.
Réfractaire aux attaques ad hominem et aux récupérations de tout bord, je ne ciblerai pas l’homme, mais j’interrogerai sa part d’ombre. Ses interventions saturent l’espace médiatique franco-algérien, mêlant matraquage des média-sociaux et mise en scène très « selfie ». Et il serait indécent et politiquement inculte de nier qu’il y a de la curiosité pour le produit, et une forme d’adhésion, surtout lorsqu’il lui sera proposé comme « sparring partners » des personnages usés et faux orfèvres de la langue de bois. Ils le mettront en valeur sur un plateau par le seul fait de leur anachronisme et autisme incapacitant. Son hyper visibilité sur les réseaux et une « notoriété construite » à coup d’éclats et de buzz, feraient penser , en évoquant l’indulgence à un personnage émulant Don Quichotte en phase délirante et au pire à un dangereux inconscient s’étant mis martel en tête de briguer, ni plus ni moins que la magistrature suprême du pays.
La crinière abondante des débuts qui rappelait trop Bernard Henry Levy et les chemises échancrées ont été bannies dans un « relooking made in bled sof ». Le vocabulaire, dans un arabe hésitant, privilégie les mêmes formules, use et abuse des mêmes mots, entre gratitude (le pays, le soleil, les jeunes hamdoulilah, les forces de l’ordre nouchkour bezaf, bezaf) et la victimisation avec une once de menace et d’intimidation.
Le produit est aguerri et formé!
Or, Ya siyadi, vous avez manqué une case. La khourafate de l’homme providentiel a fait long feu.Fuyez la figure du Zorro, Zaïm Za3ma yasselek tout le monde et el chira à la fin du film. Cela n’est pas crédible.Une réplique superbe d’Audiard me revient à l’esprit: « Un con ça ose tout et à cela que l’on le reconnait » . Toutefois le personnage est loin de manquer de neurones et de bagout.Il est ce joueur qui présente moins l’offre alternative d’une offre politique, que la promotion d’une image qui reste…brouillée!
Comme un mauvais joueur de poker, avec des cartes pourries en main (l’achat frauduleux de parrainages d’élus et pour lesquels il a été condamné par la justice française). Il avait tenté un coup de bluff….en se présentant aux élections présidentielles françaises…comme candidat autoproclamé de la diversité qui réussit. Il y gagnera une notoriété qu’il cultivera par la suite, en payant les amendes infligées aux femmes porteuses de burqas dans le seul but de s’attirer la sympathie et la collaboration du réservoir islamiste militant.
Ce qui m’a le plus intrigué, c’est le formatage du produit et la répétition des mêmes éléments de langages qui insistent sur l’action pacifique…en alimentant dans le même temps la suspicion sur l’État algérien et ses représentants. C’est le même personnage qui publia le 27 novembre 2009 un texte très hostile à la Chine, en s’adressant par abus de langage notoire à plus d’ un milliard deux cent de musulmans (sic et resic!). Il distribuera un tract devant l’Ambassade de Chine à Paris, relayant l’action de milliers de maires et d’agents en mission commandée.
L’acmé de ces journées sera l’accueil à la Mairie de Paris du Daïla Lama qui sera fait « Citoyen d’honneur de la ville de Paris. » Voila ce que l’on peut lire sous la plume de Negaz Hna…Negaz Elhih, alors célèbre inconnu au bled.
« Les musulmans Ouïghours et les Tibétains ne sont pas des chiens qu’on assassine sans justice. Et en sa qualité de Président d’une association non gouvernementale, PAIX SANS FRONTIÈRES,( Noud ya el ragad!) abondée par les fonds que l’on sait,il laisse le meilleur pour la fin (la guerre économique contre la Chine) et conclut: « Je lance un appel à tous les citoyens du monde en général, et aux milliard deux de musulmans de la planète pour exiger de la Chine qu’elle annule ses condamnations à mort…à boycotter les contrats produits chinois. Car la force de la Chine, ce sont les produits qu’elle exporte. »
Celui qui reconnaît que sa compagne de vie est une américaine qui s’occupe de sa communication à l’international, donne malgré lui , des éléments qui permettent de le cerner. Faussement compatissant avec un chômeur algérien,il exploitera son désarroi, en faisant un lien direct avec les 40.000 travailleurs chinois exerçant en Algérie. Vieille obsession et qui rappelle la vulgate du Front national qui accuse le travailleur étranger de manger le pain du français.!
Toute personne, ayant en tête le bien de son pays, ne vient pas le déstabiliser, dans un moment critique, avec un agenda qui ne peut plus plaider la bonne foi. Un ministre des Finances allemand (mais il faut comparer ce qui est
comparable!) insistera lourdement sur la clé de voûte de tout programme: « La stabilité n’est pas tout mais elle est en tout ». C’est une lecture assez innovante que celle qui pousserait à voir en ce monsieur , ce qu’il est: un agent de l’endiguement de l’essor économique et militaire de la Chine aux motifs que le pays reste gouverné par le seul système se disant encore communiste. Celui qui s’est présenté comme volontaire et porte-parole au Xinjiang, province chinoise pour soutenir l’insurrection islamiste contre le pouvoir, sera curieusement muet sur la question
palestinienne, étrangement silencieux.
Celui qui se dit riche et rentier, avec des biens immobiliers dans divers pays, devrait s’appliquer la transparence qu’il exige des autres. Fomenter des troubles et des insurrections au Tibet et au Xijian, passe évidemment par l’enrôlement des thèses recyclables de droit de l’hommisme et du droit d’ingérence.Et à défaut de la copie de ce programme, il faut en retrouver l’original chez Levy et Kouchner. Ce dernier, bien avant Negaz Hna…Negaz Elhih voyait le scène politique algérienne déblayée avec la « disparation biologique » de sa classe politique. Propos qui lui valurent d’être non grata en Algérie et qui entraînèrent son limogeage du Ministère des Affaires Étrangères après « bronca » de ses collaborateurs qui ont dénoncé un démantèlement systématique de la politique gaullienne favorable aux régimes arabes.
Nous n’avons jamais vu les amis de monsieur, avec qui défilait en criant que le Tibet « était une cause universelle », le faire au nom des mêmes principes, et les brandir pour crier que « La Palestine est une cause universelle. » Question sans réponse évidemment: Peut-être, est-il temps, juste de rappeler que les Chinois; adossés
à une culture millénaire savent s’inscrire dans la durée alors que les gens pressés sont l’œil rivé sur les places boursières et les futures élections.Et les coups à monter!
Être coopté comme agent d’endiguement de la stratégie de puissance chinoise, ne prédispose pas forcément à s’acclimater au terreau algérien. Il y aura peut-être ces paroles du penseur Howard T Odum à méditer: « La nourriture, le logement, les vêtements, les combustibles, les minéraux, les forêts, l’information…ce sont des vraies richesses. L’argent papier en soi, ne l’est pas. »
A l’évidence, l’essor de la Chine et ses efforts pour contrôler terres, richesses et pétrole sont de mauvaises nouvelles pourl’Occident, jadis maître du jeu, des cartes …et des horloges ‘politiques’.
AL-HANIF