20e anniversaire de la mort du Moudjahid Mohamed Tayebi Larbi : fidélité et convictions
20 ans, jour pour jour, se sont écoulés depuis la mort du moudjahid Mohamed Tayebi Larbi.
Digne fils des Mehadjas, une tribu fortement réputée pour son conservatisme et son attachement aux valeurs de solidarité et d’union, Si Larbi, ce nom de guerre qu’il a choisi comme pour afficher son authenticité, a marqué de son empreinte son passage et laissé des souvenirs parfois interrogatifs au vu de sa discrétion et de son silence pesant depuis son retrait de la vie politique. Aucun avis, aucune déclaration, aucune position, l’obligation de réserve qui était de mise ne résumait pas toute la force de caractère de cet homme qui a préféré quelque part laisser le soin au temps de faire la décantation et à l’histoire de juger. La manière fut forte également de mettre l’intérêt du pays au- dessus de toute considération personnelle. Souvent sollicité par des proches, devenus rares d’ailleurs par la suite, pour une quelconque impression sur une actualité nationale, il déclina l’offre avec subtilité et finesse pour répliquer avec une voix basse par cette formule lourde de sens : « Ya h’bibi khayi, hadi bladkoum »…
Issu d’un milieu rural aux environs de la région de Mostefa Ben-Brahim, Mohamed Tayebi Belhadj a vitement quitté son paysage naturel pour s’installer à Sidi Bel-Abbès et se familiariser avec son décor, particulièrement le quartier populaire El Graba, côtoyant de vieux militants pour devenir par la force des choses un élément actif dans le mouvement nationaliste. Militant du PPA-MTLD, il se déploya comme il se doit pour constituer un groupe aux côtés des Nedjadi, Guerrouache, Amir Benaissa et autres, et mener des actions de sensibilisation avant de rejoindre l’OS et le maquis par la suite. Grace à sa clairvoyance, il devint le chef de la zone 5, wilaya 5. Ses compagnons se rappellent toujours de l’engagement et de la foi de l’homme qui avait appris dès son jeune âge le Coran.
Au lendemain de l’indépendance, et après une élection à la première APN, il assuma de nombreuses responsabilités politiques : ambassadeur à Cuba et au Brésil, Directeur général de la Sûreté nationale et puis membre du Conseil de la révolution en ayant à charge le ministère de l’Agriculture et de la Réforme agraire. À peine une année après la mort du Président Houari Boumediène, il quitta la scène politique et se consacra à sa propre famille.
Dans l’isolement parfois, il médita longtemps sur l’évolution de la situation, se limitant toutefois à l’observation des contextes et des conjonctures. Il déclina poliment toutes les invitations qui lui étaient envoyées à l’occasion de manifestations historiques ou autres, préférant se concentrer sur la lecture et le Coran. A la suite d’une longue maladie, il tire sa révérence un certain 6 novembre de l’année 1997 à l’âge de 79 ans. Il partira cependant avec ses secrets, ne laissant a priori aucune trace pour enrichir une histoire. Une histoire dont il a été pourtant un des acteurs.
Après plus d’une cinquante d’années de militantisme et de lutte, l’homme s’est retiré sur la pointe des pieds avec seulement la satisfaction du devoir accompli et de la responsabilité exercée, tout en assumant le choix décidé au nom de la révolution par des compagnons patriotes, nationalistes et sincères… L’histoire retiendra…
A. Bellaha (PUBLIÉ PAR EL MOUDJAHID DU 06-11-2017)